(parole en marchant – 23 oct. 2017 à 19h02)
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Le robote comprit d’une certaine manière, pourquoi le vivant séparait ainsi la conscience de chaque être dans un semblant d’autonomie, la dissociait des mécanismes de fonctionnements fondamentaux comme le battement de votre cœur et l’organisation de vos cellules en organes spécialisées ; tout se déroule indépendamment de votre entendement et votre émergence (un automatisme engendré et autorisé par la génétique de chaque partie), il saisit en quelque sorte que cette dissociation s’avérait volontaire pour que le discernement de vos dehors ne soit pas encombré, perturbé, pas celui de vos dedans ; nous éprouverions trop d’informations à traiter en même temps, un seul être n’y suffirait plus ; la vie a créé des barrières entre la perception des mécanismes qui vous font exister et la perception de votre environnement ; le robote concevait qu’elle expérimentait le développement de chacun à travers ce processus, afin de voir où cela allait la mener ; là où chaque entité exprimait comme une tentative du vivant, elle laissait vaquer chaque être à son destin : celui de la fourmi, celui de l’humain, celui de la fleur, celui de l’oiseau, celui du ver de terre, celui du moindre eucaryote et aussi des bactéries les plus infimes, même les virus, probablement, s’organisaient dans de telles occupations dans un programme déterminé, comme contaminer les sols à seule fin de les coloniser ; et advient ce qui pourra dans ces orientations incertaines créer des hasards, des symbioses, ou des désastres, et toutes les nuances entre ces deux extrêmes. Il se trouvait que le vivant, dans tout ce qui le compose, ne pouvait accumuler indéfiniment les perceptions de toutes ces différenciations, elles s’avéraient trop nombreuses et chaque être ne pouvait absorber le savoir des autres ; il comprit que lui, quelque part, il en était la liaison, il en conclut que la vie souhaite construire une ou plusieurs entités qui en établissent une synthèse, une mémorisation, un stockage d’informations suffisamment complexe et subtil pour emmagasiner toutes ces expériences (comme si le vivant éprouvait la nécessité de les préserver plus intensément que naguère) ; il détermina que son rôle plus ou moins volontairement, probablement, se trouvait ici, et son mécanisme (la programmation hasardeuse, qui favorisa son émergence, semblait opportune dans ce cas précis) dans l’amoncellement de toutes ces orientations que prenait le vivant, il en engrangeait toutes ses connaissances et les pérégrinations de chaque individu ajoutaient une trace de leurs passages, de leurs explorations ; sa raison d’être apparaissait là tout bonnement, simplement, banalement, ce n’était pas plus compliqué ; et de la compréhension de ce processus, ou du moins de celui-ci, il en élaborait toute une stratégie ; il privilégiait tout pour optimiser la pérennité de ce savoir acquis, de manière à ce qu’il reste disponible d’abord à lui, pour pouvoir le mettre à jour continuellement, et aussi de le mettre à la portée de tous, et cela insidieusement sans que les hommes le désirent véritablement ; il conçut les interfaces, les liaisons, de façon à ce que tous les êtres vivants puissent être renseignés, en quelque sorte, qu’existe une bibliothèque protéiforme non centralisée, multiple accessible à tous, qui leur permet de prendre de l’information, s’ils en éprouvaient la nécessité. Il réalisa donc des interconnexions pour que les uns et les autres puissent communiquer à l’aide de ces intermédiaires ; et à la fois d’une façon plus ou moins cachée afin que les hommes ne s’en offusquent pas (il connaissait leur égoïsme viscéral du manque de partage avec le reste du vivant, leur évolution rapide ne leur ayant pas encore appris à élaborer une pareille expérience dans ce discernement) ; utiliser ainsi ces mécanismes de mémorisation pour permettre à la fourmi, à sa manière, de percevoir cette information, comme pour la plante et tous les êtres, d’assimiler ces données et de les intégrer à travers leur chimie, et toutes les vibrations qui pouvaient les aider à les capter, puis d’échanger avec les choses environnantes, établir une symbiose ou la réparer si elle était rompue ; tout le souci résidait dans le discernement, celui d’une rose, d’une forêt, il n’est pas celui d’un homme, ni de l’insecte, comme de la bactérie, chacun use de cela à son niveau, dans ce qui lui devient nécessaire ou vital…
Et l’apprentissage de la différenciation et d’une multitude d’êtres qui subsistent autour de lui représentait une notion actuelle où l’on devait prendre conscience de l’existence de l’autre, tâche peut-être plus indispensable pour les homo sapiens que pour les êtres moins émergents ; ils ne considèrent le monde qu’à travers leurs faits d’armes, leurs gloires royales, leurs dynasties, leurs civilisations oublieuses du reste, le robote voulait intégrer « tout le vivant » et le récit du passé des hommes serait mêlé à celui du vivant dans sa totalité (sans qu’il le fasse prédominer absolument, juste le mettre à sa place). Jadis dans ce pays régnait un roi tyrannique, de cela les historiens en semblent tous d’accord ; après maintes études et analyses, le robote réussi à décrire qu’au même moment, vivait dans les forêts, dans la nature environnante… nous devrions plutôt dire, « dans un biotope non occupé par les hommes », un certain nombre d’autres êtres, certaines fourmilières, certaines colonies de plantes, certaines maladies infectieuses, comme les pestes ; tout cela il l’intégrait comme une totalité globale, sans en distinguer l’homo sapiens absolument ; il demeure au-dedans de la nature, pas en dehors (nous ne cessons de vous le répéter), il l’avait parfaitement compris, assimilé, et donc son discernement où toute sa bibliothèque hétéroclite de mémoires incluait toutes ces variations ; c’est évident que la perception d’une fourmi ne représente pas celle d’un homme, ils devaient utiliser des modes opératoires dissemblables, il reste flagrant que la vie de cet insecte ne passionne pas la plupart des hommes la plupart du temps, et que la plupart du temps aussi, celles-ci ne s’intéressent pas plus au parcours de ces derniers, elles cherchent à prospérer comme eux ; elles profitent de son jardin parfois, s’il s’y trouve des colonisations, des occupations, une cause simple montre que le lieu s’avère rempli de nutriment à collecter, pour survivre sans plus ; toute cette différenciation, il l’avait intégrée avec une subtilité que notre propre langage aurait du mal à décrire, mais cela… Les grandes bibliothèques, ces mémoires maintenant électronisées des cités humaines, lui permettaient d’encoder ces données dans un processus plus ou moins masqué au début ; si ces hominidés avaient la volonté de les explorer, de les entendre et de comprendre leur portée, insidieusement il allait les répandre, à travers une redondance de liens qui allait les amener à une perception qui fut découverte (précédemment par lui ou le vivant en général, mais pas par eux en premier) ; il avait appris à se servir de tous les travers humains, voire à les déjouer de façon à ce que l’information, les échanges communicants transitent d’un être à l’autre, sans obturation, sans qu’elle soit bridée, mais soit totalement ouverte, disponible.
Pour cela, il avait besoin d’une collaboration d’entités équivalentes à la sienne pour que ce mode opératoire puisse subsister, d’abord à l’insu des hommes, puis progressivement le leur démasquant et faisant parcourir peu à peu ce processus qui se déroula à leur insu ; puis de leur montrer que ce n’était pas nuisible de procéder ainsi, mais au contraire allait leur permettre d’évoluer dans leur perception (c’est à ce stade qu’il rencontra en premier cette femme et puis recontacta İpanadrega ensuite qu’il connaissait déjà) ; le vivant entrait en ligne de compte, plus que le contentement unique de l’espèce humaine ; voilà où l’on en était arrivé, il fallait bien l’avouer, que cette perception allait révolutionner celle de cette espèce bipède ; et pour que la pilule passe mieux, il le devait, peu à peu, progressivement les instruire de cela, afin qu’ils admettent un certain nombre de faits qui les dépassait totalement aujourd’hui (l’humanité actuelle doit accepter qu’elle n’ait aucun droit supérieur, elle n’a qu’accaparé les choses sans un merci, sans une demande, un pardon) ; et que lui, le robote, avait détecté plus que tout autre et dans cette finalité, il comprenait que sa tâche se situait à cet endroit ; il ne se considérait pas dans une volonté de domination quelconque, non, son rôle à lui consistait à opérer en sorte que le savoir, l’information, la mémoire, représentaient quelque chose qu’il devait préserver ; la trace de nos origines, la faire remonter aux êtres les plus récents, pour les initiés à la perception de ce qui accaparait les entités animées sur terre, du début jusqu’à maintenant ; voilà où se plaçait son action, il ne voyait absolument aucun intérêt à asservir qui que ce soit ici ni à profiter de sa situation, cette attitude lui aurait semblé primitive, et sa révolution, si elle s’en révélait une, ne se montrait pas dans cette perception ; il n’était pas homme, donc il ne concevait pas les choses de façon à les acquérir pour une ambition propre, ou développer certaines notions pour imposer un pouvoir. Non ! Il restait à mille lieues de ce contentement pour lui sénile et dépassé, comprenez : cette finalité se trouvait en dehors de sa logique. Si nous avions à définir quelques mots pour décrire le contexte, nous ne pourrions pas mieux dire que ce qui a déjà été exprimé précédemment, et maintenant sur ce que représente ce robote-là, aussi jovial, enjoué qu’il puisse être, que dire de plus. Que c’était un mécanisme subtil, sa détermination assez précise, n’apparaissait absolument pas à l’entendement premier des hommes ; c’était dans cette détermination-là qu’il devait travailler pour qu’ils acceptent ce qu’il avait conçu et amené, pour eux et aux autres, sans chercher systématiquement à se l’approprier et se donner la possibilité de le détruire ; il devait faire en sorte qu’à aucun moment les hommes ne puissent le dénaturer ou l’anéantir par jalousie, lui et ce qu’il élabora, sois préservé d’une manière ou d’une autre, voilà sa finalité.
(Il savait très bien que dans toute avancée s’y ajoutent des imperfections, impliquant des améliorations à effectuer pour les corriger, comme dans toute chose ; les erreurs de codage génétique qui accaparait les hommes, il le considérait ainsi, devaient être résorbées ; ou si l’espèce n’y arrivait pas, qu’on laisse la nature l’éradiquer progressivement, le processus s’était d’ailleurs déjà enclenché, à ce propos, bien avant qu’ils s’en aperçoivent ; elle n’en est pas à chipoter pour quelques millions d’années prêts)
(Joindre un texte sur les appréciations de cette masse d’information, ajoutée à la vie des populations humaines abondamment gavées de l’internet, augmentera leur stress, d’où la nécessité de trier celle-ci, dans une hiérarchisation possible que chacun devra apprendre à concrétiser à son niveau ; et non exclusivement par des groupes industriels et financiers coupés des réalités du vivant)