Récapitulatif des annonces de la fêlure, la cassure, la brisure, exprimées dans les récits du « premièrement ».

(parole du soir - 5 juill. 2016 à 0h03)

—> (texte initial ayant inspiré la suite)

(original)

Et puis cette cassure, qui s’amène et qui revient ; cette cassure soudaine qui interpelle, qui s’ajoute au récit, par petits bouts indicibles ; cette cassure, qui arrive et qui par bribes, refrain après refrain, à chaque thème s’immisce peu à peu et puis tout d’un coup, va tout étreindre et tout bouleverser ; cette cassure qui s’amène…

(récits fixés provisoirement en janv. 2018)

—> récapitulatif des annonces de la fêlure, la cassure, la brisure…

fêlure 1, 018.

{Vous pourriez le constater à cet endroit, ici, par là, une fêlure s’est installée, l’avez-vous remarqué ? À peine visible, elle laisse une trace indéfinissable, un léger repère dans les mémoires, cet éveil égratigne si peu les consciences, une empreinte vaguement dévoilée, c’est tout… si elle persiste, nous vous avertirons de nouveau par pur souci littéraire, soyez rassurés ; que l’ouvrage n’en soit pas plus amplement fissuré…}

*

fêlure 2, 029.

{Cette fêlure, du temps de ses rêves, regardez donc, elle s’installe à nouveau, de plus en plus haut, ici et là, vous l’aviez remarqué tantôt. Est-ce une coïncidence, une manière nouvelle, un ajoutement aux dérives possibles du monde, ou un aller vers un quelque part ? Ne nous emballons pas, ce n’est peut-être rien, une vague aubaine, que nous a laissé le hasard, mais un air de revient s’y témoigne de ce renouveau ; un enfant nous l’a fait constater, « cette couleur pourpre », est-ce un signe ?}

*

fêlure 3, 054.

{Vous l’aviez remarqué, il n’y a pas si longtemps : une trace indélébile à certains endroits ; que la mémoire nous rappelle, nomme et décrit comme une fêlure, qui ne s’arrête pas, ne s’est pas amoindrie, mais au contraire de la place, elle a pris ! Observez donc ici ou regardez encore là, et cet autre-là, cela a grandi ; vous devriez le signaler, omettre une négligence, soyez le sérieux propagandiste du moment, vous ne devriez rien sous-estimer ; voir envisager toutes les éventualités, ce monde en a besoin, il mérite mieux que ces idées préconçues que l’on déblatère à qui mieux mieux pour « faire le beau » dans des joutes oratoires façonnées pour atténuer les rêves, d’où ne peuvent poindre les espoirs nouveaux qu’un peuple médusé ne cesse de réclamer ; combattez cela, ayez cette audace d’admettre enfin que cette trace, la fêlure mise en place, ne présage peut-être rien de bon…}

*

fêlure 4, 070.

{Ah ! Vous voyez comme moi, c’est bien cette fêlure encore là, croissante, devenue brisure à peine naissante. Aviez-vous abordé le sujet de sa présence, aviez-vous entamé des recherches sur son existence et de l’agrandissement de sa trace ? Je le sens bien, votre occupation détourne l’attention et vous n’y voyez là aucune urgence ; certes, aucun fleuve ne déborde, je sais, mais… que se passe-t-il, pourquoi faites-vous mauvaise mine, est-ce déjà ce temps qui insuffisamment anime les rancœurs du moment, un vent gris est-il le sujet de cette pâleur ? Ou, posséderiez-vous d’autres malheurs cachés, ce que l’on ose dire ? Ou encore serait-ce la moiteur de cet été vulgaire, un prélassement de trop, à ajouter à la somme de vos fainéantises ? Je sais, cela frise l’insulte, votre humeur devient comme contagieuse et déteint sur moi, c’est très fâcheux et je crois bien que la fêlure semble en être une des quelconques causes, elle ajoute une animosité à la chose, une dégradation des rapports humains qui énerve la situation ; je vous dis « avec insistance », étudiez donc avec persévérance cette marque qui s’insinue et ne cesse d’agrandir sa trace, j’y vois bien là une note futile qui agace vos sentiments ; excusez l’impertinence, mais il semblait utile de vous le repréciser !}

*

fêlure 5, 108.

{Oui ! Je sais cela vous ennuie, mais je tiens à vous reparler au sujet de préoccupations que vous aviez peut-être ignorées jadis, mais maintenant, beaucoup apportent des remarques à propos de l’ample brisure ; ici et là et puis d’ailleurs, on la voit, si elle apparut si ténue au début, elle devient très présente aujourd’hui ; elle va sûrement rompre ce qui encore l’attache aux restes qui tiennent le grand édifice que représentes nos vies… oui oui, ne riiez pas, vous pourriez subir des dégâts et un préjudice à affronter, préparez-vous à cela ! Elle fait partie du décor dorénavant et personne ne l’ignore, je vous l’assure ; prenez vos précautions ! Je vous trouve incertain, attendez-vous que d’autres y regardent et pire tentent de colmater les traces laissées par la fêlure devenue envahissante ; maintenant que vous avez mis les pieds sous la table, dans l’attente d’une rémission peu probable. Je vois des blouses blanches qui montent la garde, analysent tous les recoins de la faille, étudient la possibilité d’une rupture, comme à la digue, les eaux mouvantes qui submergent et tentent une ouverture. Cette actualité si persistante émoustille les idées les plus saugrenues, d’un délire très attendu ; on complote derrière les autorités, à l’insu des sommités savantes, on répand des arguments à la véracité tellement indigne et si galopante ; pillent à ce qui reste encore de la raison, une vérité avérée, puis ajoute des affabulations méprisantes, et alimente ainsi la magouille ténue des conspirateurs. Face à cela, je vous trouve bien nu, n’avez-vous pas peur ?}

—> à revoir transition

– D’accord, votre fente, on la voit, ça, c’est sur ! Mais que cache donc cette fêlure, quelle engeance écarte les deux bords de cette fissure navrante ; qu’y a-t-il derrière ? Maintenant, tout ne montre que des bribes discontinues, elles s’amoncellent dans le cheminement du récit, comme des…
L’auteur apparaît submerger par le flot d’informations qu’İpanadrega apporte et s’ajoute tous les autres témoignages environnants, il n’arrive plus à trier dorénavant.
– Voyez, cela vient un peu tout en vrac au fil du temps, comme des traces, des preuves que l’on amoncelle sans relâche. Le voilà bien actif, mais cet écrivaillon fatigue, c’est moi qui vous le dis !
– Mais vous êtes qui, vous ?
– Ben, le protagoniste qui annonce votre brisure, n’avez-vous pas compris ?
– Pourquoi tant médire de celui qui peine à tout écrire ?
– Vous ne voyez donc pas tous ces maux qui s’amoncellent au portillon du récit… je ne vois que ça ! moi !
– Il vaut mieux cela, que rien du tout à décrire, ce n’est qu’une inspiration débordante, voilà tout !… Et puis il ne s’en sort pas si mal, moi je comprends encore ce qui se dit !
– Peut-être ! mais un grand tiraillement l’assaille et je ne vois pas bien comment il s’en sortira indemne, déjà qu’il endosse l’écriture de quelques crimes et des insanités pénibles. Ce qui arrive est encore plus terrible, je vous l’assure !
– Nous verrons à ce moment-là, faites-les patienter !
– Quoi ? Vous croyez qu’on m’entendra… vous rêvez, mon petit monsieur !
– Il faudra bien ! sinon on ne comprendra plus rien et votre… tempo de la prévenance arrive fort à propos nous allons y ajouter une autre présence…
– Comme s’ils n’étaient déjà pas si nombreux, vous croyez que cela va calmer le jeu ? Moi je m’en fiche… je prépare ma dernière tirade et je dirais tout…
– Mais… nous n’attendons rien de mieux que ça, si un désastre arrive, alors désastre il y aura !

*

fêlure 6, 121.

{C’est peut-être l’époque qui désira ça, mais on a replâtré les brisures portées à votre vue. Je veux dire, ce qui accompagne et égratigne les arrangements de la fêlure ; maintenant que tout est caché, tout semble réparer, masquer à vos yeux ; beaucoup pensent rêvasser et continuer de vivre en commun comme si de rien n’était, maintenant que le danger ne fait plus partie de la scène ; maintenant qu’une solution que certains disent définitive est approuvée et que sur les brisures de la terre y a été déposée comme ce fut décidé dans les prétoires où l’on réglemente tout. Je vous trouve curieusement apaisé, alors qu’hier encore, vous fûtes oppressés à l’idée de tout casser, on a colmaté ! et puis… et bien quoi ? Cette suffisance est-elle salvatrice ? Un remède expiatoire ? Certains, toutefois, je vous le ferai remarquer, y voient là comme de l’inconscience, une inconscience chronique qui montre un désarroi d’impuissance face à cette colique : la cassure ! Très certainement plus qu’un chiffon à agiter devant l’imminence d’une rupture, vous devriez nécessairement vous y préparer et avec de l’audace peut-être, pourriez-vous en réchapper, à ce désastre qui prend son temps ; je vois bien, moi, qu’il arrive, et sans un émoi va tout bouleverser en ce bas monde, comme une houle va tout renverser. Rattachez-vous à la rampe, occupez-vous donc à quelque chose d’utile ici et pas ailleurs ; si ce n’est cette mine déconfite qui m’exaspère, quel autre boniment auriez-vous trouvé pour échapper à votre raison, ne plus être ; mais quelle inconséquence affichez-vous là, votre gloire n’a plus de rançons à donner, il est dérisoire de vouloir tout pardonner, vous dites « notre sort est jeté ! » Et alors ! vous ne pourriez pas le rattraper ? Avoir au moins cette audace ! Mais non, vous reluquez dans la glace, votre mine, jusqu’à l’ennui, jusqu’à la nuit fatale… comme une déroute d’un cœur qui se croit vaincu, déjà, son issue ultime auquel il ne veut plus rien accrocher, ni la corde salvatrice qu’on lancerait à la première aspérité venue, ni le désir d’écouter à nouveau les rumeurs du désastre qui s’annonce, ni la fièvre de vos enfants qui, faute d’une espérance, se jettent au feu ; vous refusez de leur signifier la possible déconvenue de ce qui va arriver, comme une mascarade, une propagande intentionnelle des illuminés de la rue, des fous de Dieu en quelque sorte ; l’espoir n’est plus votre denier, combattre n’est plus l’envie d’un désir nouveau, même si cela pouvait vivifier la parcelle d’esprit de votre cerveau, celle qui veut encore vivre ; non, où plus rien ne vous enthousiasme, vous avez décidé ! Pour vous, pour les autres, pour nous tous ; il ne manque plus que votre prière, devant l’autel des vestiges des déconvenues. Tel le croyant, vous vous voyez déjà en martyr et rêver d’une gloire posthume, et cela vous a plu. Sachez ! en face, on montre des dents, on refuse la nuit des temps…}

Dans la fêlure, vous y trouverez celle des hommes, toute leur dysharmonie réciproque, qui enfle et offre un tintamarre prodigieux à ceux qui vivent autour d’eux. Très vite des romanciers de tous poils désiraient écrire sur cela des récits palpitants. On trouva un nom à ces débordements « le bug ! », appellation bête et nonchalante.
L’exaspération décupla autour de lui, on le rattacha très vite à une plaie, celle qui affectait des utilisateurs de la machine informatiseuse, du robote ordonnateur, une plaie de ce siècle, que l’on nomme aussi « la faille ! » Le bug avait-il quelque chose à voir avec la fêlure ?
Un vent s’engouffre soudainement, une anfractuosité vague déborde, une insurrection semble avoir trouvé une nouvelle échancrure de plus…
– Venez ! Par ici, une porte est ouverte, on ne l’a pas refermée… dépêchez-vous, vite !
Plusieurs intrusions ? Mais que manigance la narration ?
– Oui, oui, je suis là !… Stop ! Arrêtez-vous ! n’allez pas plus loin, votre heure n’est pas encore arrivée, veuillez rebrousser chemin !
– Ouais et alors comment tu vas faire pour nous empêcher ? Ah ! Ah !
Il sort un objet petit de sa poche et le brandit bien haut !
– Tu vois cela, c’est quoi d’après toi ?
– Je ne sais pas… une pomme ?
La foule rit de cette pirouette, l’objet n’impressionne pas.
– Tu te trompes ! Ceci est une gomme !… Et j’ai vérifié d’où vous venez, la seule trace de vos aboiements s’avère effectivement présenter un surnombre imposant de notes établies avec cette autre chose que je vous montre…
Il dévoile de son autre main un crayon de papier tout à fait banal.
– Et alors ! Tu veux faire quoi avec ce crayon et ta gomme ? Tu peux te l’enfourner ou je pense ! oh oh oh !
– Très drôle en effet… Mais tu oublies vite ta provenance… vous ne représentez que des notes faites dans les marges et sous les lignes, dans les parties vides du papier, très nombreuses certes, mais… effaçables avec ceci !
Il montre plus précisément « la gomme ! » et l’avance vers eux. Ils sursautent, surpris et comprennent bien vite que l’on peut les effacer sans aucun souci leur rébellion, si elle persiste !
– Ah ! dictature où te caches-tu quand les mots se rebelles, j’en appelle à ton autorité ?