(texte électronisé – 12 mars 2021 vers 15h30)
—> 4. [du robote à la chose]
À propos de la machine, électronisée ou non, du robote ordonnateur ou du robote tout court, en général : où l’on parle de cet outillement que le vivant en nous nous pousse à construire ; nous « croyons » les fabriquer, ces machines, pour notre propre usage, nous la communauté des hommes, sans le savoir forcément, c’est la thèse sous-jacente de ce récit, elles servent aussi aux vivants dans son entièreté terrestre, le leurre est flagrant ; d’ailleurs, l’intelligence ne nous est pas spécifique, ce bien nous est transmis, cette réalité toute nue susurre à chacun « tu n’es pas l’inventeur de toi-même, ta biologie est aussi une machine, un assemblage pour un usage bien précis… », tout ne nous est pas dit, est-elle si méchante cette théorie ?
« Aller, hue ! Trompe-toi, avance, bougre d’homme, vocifère, rebelle-toi, ou maintiens-toi, fais le beau ! Ne vois-tu pas que l’on te dompte, bougre d’homme ? Tu n’arrives pas à discerner le cavalier sur sa monture, c’est normal, quelques gènes te masquent notre rodéo, tu apprends et l’on t’instrumente, comme tu le fais avec tes robotes… »
« Quoi ? Nous fabriquons des machines, alors que l’on est soit même fabriqué par autrui ? Quel drôle d’enchainement ? »
« Tu es fier de les avoir construites, mais continu, elles ne sont pas encore tout à fait parfaites, il manque quelques traits ! »
Si ici, les termes utilisés pour désigner ce qui correspond au robote sont différents de ceux habituellement employés dans cette langue, c’est pour tenter d’appréhender ces machines sous un biais particulier, un autre angle, un point de vue perturbateur pour susciter une interrogation…
D’une manière générale, le terme robote désigne cet assistant minéral que l’on construit ; qu’il soit animé par la force de nos membres ou d’une quelconque énergie, la distanciation dans le récit est la même. Le robote est la machine, l’outil de tous les jours, celui que nous oublions souvent de discerner, parce que trop insinué dans nos habitudes de vivant.
Le récit du quatrièmement : « du robote à la chose », aborde cette structure complémentaire, cet assistant de notre quotidien, à travers une anticipation, une évolution possible ou probable. Les questionnements sont « pour raisons profondes en venons-nous à élaborer de tels outils ? « Quel est le déterminisme sous-jacent du vivant, au-delà même du cadre des hominiens que nous sommes, pour qu’il nous fasse construire de telles machineries ? » Ces considérations placent notre entité animée comme un outilleur du vivant ; notre structure elle-même, forme multicellulaire (l’eucaryote) domestiquée par les êtres infimes à nos yeux que sont les procaryotes, les Bactéries, Archées, voire des Virus, qui ne nous sont pas étrangers ; tous ceux-là sont nos cavaliers invisibles (maîtres d’œuvre), ils nous chevauchent et nous font construire soit des monstres d’horreur (comme des bombes H) ou des beautés infinies (des massifs de corails, une fourmilière ou une forêt), quand une symbiose est définie… (nous les eucaryotes, avec notre harnachement invisible formons l’holobionte animal ou végétal, un être très occupé)
Si l’on suit les considérations précédentes, le robote, cette machinerie, représente le prolongement naturel de l’évolution du vivant, et l’homme, un simple outilleur maladroit et rempli d’une plénitude d’erreurs ! Mais, en disant cela, le vivant a-t-il progressé sans se tromper ? Non, l’erreur fait partie de notre quotidien, la vie se trompe souvent, et parfois, trouve le bon chemin d’une symbiose résolu au sens large, un « symbiome »… momentanément ! L’apprentissage, la mémoire, la trace laissée, nous aident à nous maintenir, à moins qu’une fatale erreur, un imprévu ne surgissent… Ce risque demeure une persistance universelle qu’on ne peut exclure.