(parole en marchant - 14 févr. 2017 à 18h05)
—> 2. « petit chemin » :
On s’apitoie sur son sort, on s’apitoie sur soi-même, mais qu’y pouvons-nous à ce drame ? Ou à cette flamme, quand elle vous vient, vous désarme pour un rien ? La vie est ainsi faite, elle vous insuffle peu à peu des harangues qu’il faut savoir saisir ; je laisse aller mon esprit à ses moindres désirs, aucune réflexion, je marque tout ce qui me vient, je vous le dis, c’est cela le fin fond de ma vie. Je ne peux, je ne sais parler d’autre chose, moi, vieil homme s’en venant, moi, vieil homme s’en finissant sur les chemins que j’ai parcourus bien des ans, tout le temps en avançant, je vous dis tout ceci : « où est-il le temps de nos retrouvances, où est-il le temps tel qu’on avance ? » Sur un matin blême, les idées s’en venant, je marque d’une croix à l’effigie de ma foi quelques emblèmes que je défais aussitôt, pour ne pas rester dans une croyance illusoire d’un destin qui me prend pour une poire ! Vous les arbres, sur mon chemin je vous salue grandement, s’il me fallait une foi je la connais en vous, je la sais prenante (enivrante) en vous, ce jour d’hiver à marquer comme dans un annuaire, ma façon d’être. Et que je suis comme vous, une partie de la vie, eh, nous dialoguons nous, à l’insu des autres hommes ; j’entends votre souffle, votre murmure, vos racines pousser les sols ; on le sait, vos racines, prendre les subsistances essentielles pour qu’à vos sommets naissent les feuilles ou les épines de votre remontrance ; vous montrez votre verdeur qu’un printemps illumine dans ce ciel bleu, je le sais, moi qui n’ai pas bonne mine, je me tais…