(texte ⁇ - 22 déc. 2016 à 2h13)

Il a crié « Amour ! Amour ! Viens à moi ! », il a hurlé ceci mille fois sans rechigner ; alors n’y comprenant rien encore, il a beaucoup étudié ; il lut plus que de raison, tout ce que l’on raconte sur les amoureux en sujets, et aussi pour s’essayer, clama de durs poèmes de chagrin en pleurant pour s’imaginer comment cela faisait ; mais rien ne venait, de cette affection, il n’en trouvait guère, seulement une envie altruiste qui ne pose aucune question ; même dans un regard au croisement d’une porte, celle qui soutenait le sien et après un sourire, il se disait toujours « est-elle celle-là ; comment faire pour qu’elle s’éprenne de moi ? » Il avait pourtant étudié le chant des oiseaux dans leurs parades nuptiales et en avait repris leurs échos en y ajoutant des mots, bien que sa voix ne fût pas du plus bel effet, il imita bien quelques danses, à défaut d’être perçu comme une nouvelle pantomime terne, il constata très vite que cet élan du cœur et des bras le déçut tout de suite. Il devait donc cibler sa quête langoureuse et demander qui voulait bien s’amouracher de lui, il devait se faire une idée absolument certaine de ce qu’« Amour » pouvait bien dire.

Mais toujours, rien ne survenait, il étudia encore, demanda conseil auprès des femmes les plus émérites sur la question, sauf peut-être des rires à ces interrogations, il n’y trouva non plus aucun remède, à sa stupéfaction.
Alors, quoi explorer ? De nouveau, il cria devant une foule éberluée, « Amour ! Oh ! Grand amour ! Vient à moi, que je comprenne cette foi ? », mais toujours des rires. De ces réactions, il s’en foutait royalement et rien n’arrivait. Puis comme il devait partir il se dit qu’en voyageant à travers le monde, il trouvera bien quelqu’un qui le comprendrait et pour qui il s’éprendrait. Mais un amour n’advient pas forcément à cause de miettes jetées aux oiseaux, ne croit pas qu’ils viendront picorer tout de suite au creux de ta main ; vous devrez ensemble pratiquer un long apprentissage de l’un et de l’autre et établir une confiance et confronter vos intérêts communs et pourtant différents, eux, pour une mangeaille sans effort, et toi, une présence pour ton réconfort ; cela demeure une entente égoïste. Alors, au bout du compte, voyant qu’avec toutes ces expériences il n’y trouvât qu’un nouveau genre que les gens appelaient « comiques ! », il retourna à ses sources éluder de grands romans sur la question et puis les films en tous genres, sur ces ébats et du sentiment ; toujours, il ne comprenait pas ce pour quoi l’on s’éprend si souvent dans ces histoires d’images ou de mots.