(textes manuscrits - version corrigée du 29 févr. 2020)

—> titre original de oct. 1980 : « Poésie dangereuse, pour un peu de liberté »
—> (inclus dans « Les Jours z’à bout mi nu ! » – 1980 à 1987 écrits de villes et d’ailleurs, sous le titre « onzième histoire, propos dangereux, très naïvement dit »)

(Mots épars, autour du poème : Regards Désolation Toujours encore misère mort faiblesse docile encore encore encore encore, mais enfin Assez ! Assez ! Toujours misère sur terre Assez !)

J’ai vu des cœurs déchirés
s’effondrer dans la nuit ; épuisés !
Leurs mains, disparaître sous leurs eaux,
de larmes et de sueurs brisées par la faux,
libérant ces désespoirs qu’on ne comprend pas
et pire qu’une outre submerge vos pas,
et même sous le vent ne s’assèchent pas…
À trop les voir, mon cœur n’en pouvait plus ;
et quoi faire quand sous mes yeux ils passent dans la rue,
une loque sur le dos souvent pieds nus,
dans la rue de mes pensées ils crèvent à la « faim ! »
Vous souvenez-vous enfin de ces temps malins
où le froid et la guerre gelaient vos mains,
croupies dans un coin de terre à l’abri de l’enfer,
vous vivez encore parents d’avant-hier et d’hier,
témoins rescapés des deux grandes guerres ;
car savez-vous, de ces moments de colères,
il en reste sur terre présents à leur manière,
et font piteux, des sortes de mondes effarés
que vous étiez hier, sans cesse égarés par une bombe.
Ils acceptent encore en criant à la vie dépravée,
le fric qui rend fou, comme pour vous, c’est toute une vie :
une carotte tendue tout au long de l’existence…

(Mots épars, autour du poème : Encore Assez ! Assez ! Encore encore salop ordure sournois malin adroit)

J’ai vu des cœurs déchirés
s’effondrer dans la nuit, épuisés !
Qu’on ramasse au matin sans pleurs et sans rien,
pour les mettre au tombeau commun où personne ne vient,
emmené dans une charrette de sapin, croisant au loin,
la rolls (le carrosse) d’un riche assassin, faisant une croix sur son calepin,
« encore un de moins à nourrir pour rien »,
dit-il d’un air serein ce matin…
Car ne nous leurrons pas, si nous allons en guerre
sur l’ordre d’un de ces malins,
c’est pour épuiser les stocks de munitions
qu’ils nous ont fait construire à deux mains,
et s’enrichir pour demain, heureux du butin
gagné dans les ventes d’armes faites (conclues) sur nos reins.

(Incapables de nous unir pour rosser ces coquins,
nous les laissons violer nos filles, de peur qu’un de leurs larbins,
hommes de loi, agents ou soldats, vienne nous casser les reins
plus encore que le travail de demain…)

(Mots épars, autour du poème : bête crédule faible cri crédule)

Mais quand donc cessera cet affront ?!
Ils savent nous prendre nos révolutions,
l’histoire nous donna cette leçon,
car nous crions de rage sans trop d’unions…

(SLOGANS RÉVOLUTIONNAIRES)

Mais nous sommes toujours les plus nombreux,
gens de Paris de France (de partout, d’errance) et d’ailleurs…
Ils sont peureux quand en colère nous marchons vers eux,
ils s’arment en persuadant certains d’entre nous
partie de nous, ils jettent à nos trousses la garde
la police et les militraîtres à leur solde
en nous traitant de « peuple » en désordre et fous
quand en colère nous marchons vers eux…

(Mots épars, autour du poème : Révolte Révolte Révolte Révolte Révolte Révolte Révolte !)

Ne soyons plus ! ce peuple de moutons teigneux
sans armes ! prenons le pouvoir à ces fous merdeux
marchons en paix vers le palais du roi président
proclamons la fin d’une république…

(Mots épars, autour du poème : Révolution Révolution Révolution !)

… de toutes les républiques et des monarchiques, ne soyons plus « peuple », mais homme à part entière
décentralisons tout ce que l’ancien pouvoir, hier
avait édifié à sa solde pour mieux imposer sa dictature…

Édifions le monde libertaire et de ces armes et armures,
faisons-en l’espoir pacifique des générations futures,
refusez d’assembler les armes vendues aux pays affamés,
enfin quoi ! soyez « déserteur ! » avant la prochaine
GUERRE à déclarer
qui viendra bien tôt ou tard
il y a tant (il n’y a pas tant) d’années notre pays s’est vu mourir,
voulez-vous y revenir à ces ans que je trouve à vomir
je dis cela sans rire, comme vous, j’ai hâte d’en finir
il faut nous unir !
En finir n’est pas attendre, attendre qu’on vienne
nous pendre !…

(Mots épars, autour du poème : Révolutionnaire viva viva Hourra Hourra Meneur Erreur Malheur Frayeur Emmerdeur de bon cœur)

RÉVOLTE
(Mots épars, autour du poème : Révolution Révolution Révolution Révolution Révolution Révolution…)

Bien sage, aux portes du palais président, le roi voit
son peuple de naguère entrer en chantant un air de
Liberté, venant lui dire :
juge-toi ! car les sages ne jugent pas,
le roi en sera humilié
et peut-être trop atteint de ne pas être jugé
comme auparavant on jugeait les assassins
il voudra se suicider, entraînant à sa suite
toute la clique qui formait son assemblée
ou pire, il voudra se faire pardonner
même encore, accepter de nous suivre d’emblée…
Ainsi les hommes nouveaux n’auront pas à salir leurs mains
le monde sera utopique et les problèmes deviendront authentiques
c’est-à-dire nécessaires à l’évolution naturelle enfin !
Les sites inhumains seront détruits, laissant place aux jardins,
aux herbes, aux arbres, aux oiseaux qui nous font tant sourire
et nous aident à vivre, enfin quoi ! ce qui sera décidé,
je n’ai pas à imposer mes idées ici !
L’essentiel est de secourir ce qui encore peut être secouru,
l’essentiel est de subsister…
Le désordre instauré par le fric des malins
ne pourra que mourir,
le monde ne sera pas forcément merveilleux,
seulement il aura un visage plus humain…
C’est déjà un premier pas vers le monde de demain…

(Mots épars, autour du poème : Rêve ? Sagesse ? Avenir utopie ! naïve naïf ? survivre unique solution ou périr mourir ? snif snif)

Paris, octobre 1980