(parole en marchant – 6 mai 2019 à 16h10)
(découpé en deux parties)
—> 1. « İl », prolegomena, studium : 25. l’idée de devenir comédien (aparté)
—> 1. « İl », peregrinatio, peregrinari : 53. histoire du mouvement, du voyage, (où l’on parle du voyage et des altérités rencontrées…)
—> voir si le récit ne décale pas trop le sujet en sa deuxième partie ?
(récit original) (brute, dialogue à détacher)
Hé, quand donc lui vint cette idée de devenir comédien ? Oh ! je ne sais plus très bien, mais ce qu’il a compris, ce qu’il sait dorénavant après maintes expériences dans cette existence-là, c’est qu’il était un peu comédien tout de même ; pourtant, il me relata cette expérience : un jour, il y a déjà un certain temps, après l’exécution d’un travail qu’il eut à accomplir pour quelqu’un, celui-ci (ce dernier) prétexta maints propos (fallacieux), rechigna quant aux paiements de ce travail, de ce qu’il était convenu (auparavant). Tout ça pour économiser quelques sous, pour ne pas avoir à payer, rien du tout, ou une partie de ce qu’il lui était demandé, malgré l’accord qui avait été convenu au début ; voyant qu’il n’avait aucune envie d’user de menaces (envers ce mauvais payeur), de lui mettre le couteau sous la gorge en prétendant vouloir l’égorger s’il ne payait pas ; il usa d’un autre stratagème qui lui plaisait mieux, c’était de se fondre en larmes devant lui, de s’humilier de la sorte pour l’attendrir et lui faire cracher le morceau, ce que ce dernier fit d’ailleurs il lui paya, ému de cet être ainsi humilié et « content », satisfait de cette humiliation, elle valait son prix et il (le margoulin) lui paya la note sans de plus amples rechignements, il s’estimait avoir gagné (avec cette pingrerie méprisante) ; et quant à lui, il fut payé de son dû inespéré, que cela… n’ayant plus à visiter cette personne-là (un profiteur de mauvaise foi) (des oiseaux apportent au dit, un art de la nuance, dans leurs mélodies). C’est là qu’il comprit qu’il n’était pas si mauvais comédien et que dans la vraie vie, on pouvait user de ce stratagème en s’humiliant un peu pour arriver à ses fins ; il n’avait donc aucune estime de lui-même, son ego n’était pas flatté, il était (sa virilité était) amoindri ; cela ne le dérangeait pas, nullement ! il voyait bien que les humains sont facilement corruptibles (faciles à abuser), il suffit d’y mettre le prix, dans la manière de les emberlificoter ; et quand celui qui ne voulait pas payer, se mit à payer quand même, parce qu’on l’avait attendri, ému, il comprit tout aussitôt que, quel qu’il fût, un humain, ça s’apitoie ! il suffit d’y mettre les moyens, il suffit d’un certain talent, et ce talent-là, il l’avait bien, il savait jouer de cela. Mais (après m’avoir raconté cette histoire), tout aussitôt (de suite) après, il se permit de m’ajouter cette remarque, que ce jeu-là, justement, n’était pas à appliquer tout le temps, à (envers) quiconque, à tout prix, envers quiconque pour ou contre ; c’était fatigant de ne pas être soi-même, car il fallait inventer plus que de raison, tout le temps. C’est épuisant de jouer ce que l’on ne sait pas être (vivre, exprimer) en permanence, il faut changer de personnalité, faire comme le comédien (justement) ; l’artiste, dans les comédies qu’il doit jouer, il sait qu’il ne les joue qu’un temps, le temps du spectacle ; de jouer cette arnaque-là, ce simulacre-là, tout le temps, est usant, même le comédien s’use (souvent plus que raison s’il a du talent) à ne pas être lui, à s’inspirer d’un autre que lui. Il doit rechercher au fond de lui-même, la substance de ce que l’être qu’il doit exprimer, devrait avoir, y trouver une inspiration où il exulte dans cette représentation. Et ça ! c’est usant, surtout quand vous êtes devant un public dans un théâtre quelconque et qu’il faut être talentueux pour pouvoir perdurer dans cet art-là, suffisamment pour en vivre, si nécessaire ; si vous n’avez pas le talent adéquat, il est bien certain que vous devrez trouver un autre métier pour subsister dans cette société des hommes. Quant à la personne dont nous parlons dans cette histoire, elle le savait très bien, il n’avait pas ce talent-là du comédien. Elle pouvait en user parfois et berner quiconque, s’il le fallait, pour survivre, seulement pour survivre, et d’être rémunéré de son dû, quelque part, seulement pour cela. Pour les autres cas de figure, il n’usait pas de cet artifice, cela le fatiguait trop ; ne pas trop s’y laisser prendre au jeu, il le savait bien ; dans toutes les comédies qu’il eut à jouer, il n’en était pas fier au bout du compte, il se prenait trop pour ce qu’il n’était pas, et comme à son habitude… et comme à son habitude, ne sachant trouver le juste équilibre, soit il en faisait trop peu, ce qui était rare finalement, soit il en faisait bien de trop, ce qui était courant dans son cas, et il en faisait tellement trop qu’on le traita comme il faut, d’un (d’être un) usurpateur de quelques droits, qu’il se permettait d’user de cette comédie auquel, non pas qu’il n’y eût pas droit, mais que ce n’était pas toujours à propos, du bon à propos, du bon choix qu’il devait (atteindre) au moment où il l’exprimait ; il devait en user avec parcimonie, faire attention à ce qu’il dit, et toujours au bout du compte, de ne plus être soi-même.
Soyez trop vous-même et l’on vous maudira aussi, car vous serez honnêtes avec vous-même ; si vous rencontrez celui qui n’a pas la même perception de (que) vous, de la vie, il y aura un conflit, d’autant plus que celui qui sera en face de vous sera passionné, intégriste d’une pensée quelconque, cela fera comme des éclairs autour de vous ; l’un pensant d’une manière, l’autre d’une autre, aucun accord ne se peut, dans ces cas-là (si chacun n’accepte pas réciproquement le compromis) ; c’est là tout le souci d’une humanité qui, dans sa grande diversité occupe des espaces très variés et que l’adaptation de chacun à son milieu, le transforme, le modèle d’une manière pas forcément reproductible dans d’autres milieux, dans d’autres endroits ; et dans les voyages qu’il eut à faire, il le comprit bien vite…
Suite :
—> 1. « İl », peregrinatio, peregrinari : 53. histoire du mouvement, du voyage
Si je veux penser comme l’habitant du… l’endroit où je vais, il me faut tout un apprentissage, tout un savoir que je n’ai pas, à acquérir ; et pareil pour celui qui me visite, il faut qu’il acquière tous les processus de ma pensée, de ma perception du monde, qui n’est pas le sien (la sienne) ; eh, de la même naissent les conflits, car chacun appréhende le monde à sa manière, et n’arrive pas à accepter une perception autre que la sienne, du moins en a difficilement la capacité, l’espèce (l’animale que nous sommes) n’étend pas habituée à de pareils changements. Toutefois, aujourd’hui où les voyages sont prépondérants, facilités par les machineries de tous ordres, volantes roulantes et navigantes, les habitudes mettent du temps à évoluer, et chacun n’y est pas prêt (l’oiseau se mêle au monologue), se renfrogne, ce repli sur soi, a peur de celui différent de soi, reproduit exactement l’inverse de ce qu’il faudrait, accepter la différence et la mariée avec soi ; il s’en écarte, la refuse, la rejette et reproduit ce schéma de la peur insidieuse, sourde, au fond de soi, où chacun a peur de perdre une partie de soi ; alors qu’absorber de l’autre, sa différence, la considérer comme une richesse et non comme une perte, cette conception-là est loin d’être réalisée, et nous mène dans des embarras systématiques où l’espèce que nous représentons se trouve (s’égare) dans des situations qu’elle a du mal à absorber.
Le voyage, oui, certes nous y sommes habitués depuis la nuit des temps. Mais à ce rythme si accéléré (aujourd’hui), cela est très difficile. Il est temps… il nécessite une acclimatation à chaque étape du voyage. Auparavant, elle mettait (des décennies), des siècles, des millénaires. Aujourd’hui, il faut vous adapter aux mœurs du pays que vous visitez, (migration) contraint ou non, vous devrez vous adapter tout de suite, créant ainsi des ruptures trop grandes, de ces conflits internes, qu’un seul être n’arrive pas à résorber sans une assistance de quelques esprits de bonne volonté consciente de ce problème. Les rites de chacun sont d’autant plus exacerbés (dès) qu’ils expriment des religiosités extrêmes, qui n’acceptent pas la différence de l’autre (l’oiseau paraphrase ce racontement et ajoute des « virgules »), vous amènent des êtres à des extrémismes insupportables ; et l’insupportable est (persiste autant) pour celui qui le subit, comme (pour) celui qui l’exprime, il y a une perte de raison, il y a des crimes, des meurtres, des assassinats, une violence sans lendemain, un désespoir au bout du compte, un tourment qui ne se résorbe pas ! (le grillon ajoute) :) « C’est pas très compliqué, un être humain, c’est pas très compliqué… » En allant au plus profond de ce que nous sommes [celui qui résonne] en dehors des mœurs de chacun, vous voyez bien que nos réflexes sont identiques, quel que soit l’endroit où vous êtes ; les mécanismes qui vous régissent, obéissent aux mêmes contraintes, aux mêmes règles internes, au même conditionnement d’un plan de fabrique initiale, qui implique des sortes d’algorithmes [méthodes] de fonctionnement qui ne se résorbe pas correctement. L’adaptabilité qui nous est demandée est trop vive, trop subite, trop immédiate, l’esprit ne peut changer ni s’habituer à des changements aussi brutaux, alors naissent tous les conflits que l’on voit aujourd’hui ; conflits qui ont toujours existé, mais étaient lancinants, dilués au fil du temps, ils ont toujours existé ; de les raccourcir ces événements du déplacement, fait qu’il les exacerbe ces ressentiments, et vous voilà, à devoir combattre perpétuellement, vos habitudes confrontées aux habitudes des autres où votre visage, votre couleur de peau, votre habillement, votre mode de déplacement, votre mode de mangement, n’est pas le même ! L’adaptabilité de chacun est exprimée comme une lanterne vive qui s’illumine au-devant de vous, qui vous dit très crûment « adapte-toi ou crève ! » Voilà le fardeau de ceux qui migrent avec ou sans volonté, de le vouloir absolument, par [la] nécessité unique [uniquement] de survivre.
Je ne sais plus pourquoi j’en vins à parler de tout cela. Peut-être m’y avez-vous poussé, m’y avez-vous contraint, je ne sais si c’est une clairvoyance de quoi que ce soit, quoi que m’en dise l’oiseau qui chante autour de moi. Oui je sais, les oiseaux sont de bons conseils [malgré tout] pour qui sait les écouter, ce n’est pas parce qu’ils ont une courte vie qu’ils en seront plus bêtes que vous ; d’avoir une courte vie, vous oblige à exécuter ce pour quoi l’on naît, d’une manière plus immédiate en faisant [attention pour faire le] moins d’erreurs [possibles]. L’allongement de nos vies, nous pousse à nous tromper souvent, à nous égarer souvent, l’oiseau, lui, qui (ne) vie que quelques années, n’a pas le temps ! Il n’en a pas le temps, il doit exécuter ce pour quoi il a été fait sans rechigner [l’oiseau cri, chante expressément à travers ma voix], son changement, c’est pareil, s’il doit changer d’habitat, c’est au fil des ans, au fil des siècles, que son espèce s’adaptera au fil des décennies, que son espèce s’adaptera pour ne pas crever, elle aussi, nous sommes tous unis aux mêmes lois, aux mêmes règles, aux mêmes bourdonnements de vie ; dans ce marasme, chacun doit y trouver ce qu’il peut pour survivre, certains y arrivent mieux que d’autres, mais au bout du compte, nous représentons chacun de nous, chacun de tous, une expérimentation en cours, j’y reviens encore [l’oiseau pointe d’un chant, ce fait, élégamment]. La vie a besoin d’explorer pour comprendre ce qu’elle est, semble-t-il, comprendre ce pour quoi je m’agite, pourquoi je bouge, pourquoi je pousse, m’enracine et fais des fruits, pour me reproduire, pourquoi je me déplace tant d’un continent à l’autre, pourquoi je m’affaire tant à un business bizarre, où je me rémunère plus ou moins ouvertement de sommes indécentes pour mon contentement… De ce sens exacerbé de la finance [justement], certains s’y perdent, des richesses immenses se fait [font] au détriment d’autres qui en crèvent, entraînant des déséquilibres totalement artificiels, quelque part, mais, pourtant [venant] du vivant [en nous] tout de même, car nous ne sommes pas en dehors du milieu où nous habitons, j’y reviens encore ! cette question lancinante, ce questionnement lancinant. La pauvreté d’esprit, et la pauvreté d’homme, n’est pas que dans ceux qui sont les plus démunis, le dénuement suprême implique certes, de trouver chaque jour de quoi manger à sa faim, mais vous amène aussi à considérer la vie d’une manière pratique, simpliste, et surtout à un niveau profond de perception de ce qui est « juste » et de ce qui est « injuste » ; l’être le plus démuni saura bien plus que d’autres, ce qui est juste et injuste, alors que celui enfriqué de tout, vivant dans un confort absolument indécent, a perdu cette notion de ce qui est juste et de ce qui est injuste, il ne sait plus ! d’autant plus s’il est né, comme l’on dit, « avec une cuillère en argent dans la bouche », il n’en sait vraiment rien du tout, ne comprend pas ce qu’est la pauvreté et se gratifie (copieusement) d’être « bien né » dans un milieu où il n’est pas en train de crever de faim, et tente, dans cette frayeur qu’on lui montre, [celle] de l’affamé, il tente de préserver son milieu, afin de ne pas crever de faim lui aussi. Et comme il a tous les moyens, cette tentative exacerbée de se préserver, atteint des sommets comme je disais tout à l’heure, indécent ! Il n’y a plus de frein, la richesse, bien que fictive, atteint des sommets irréalistes [une matérialité de choses accaparées] en dehors des réalités [et des nécessités d’une vie raisonnables], cela ne veut plus rien dire ; [l’oiseau me dit d’ajouter] qu’il est dix milliards [d’une monnaie] de plus ou de moins, cela n’y changera rien, à ce niveau-là, il restera tout aussi riche, et au-delà de la quête d’une quelconque faim, alors que pour le plus démuni un centime ou deux, ajoute à sa faim, [pour] lui, la différence se voir dans le remplissage de son ventre ; et si nous faisions la moyenne, c’est facile à faire, pour que tous puissent se nourrir au plus juste ressentir, à sa plus juste faim, sans aucun excès de quoi que ce soit, du bon équilibre qu’il faut sans cesse maintenir, car il s’exprime à travers mille contraires qui veulent le pousser d’un extrême à l’autre, l’embonpoint ou la maigreur extrême ? La juste mesure (à toute chose) mêlée d’un bon sens, ce devrait être des valeurs, des perceptions à enseigner à tous les âges ; de savoir compter [sur sa propre débrouillardise] pour se prémunir pour sa survie, doit se maintenir dans un équilibre où l’on comprenne l’autre et qu’on attache pas une importance si grande, quand on n’en a un peu les moyens, à la monnaie, aux sous [sous sous] [qui ne sont que des artifices d’un système artificiel imposé peu à peu au fil des siècles, par une classe dominante, au détriment du plus faible, du plus démunie]…
Voilà, le silence survient, je ne trouve plus rien d’autre à dire, c’est comme cela que cela survient, « le rien à dire » maintenant ! De ne plus rien avoir à dire, c’est marrant, marrant…