(parole en marchant - 25 août 2016 à 20h29) les rustres

—> 2. « petit chemin » :

Les rustres

Marchez sur cette plante d’accord, puisque vous posez le pied dessus, posez-le ; enfin, oser dire, comme vous le voyez, que cette centaurée, celle que vous piétinez, vous apparaît délicate ? Ces petites feuilles élancées, ce léger téton violacé et poilu, tourné vers le ciel, cela est raffiné, non ? Alors que vous, vous l’écrasez, vous ignorez, vous êtes un rustre ! Vous pourriez devenir cet être subtil, disant « j’ai marché dessus, certes, c’est une maladresse, je l’avoue » ; ajoutez éventuellement, pour vous faire pardonner, « quelle est donc cette fine fleur que j’agresse ? », puis osez cette promesse, « je piétinerais avec douceur un être délicat » ; proférez-le comme un acte de foi, non ? vous êtes un goujat ! Vous foulez aux pieds tout ce qui vous gêne, ne concevez qu’en fonction de votre monde, de vos idées ; ce qui se trouve en dehors de vous, vous en ignorez totalement tout, vous êtes un rustre, avouez-le ! Quand je marche, j’écrase parfois… mon pied s’écarte alors ; « excusez-moi d’avoir éraflé votre délicate personne, » dirais-je, confus ; cela permet de susciter un simple constat élémentaire, admettre l’existence des autres que vous, sur cette terre ; qu’il existe des mondes différents, comme cette petite plante toute fluette, cette innocente centaurée…

(parole en marchant - 25 août 2016 à 20h35) que l’on me traite de con, salamandre

Que l’on me traite de con cela ne m’étonne point, il est des cons qui s’ignorent… Ah, tiens une salamandre morte… oh, qui est en train de se dessécher, sur le petit chemin au fond des bois, assailli par des fourmis, c’est rare une salamandre ici ; elle vient de la source qui se trouve à côté, je la vois ; ah !, son déplacement s’avéra inopportun, elle s’est déshydratée sous le soleil coriace aujourd’hui, peut-être une voiture passait à ce moment-là, quand elle traversait le chemin, c’est fort probable… je disais, il est des cons qui s’ignorent, ils ont roulé sur une salamandre sans la voir avec sa peau de noir et d’or, hors…

(parole en marchant - 25 août 2016 à 20h59) d’atteindre le sublime

D’atteindre le sublime, en être éblouie, cela peut suffire à l’accomplissement d’une vie ; mourir aussitôt après deviendra facile ; c’est d’être confronté un jour, à une chose admirable qui vous émerveille, oui, cela peut vous satisfaire pour achever votre existence ; vous vous trouvez là, à un moment que seul le hasard arrive à prodiguer, vous offrant de quoi exalter tous vos sens, dans un instant somptueux ; d’instinct, vous savez déjà cet instant inégalable avec ce que vous observerez par la suite ; c’est une richesse pour l’âme, du vécu qui ne souffre aucune comparaison avec les recherches intérieures qui peuvent sévir dans votre esprit ; cette richesse-là, venue des en-dehors de vous, vous devient alors comme essentielle ; pourrait très bien vous réconcilier avec le reste du monde, à cause de cet instant réellement magique oui, vous pourriez mourir après cela ; que cela puisse suffire à l’achèvement d’une vie. Dans ces quelques secondes de sublime qu’il m’est arrivé de vivre, je me souviens de cette lumière réfléchissante, apparue dans ce petit bois magique entre deux familles de très grandes plantes, qu’on appelle communément « les arbres » ; de longs Pins douglas, poussant auprès des Chênes et des Hêtres, au moment du printemps, quand ces derniers, laisse sortir du bout de leurs branches, ces feuilles, d’un verdoiement extrêmement tendre et vif, baigné par un rayon de lumière amené à certaines heures du jour, juste à point par le soleil ; ajoute une troublante contradiction avec les aiguilles du pin qui renvoient ce vert si sombre, mais donnent à la clarté du jour des reflets et un contraste étonnant et merveilleux dans le sous-bois ; uniquement à ces moments-là ! vous avez, oui, un effet de lumière qui atteint le sublime… Ce sont des choses qui peuvent paraître totalement insignifiantes à la plupart des gens qui passeront à cet instant-là, mais pour celui qui sait observer, il verra lui, un spectacle envoûtant, bouleversant de simplicité, dans ce petit chemin au fond des bois ; il comprendra alors pourquoi je tiens tant à l’affubler du mot magique.