İpanadrega

jeudi 19 septembre 2024

Sur une table, des ouvrages imprimés ; des récits abandonnés au-dedans…
(de ce qui a été entendu, reçu ou vu et gardé en mémoire sous cette forme)

  • Voilà ! tout est donné !
  • Ah bon, merci, c’est quoi ?
  • Un pense-bête, pour ne pas oublier…
  • Oublier quoi ?
  • D’où l’on vient…
    • (comme s’il fallait une réponse)
  • Et où va-t-on ?
  • Non, de ça, on n’en sait rien. Au bout, il n’y a rien que l’on sache vraiment…
  • C’est épais !
    • (plus de 4100 pages)
  • Oui, tenter de retourner aux sources a donné beaucoup de soucis. Il fallait entendre le résultat de toutes les mélodies, celles que l’on entend au creux d’une forêt, par exemple…
  • Pourquoi tant de pages ?
  • Ce sont des notes imparfaites (sans âge), au fil du temps, laissées à peine relues souvent, il y a sûrement beaucoup de répétitions (et des variations)… De l’étude, établir la somme de toute une vie, du vivant, de son envol et ses ressacs, la manière de se souvenir… remonter aux sources… voir comment nous sommes devenus des êtres de maigres mémoires, ou si peu…
    • (le pourquoi de cette mémoire vacillante, une archive au dehors de soi)
  • Alors ! Faut-il corriger toutes les erreurs, les fautes de syntaxe, est-ce nécessaire ? Nous n’en avons pas les moyens, ni le temps, ni l’énergie… Nous n’en éprouvons d’ailleurs pas la nécessité, et puis ce n’est plus notre rôle maintenant, ces récits ne nous appartiennent pas, ils n’appartiennent à personne, ils sont à tout le monde…
  • « cadeau d’la vie, à c’qu’on m’dit au creux d’la tête, y’a des invisibles (particules ? microbes ?) qui ont inspiré cette façon, alors vivant parmi les vivants, j’obéis, y’a surement quelques gènes capricieux la d’sous ! »
  • Laissons à d’autres s’ils en estiment la nécessité, d’améliorer ou de mettre au propre ces racontements. Tout est donné, et cela déroute certains (apparemment), cette idée d’une non-appartenance ? Comme c’est drôle…
  • Ce serait de la mémoire d’où l’on vient, ajoutée à d’autres ?
  • C’est ça ! On vient de si loin, d’un espace où il n’y avait pas de temps pour s’asseoir et rêver un peu…
    • (pensez-donc, 3,8 milliards d’ans au compteur, sans tenir compte des préalables qu’il y eut avant)
  • Comment pouvons-nous nous souvenir de nos premières divisions (cellulaires), ces instants où nous nous sommes différenciés et puis éloignés les uns des autres ?
  • Oh ! Et puis, beaucoup de bla-bla… expressions de vivants pour combler les absences et les regrets aussi, des petits détails où l’on y trouva de l’essentiel. Ce sont des récits bruts à peine corrigés, disais-je, issus de ces paroles instinctives, spontanées, principalement de ce qui vient en tête sans réfléchir, comme ajoutés dans la cervelle de ceux qui les expriment, du vivant en nous (pas de parole divine, oh non, certainement pas). Tout est donné, s’en occupera, lira, qui voudra, ou les abandonnera…
  • Que dire encore ?
  • Des récits ? Eh bien, du souvenir et des traces laissées par les vivants, la plupart indescriptibles, il faudrait savoir lire entre les lignes, de l’affect, des relents, de quoi ne pas plaire à bien des humains ; d’ailleurs, ils ne sont pas à leur gloire, ni de leurs idoles ni des choses sacrées de leurs Arts (des objets du moment, tout au plus, de la souvenance et tout ce qui va avec…) ; c’est peut-être pour ça que ces écritures les ennuient, le manque de pub, de fanfaronnades, d’égos à la gloire de quelqu’un, on ne sait… de la médiocrité peut-être, un peu de tout ça certainement, on ne sait…
    Évidemment, cela questionne notre place parmi les vivants : pourquoi donc beaucoup d’entre nous, de notre espèce, se considèrent-ils au-dessus de la mêlée, comme des êtres supérieurs à tous les vivants ? Ce leurre est tenace, il aveugle ! Qui peut prétendre à la perfection ? Moi, évidemment… Nann, j’déconne ! Ça aussi, ça fait partie du décor, l’ironie, cette plaisanterie, un rempart contre notre folie… Toutes ces réflexions-là sont exprimées au creux des récits, et encore bla bla bla, etc., etc.
  • (On a ce genre de réflexion, de passe-temps, d’occupation, quand on vit dans des pays, des régions, où l’on ne crève pas de faim, où survivre est facile. Alors oui, dans ces conditions, on trouve le moment de se poser des questions, comme de dépasser l’interrogation sur sa situation matérielle et de voir plus loin que la survie de soi…)
  • Ils sont laissés encore un temps, ces récits, à cet endroit, dans la mémoire de serveurs électronisés loués pour l’usage, ajoutant une dépense d’énergie nécessaire à leur maintien ; évidemment, un jour viendra où ils seront effacés, un sort voué à l’oubli, commun à toutes les traces que l’on délaisse…
     

Au loin, un scribe anonyme peu à peu s’en va, s’estompe, et disparait…


Étonnements…

en préalable à tout le reste…

[ les narrations ]

[ chronologie ]

post-scriptum

à propos…

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