(texte (??) - 10 sept. 2016 à 16h30)
Un grand esprit a crié le monde et a conçu son modèle à notre image. Il faut le croire et c’est ainsi !
(il manquait un peu de persuasion, comme si ce fut plus lui qu’il fallait convaincre que nous-mêmes)
— Raconte-nous cette histoire et de ta mémoire aussi, il nous la faut pour que l’on s’éprenne.
— Ce n’est pas une histoire, c’est bien plus, c’est la sainte Écriture, qui nous annonce qui il faut croire, cet « être suprême », celui qui nous a créés et je suis son prophète, je vais vous enseigner…
— Oui, raconte cela ; mais dis-nous, pourquoi est-elle « sainte » ton écriture ; et de toi, explique-nous, qui donc t’a rendu « prophète » ; parle-nous de ta mémoire, il nous la faut pour que l’on s’éprenne.
— La sainte parole venue tout droit des sermons du Dieu, celui qui l’a retenue mérite tous les égards et vous devez l’entendre vous évangéliser, vous convertir à l’adoration de lui, et vous serez sauvés pour l’éternité, écoutez-moi et regardez :
Il leur montre le livre sacré à la parole certaine et sans équivoque, qui rapporte l’inaltérable vérité que l’on ne peut pas dénigrer ni contester.
— Oui, dis-nous tout cela, que ton « évangile » soit, mais explique-la-nous, notre ignorance reste si grande ; et de ta mémoire, il nous la faut pour que l’on s’éprenne.
Un peu à l’écart, une femme assise et discrète, d’un âge indistinct, écoute sans mot dire, seule une expression transparaît, un léger sourire qu’elle a du mal à refréner. Au coin de sa bouche, une tige porte à son bout une boule rougissante quand elle aspire et dans son souffle, comme elle respire, une fumée bleue s’échappe légère ; se répand lentement dans l’air, laissant une brume autour des écoutants et du prophète, qu’il se dit être. Peu à peu, tout s’embrouille dans les têtes, dans l’éther surgi de nulle part, un rêve étourdissant apaise les idées, qu’ils continuent à sortir de son crâne, c’est bête, il crut les avoir convertis avec ces paroles qu’il trouva pourtant, toute sa vie, magiques.
— Oui, dis-nous de toi, ta croyance en effet, nous apparait du plus bel attrait. Une histoire de plus à nos mémoires insatisfaites, que la tienne, de toi à nous, la complète ; ta naissance, ton enfance, là où tu commenças ta vie, que sais-tu du monde…
— Ma jeunesse demeura un été ravi où je n’y rencontrai qu’une frayeur, quand un bon prêtre, qui avec une caresse d’envie me fit jouir d’extase et provoqua en moi une révélation : la main de Dieu m’emmena auprès de lui et je vois maintenant, je suis illuminé et rayonnant.