(texte manuscrit – 31 mars 2020 à 1h00) ***

—> 0. ilem, entredeux, ou partir en fin, 227.

Récit à embranchements multiples, sujets à manigance, il faudra se méfier de ce qu’on y raconte, l’idée d’un leurre considérable à peine effleuré que l’on tente de démasquer. Que faire : rester neutre ou prendre parti pour l’un, ou pour l’autre ?

(note : selon le contexte, remplacer les termes « rapport, compte rendu, testament » par « témoignage, tableau, legs, etc. »)

(ajout)

Le « je » de ce récit, n’est pas celui que l’on croit, et justement parce qu’il y a cette croyance de naître (n’être) qu’un, à la place ajoutez-y quelques-uns, voire plus, tout le corps, cette symbiose vous assemble encore, « je » deviendrais « nous » alors, les habitants de toi, nous qui te forgeons, ceux-là mêmes qui par on ne sait quelle grâce permirent ta naissance, et depuis toujours accomplissent des tâches ingrates à ton insu, pour que tu perdures et périsse dans un cycle de la vie vieux de milliards d’ans…

(entre parenthèses, les variantes possibles d’une lecture à multiple sens, barrez ce qui dérange ou brouille le discernement !)

(le récit) (version originale)

Une entité peu ordinaire, venue de quelque part, d’un autre temps, d’un autre monde certainement (appelez cela comme vous voudrez), me posa cette question : « mais qu’écrivez-vous ? »
Au départ, je ne sus rien dire et me trompai à maintes reprises, l’entité avait le temps, elle attendit que je bafouille moins, que me viennent des idées claires. Enfin, ce moment d’une lucidité sans nom arriva, il m’apporta une réponse dont je m’étonne encore de l’avoir prononcé ?

Au début en effet, je crus bien vite que je n’avais qu’à établir un compte rendu (tableau, récit, une analyse, exposé, une peinture), un rapport (témoignage, point de vue, constat), sur cette vie que me font endurer les hommes. N’étant pas dans un lieu propice aux insanités, je vivais tranquillement dans le déroulement de l’écriture de ce compte rendu (tableau, récit, cette histoire), ce rapport (cette narration) saugrenu. Mais le temps m’était compté, je dus établir plus qu’une simple étude de la vie de nous, dans ce monde, il fallait ajouter une part plus intime, plus proche, j’ajoutais donc que ce compte rendu (cette peinture, cette description, cet ouvrage) serait aussi un testament (legs, acte, œuvrage). L’entité m’interrogea sur cet aspect-là : « avec ce rapport (ce constat), vous y ajoutez votre propre testament (legs, témoignage) ? », « Non ! » Lui dis-je, « pas tout à fait, je me rends à cette évidence, cette folle prétention, une idiotie de ma raison sans doute ? Non ! Je ne fais qu’écrire, en toutes sommes, seulement le testament (legs, témoignage) de tous les hommes ! », « Seulement ? » s’interrogea-t-elle (j’oubliais, en effet, de citer toute une somme au sein de nos émergences comme au-dehors, d’indénombrables quantités, les multitudes invisibles nous organisant, les êtres premiers du vivant rouspétaient, évidemment ! J’en eus un hoquet interlope)…

J’avais un peu honte de cette affirmation, me faisant passer pour un « élu » funèbre, préparant l’écriture de tous les deuils de ma race, mon clan, ma lignée d’hominidés. Je me sentais piteux. Aucune émotion d’homme ne transpirait de l’entité existentielle, je n’en discernais aucun attrait suspect. Elle me témoigna non, pas d’une ironie, dans le propos ni d’une gravité quelconque, elle élabora seulement le maintien de cette écriture jusqu’ici, pour que j’achève le moment de cette inspiration dans des mots appropriés. Je devais maintenant user de la finesse, de la hardiesse pour tout dire, de ce sentiment prononcé indéfaisable, quand ce testament (legs, témoignage, cet acte) s’avérera véritable.

(ma hantise qu’ils en fassent une bible [de saintes Écritures, un livre saint, un bréviaire], ma honte, ils n’auraient pas compris l’argument, ce n’est qu’une anti-bible, le déni de cela)

(malgré tout, dans cette niaiserie, ce que je discerne de ma conscience, elle ajoute à ma hantise envers les formes me ressemblant, que certains en fassent de ce récit un ouvrage sacré, un bréviaire, le résultat d’une quête, mais de quoi ? Ma honte, ils n’auraient pas compris l’argument, ce n’est que le déni de tout cela, tout au plus un mandala, une matière à l’oubli, un chant ajouté à d’autres chants, s’évaporant comme la moindre sonorité…)

(texte électronisé du 30 mars 2020 à 22h15)

—> Cette citation « À sa naissance, il n’est donné à l’homme qu’un seul droit : le choix de sa mort. Mais si ce choix est commandé par le dégoût de sa vie, alors son existence n’aura été que pure dérision… », issue d’un film racontant l’histoire de truands, inspira quelques variations ajoutées au « premièrement »,
—> voir : 1. « İl », peregrinatio, livre 4, 154. de naître, citation

« Qu’est-il donné à l’homme si ce n’est le choix de sa mort ? Alors, si ce choix est commandé par la détestation de sa propre vie, son existence n’aura été qu’un pur gâchis, inutile, un néant… »
› Mais qui a dit ça ?
› Je ne sais pas ? Je ne sais plus qui a dit ça, et même si je vous le disais cela ne servirait à rien, il est trop tard pour paraphraser les auteurs, cela n’a plus d’importance dorénavant.
› Vous voilà bien funèbres ?
› En effet ! Mais mon temps est maintenant compté, je n’aurais bientôt plus rien à prononcer…