(parole entre deux sommeils – 13 oct. 2019 à 01h26)

—> les fondements du vivant, dialogue imparfait

Ah ! Dans quoi suis-je entré… pouvez me le dire ?
(il remue la machine enregistreuse, bruit agaçant !)
Vous avez fini de toucher à la machine ?
Pourquoi, vous venez de me mettre cette pensée au creux de moi ? Encore une illusion, que vous voulez y mettre, me faire croire à des choses ?
Non ! Seulement, nous voulons te montrer quelque chose que tu oublieras aussitôt après l’avoir entendu au creux de ta propre voix, quelque chose de sous-jacent que tu ressentiras, tu ne sauras même pas si les mots employés suffiront, ils sont tellement imparfaits quand il s’agit de décrire ce que tu verras (perçois)…
Et je verrai (percevrai) quoi ?
Tu vas percevoir pendant un instant tous les fondements du processus que vous appelez le vivant ; le pourquoi du comment de la chose, nous tentons cette expérience à (avec) toi comme à d’autres, pour voir comment ça fait. C’est une manie que nous avons, de vous expérimenter.
Eh, vous êtes qui ?
Nous sommes le processus qui t’anime, qui te fait penser et dire ce que tu dis ! (Quand nous disons) « nous » représente le processus, il n’est pas un être en lui-même, il est le principe même de ce que tu es, de ce qui te fait fonctionner, la clé essentielle dont vous ne trouverez véritablement… jamais la véritable provenance…
(un bruit ! Puis le bougé de la machine enregistreuse qu’il effectue pour vérifier son bon fonctionnement).
Que se passe-t-il ? Que se passe…
Quelque chose vient de changer ?
Quelque chose vient de changer, que se passe-t-il ? C’est quoi ce rougeoiement ?
Le rougeoiement ? Mais c’est la petite lumière de la machine enregistreuse, pourquoi tu t’alarmes ? Tu le savais pourtant, que quand elle enregistre une petite lumière rouge s’allume ! Ce processus te perturbe ?
Nan ! C’est qu’elle clignote par moments !
Oui ! Quand ta voix est un peu forte, elle indique une saturation… mais nous nous écartons du sujet. Tu vois ? Quand on l’aborde, on tente de l’éviter, qu’as-tu ?
Je n’en sais plus rien ?
Tu veux que l’on recommence, que l’on te montre… la réalité des choses de ton existence, à toi, comme aux autres ; cela ne dure qu’un instant, il est très bref  ! Mais il est le principe essentiel de tout ce qui existe ici dans ce monde !
(Il exprime une moue circonspecte)
Oh ! Le monde qui t’anime sur cette planète, et partout ailleurs !
Cela obéit aux mêmes règles…
Cette lumière rouge me gêne, elle m’empêche de voir dans le noir ?
Alors, tourne (retourne) la machine, masque la lumière, fais quelque chose !
(il la fait pivoter pour ne plus voir le point rouge)
Voilà !
Est-ce mieux ainsi ?
Un peu mieux ! Alors que devrais-je voir, que devrais-je comprendre ? Le principe qui m’anime ? Et puis quoi encore ? En quoi cela va me faire avancer dans ce qui me reste à vivre ?
Eh ! Pour que tu l’écrives, ballot ! Pour que tu le mentionnes !
Mais si je ne m’en souviens plus, c’est idiot ce que vous venez de dire !
Tu n’as pas compris, laisses parler ton imagination…
Mais puisque mon imagination, elle vient de ce principe même qui m’anime (il s’interroge et cette pensée l’illumine) ?
Oui ? Tu viens de comprendre, tu parles de toi ! Mais toi ou les autres c’est pareil, il existe des barrières qui font que la sonorité que tu es en train d’émettre n’est entendue pour l’instant que par toi-même ou peut-être une oreille distraite passant par là, attenante à un être semblable à toi-même… il ne semble pas que ce soit le cas à cet instant, dans le son émis par ta voix.
Alors, pourquoi tout ce charabia ? Pourquoi me racontez-vous tout ça ?
Pour que tu le racontes (justement) ! Que tu vives cette expérience !
C’est parce que c’est un clair de lune, aujourd’hui, dans cette nuit ?
Pas forcément ! Un peu de lumière autour de toi ; certes, celle de la lune. Mais qui ne fait que refléter la lumière essentielle du soleil, l’étoile qui permet à vos (votre) êtres de s’animer, à toute forme existentielle sur cette planète.
Mais (dans) ce que je viens de dire, ce que vous me faites dire, il n’y a rien d’extraordinaire ?
Eh, tu ne fais que tourner en rond, autour du pot. Tu la vois la chose qui t’anime ! L’étincelle suffisante qui fait que par cet instant-là tout commença… Tiens, là, à cet instant, tu le perçois, que dis-tu ?
J’ai pas de mots !
Voilà, il n’y a pas de mots !
(À propos du début des temps)
Les mots vont s’élaborer des milliards d’années plus tard, quand des entités telles que les vôtres vont commencer à s’animer, s’agglutiner à partir d’êtres indépendants, microscopiques, qui vont s’assembler et permettre de vous construire brique par brique ! Mais, pour que cela se puisse, il faut cet instant que l’on te fît voir, pendant une seconde ou deux. Sans cet instant essentiel, il n’y a rien du tout ! Et tu ne trouves aucun mot à exprimer à cet instant, parce qu’il n’est pas définissable, c’est ça… hein, c’est ça que tu penses ?
Ben ! Puisque vous me le faites dire, j’ai pas d’autres mots à ajouter, puisque vous ne faites que m’animer, pantin que je suis !
Mais tu n’es pas aussi pantin que tu le crois ; tu as quelques libertés de choix. Tu peux dire « Merde ! Foutez-moi la paix ! » ou « Dites-moi en plus ? » Si tu es curieux… Tu ne dis ni l’un ni l’autre, tu ne fais qu’élaborer ce qui te vient.
Alors il n’y a pas de mystère ?
C’est toi qui viens de le dire ! Nous, nous ne disons rien, ce n’est que ta voix, ce que tu élabores. Toute l’histoire que tu racontes sera considérée comme une proposition d’un possible existentiel. Un mythe ajouté à d’autres mythes, une histoire racontée, ajoutée à une multitude d’autres histoires, d’élaborations similaires à la tienne.
Ce n’est que ça ?
La vérité est celle que l’on veut bien croire, si l’on considère qu’une vérité (est) quelque chose de figé dans le temps, une réalité… Non ! Les premières choses qui s’animèrent furent un changement, une complexité d’une biologie adéquate, appropriée. Des assemblages venus de part et d’autre qui, par hasard, s’animèrent un instant et apportèrent un mouvement, un changement (et le souvenir de ce changement). Ce fut d’abord un processus chimique (quelque part, quelque chose garda dans une mémoire immatérielle la formule de ce composé moléculaire), puis une certaine forme d’autonomie s’élaborant peu à peu, capable de son propre mouvement, puis de la compréhension (probablement) de ce mouvement (la première mémoire, la première souvenance, une information cruciale), de cette différence, d’une dissociation, d’une multiplication ! Et à chaque multiplication, un nouveau mouvement (un nouveau moment). Peu à peu ces multitudes de doubles du processus initial (grâce à cette souvenance des moments précédents), commencèrent à s’agglomérer à travers des entités de plus en plus grandes. C’est là que ta lignée apparut, celle des êtres multicellulaires, ce que tu es ! Comme vous dîtes, ces fameux eucaryotes dans la qualification, dans la classification que vous vous donnez des choses de la vie…
La machine enregistre encore ?
Oui ! Laisse-la tranquille, la machine.
Est-ce que je devrais ajouter tout ça ?
Ah ! Tu fais ce que tu veux, tu peux très bien effacer ce que tu viens de mémoriser ; dire, « cela n’a pas d’importance ! », c’est ton choix. Et puis de te dire que, après tout ce que tu as déjà ajouté, a inscrit à travers une multitude d’écrits, que tu ne fais que répéter ce que l’on t’a dit de mettre, comme tu dis. Mais ce « on » (là), il est dans tous les êtres, ce n’est pas une entité suprême, c’est bien au-delà. C’est bien au-delà de ce que tu appelles Dieu, si tu es croyant, c’est plus que cela ! C’est tout (de) l’ensemble du processus et de sa cohérence (ce) dont il s’agit. S’il y eut ce mouvement, ce premier mouvement, la chose qui t’anime, pour que ce processus arrive, il eût fallu que d’autres le préparent, permettent sa création, sa construction, son élaboration. Sans ces préalables, il n’y aurait rien ! Tout processus nécessite, quel qu’il soit, un certain nombre de conditions pour qu’il puisse s’élaborer. Comme (pour) l’eau des océans, il faut que deux éléments fondamentaux de l’univers existent pour que l’eau puisse s’élaborer sur ta planète ; de l’hydrogène et de l’oxygène, ce mélange explosif va faire (produire) ce liquide miraculeux qui permettra la naissance de ton existence. Sans ce mélange essentiel, ce carburant vital, tu n’es rien ! Mais regarde bien, ce carburant vital est constitué des briques fondamentales, des (les) premières associations d’une cohérence de l’univers : les premiers atomes, comme vous dites ! C’est l’hydrogène, le premier, et l’oxygène un petit peu après, ils sont très proches. Ce sont deux gaz qui, associés, permettent (permettrons) des conceptions inimaginables. Deux atomes d’hydrogène pour un atome d’oxygène, c’est le principe du liquide vital qui permet ton existence et dont tu es en grande partie constituée. Il y a beaucoup d’eau, au-dedans de toi ! C’est un liquide vital, ne l’oublie pas. Sans lui, tu n’existes pas… ou ton principe n’existe pas. Ailleurs, il existe d’autres principes, mais qui n’en sont pas celui qui est, qui permit tant d’existence sur cette planète. (version : Ailleurs, il existe d’autres principes, mais ils n’en sont pas ceux qui permirent l’essor de tant d’existences sur cette planète.) Ailleurs, il y en a d’autres, c’est évident ! Des complexités analogues, voire plus complexes, tu n’en sais rien ? Mais, dans cette vastitude du monde qui t’environne, il est bien évident que tu n’en perçois qu’une ridicule partie. Le monde n’est pas petit, il est grand, vaste, énorme, prépondérant !
La lumière de la lune me gêne. J’ai l’impression que c’est un phare, il transperce les murs de la maison, l’imprègne et tente de… m’écouter, de décortiquer ce que je suis en train de dire, ce que vous me faites dire !
Mais tu t’imagines que c’est une entité qui te fait parler ? Que ce n’est pas toi-même qui exprimes ce que tu exprimes, parce que tu as l’imagination ? Tu crois à cela ? (version : Que ce ne soit pas toi-même qui exprimes ce que tu exprimes, parce que tu as de l’imagination ? Tu crois à cela ?)
Je n’en sais rien, cela me vient, je me pose plus de questions ? Je suis un bon élève, un bon esclave, une bonne expérience ! Une imagination fertile, ça vous convient ? Ça vous permet d’élaborer un tas de choses ?
Évidemment, tu perçois d’une manière un petit peu honteuse que tu es occupé par un certain nombre d’êtres qui permettent ton existence et que tu leur fais endurer des moments pas forcément souhaitables. Quand tu dévies un peu d’une trajectoire sage, quand tu déconnes, quand tu fais des bêtises, estimes-tu. Quand tu manges trop, par exemple, alors que tu voudrais ne plus avoir les inconvénients de cette digestion maladive qui t’anime, eh bien, pourtant te permet d’exister, il faut bien que tu manges quelque chose… Donc, tu t’adaptes ! Tu fais en sorte, par on ne sait quel stratagème, que les aliments n’aient plus de goût, pour que tu ne t’y habitues plus. Ce n’est qu’une maniaquerie quotidienne, manger à certaines heures et pas autrement une certaine quantité d’aliments plus ou moins corrects quant à leur valeur nutritive. Voilà ! C’est tout ça qui te vient en ce moment.
Je voudrais m’arrêter !
Mais arrête-toi quand tu veux, tu es libre !
Oui, mais si vous remettez des mots dans ma tête, je vais être obligé de vouloir encore les mémoriser à travers la machine ! S’il y a des choses à me faire dire, allons-y ! Allons-y ! Qu’on en finisse, que je puisse dormir !… Alors, ça vient ? Y’a quelqu’un ? Ohé ! À moins que j’occupe mon crâne à travers ce souffle qui m’obsède, ces acouphènes inconsidérés qui sont très violents en ce moment, où je m’entends à peine !… Plus rien ? Que dois-je ajouter ? Dites-le, qu’on en finisse !
Ah, je crois qu’il n’y a plus rien ?

(parole entre deux sommeils – 13 oct. 2019 à 01h55)

Dans l’enregistrement qui précède, dix secondes, une ou deux secondes avant que j’appuie sur le bouton des recordings, des enregistrements de la machine, je ne pensais pas du tout à ce que j’allais dire ? Un mot (oublier maintenant) me fit imaginer à travers l’enregistrement, ce que je voulais dire. Un mot me donna l’idée d’appuyer sur le petit bouton des recordings ! Une seconde après, j’enregistrai, c’est étonnant non, cet imprévu ?