(texte (??) - 23 nov. 2016 à 22h53)
Je vais vous dire du voyage et de ces discernements venus d’un autre âge, qu’on ne sait par quel entendement, ils sont arrivés à ma porte me dénoncer tous leurs outrages ; et les mille façons qu’ils ont eues à déroger à ma raison et étendre leur manière de raconter une histoire qui n’a pas d’âge, c’est certain. Mais que pouvais-je entreprendre d’autre dans ce paysage qui ne possède aucun détour, qui illusionne dans ma tête une différente manière de mettre le monde à ma fenêtre ; oui, ce détour reste incorrect, et je désirerais bien me démettre de la fausseté des images que certains veulent y laisser, dans votre crâne ; et que moi, voyageur incertain à la parole née de mon instinct, ne peux trop vaincre ces idées qui ne vident que des intestins perfides, chieurs de merde indistincte aux marrons à l’exhalaison pestilentielle ; du moment que l’on digère, c’est toujours d’un excrément que l’on accouche au bout du compte, notre fonction, au sens de la vie, tu absorbes et tu régurgites par le bas ce qui était venu d’en haut ; ne prenons pas nos aises ni n’imitons les bonnes manières pour la convenance d’un parler fade et illusoire ; donnons aux mots leur véritable signification des descriptions, si le rouge apparaît semblable au sang c’est que l’on a bien vu que cette couleur s’apparentait au drame des vies égorgées, vous y trouverez toujours au bout un boucher qui s’attardera à la vile besogne. Alors du voyage, puisque l’on m’a donné une apparence d’hommes, il faut bien que j’y avance de ces pas de mes longues jambes, qui ne cessent de vaciller tout le long de mon déplacement ; offre une visite à mes yeux ravis de tous ces changements, du paysage installé ici, avec ses raideurs et ses élégances à un autre plus loin vous donnent des variances terrestres inimaginables ; vous devez les voir, pour enfin les contempler, y mettre un regard, une exaltation en face de cette plaine qui s’étend devant vous, vous ajoute une plénitude, à la montagne, objet massif qui s’impose malgré vous, surtout quand vous devrez la gravir, elle vous amène à subir une fatigue certaine, pour vous faire dire « que s’élever est bien difficile ! » ; puis prolongez vos escapades vers un fleuve, jusqu’à l’océan, à la mer, aux lacs perdus, à l’étang du village, au ruisseau, au mince filet d’un ru, tant d’étendues d’une eau à traverser et se mouiller et se désoiffer ; il ne manque plus qu’un grand désert à atteindre ; combien devrais-je en parcourir pour y trouver qu’une peuplade désolée, insignifiante aux yeux de tous, combien de sueurs devrais-je laisser derrière mes pas, combien de brûlures, combien de dessèchements devrais-je affronter pour une traversée ? Mais pourquoi donc ce transport où je m’y évade pour atteindre une vague prison, cela ressemble à une vaste déchéance, dans mon errance aujourd’hui à cet instant, je la trouve misérable, ai-je bien fait de la rendre aussi indispensable ?
Partout où je vais, partout où l’on me guide, j’y décèle des traces de leur monde imparfait, on me parle d’eux comme des êtres à part, des voleurs de mémoire, si je les atteins, moi aussi devrais-je me laisser dérober la mienne ?
J’ai dénombré, pas moins de vingt grands déserts, sur cette planète toute ronde ; faut-il que j’y tourne tout autour pour en découvrir un seul, celui qui sera le bon ? Pourquoi à aucun moment l’on me dit où ils demeurent, c’est infernal ! Je sens un fait exprès du genre littéraire qu’un auteur mal inspiré à insuffler dans cette histoire qui me déborde par tous les trous de nez et que j’absorbe malgré moi son air peu engageant, voilà maintenant que l’on me raconte un nouveau récit de certaines gens qui les ont vus ; et pourquoi est-ce toujours au bout d’une religieuse déconvenue qu’on me rumine un catalogue d’idées peu entretenues ?