(texte (??) – 26 juin 2016 à 20h31)

—> 1. « İl », intermède… : 38. [İ v é] voyage incertain d’un ermite brahmane

(récit original)

voyages incertains d’un ermite brahmadi (ou brahmane)

Un homme de peu cherchait un ermitage où conduire sa quête austère de l’errance et des solitudes, pour accomplir ce que réclamait son corps, devenir plus maigre encore.
C’est par mégarde qu’il approcha près du fleuve desséché, le gîte de quelques-uns, égarés comme lui, dans ce désert sans fin et comme il avait faim, ils lui donnèrent de quoi survivre. Lui ne parlait pas, ou très peu, la parole devenait son méprisable fardeau, à n’user que dans des nécessités inévitables. L’ermite savait pourtant écrire et laissa à qui voulait bien le lire, le fruit de ses pensées, sur de vieux parchemins ; il y décrivait sa passion du silence et avait ajouté des réflexions sur cette peuplade qui l’a médusé.
Le mendiant sort un papier usagé et en commence sa lecture.

« Homme vois-tu quand je fus épuisé de tant marcher, la nuit m’obligea à me reposer près d’une eau presque desséchée. Des ramasseurs de coques m’ont débusqué au levé, à l’aube, j’ai salué leur venue, puis guidé jusqu’à leur abritance, j’ai bu et restauré ma carcasse de mangeailles de leur convenance. Les habitants du lieu étaient très curieux de moi et je n’ai su répondre à leurs mille questionnements. Je leur dis alors mon abstinence et la recherche d’un ermitage, et ma fatigue, ne sachant quoi dire de plus à mon endroit, si décevant qu’il fût, ils m’ont laissé un peu de silence. Au matin, les enfants sont venus me donner le bonjour et puis ont crié “raconte-nous ton histoire ; de ton histoire, amuse-nous ; oui dit nous ce qu’il y a dans ta mémoire” et leurs rires joyeux me donna à pleurer, moi qui ne voulais plus parler, j’en suis effrayé… À mon secours, un homme du lieu, un adulte, d’un geste paternel, fit fuir les enfants, c’était apaisant. “Ah monsieur ! Je te dirais que je ne peux rester, j’ai choisi de me taire et vous voulez trop de paroles, je ne suis plus à mon affaire” ; le pater lui répondit “et bien qu’il se taise ! Si tu peux écrire, ce serait bien” ; mais l’ermite désirait silence et solitude, cela ne se pouvait, pas ainsi. »