(textes (??) - 15 nov. 2016 à 19h48)
(ajouts et correction 31 janv. 2017)
—> 3. « singes savants », parcours initiatique d’histoire naturelle :
Prévention : devant la profusion de noms énumérés dans ce qui suit, vous allez peut-être éprouver comme un écœurement à leur lecture et trouver que trop, c’est trop ! Et bien moi je vous réponds que non ! Tous les êtres vivants ont le droit d’être cités (d’ailleurs, dans tous ces noms je n’y vois que « poésie » ; bravo à ceux qui les leur ont donnés), nous sommes trop peu à le faire, et même, si cela rend illisible la prose de ce récit, tant pis ! Je ne céderai pas ! (Ne recherchant aucune gloire de ses écrits, ils ne sont mis là, tous ces mots, que pour marquer les esprits ; alors oui, tant pis si vous lâchez ce manuscrit, tant pis pour vous, si les autres vivants vous ennuient à ce point ; moi qui ai pris parti pour eux depuis bien longtemps, je puis vous dire sans trop me méprendre que de tout cela, la vie, elle s’en balance !)
Moi je serai vous, j’engagerai des comédiens pour énoncer tout cela, ce texte demeure bien trop lourd pour une lecture seule ; et probablement, devriez-vous le réciter à plusieurs, comme un ensemble vocal, en donnant à l’un ou à l’autre l’énumération tour à tour de tout cela ? Oui, formez un chœur, répartissez les chants, que chacun puisse y trouver son compte.
Je veux que ça vous prenne la tête tellement, que vous en soyez malades ! Alors, faisons un jeu, de tout ce que vous trouverez, donnez-nous-en le nom si vous le connaissez ; sinon, décrivez l’aspect de la chose inconnue, pour apporter à d’autres les éléments d’une profonde recherche… Il n’y aura rien à gagner, ce sera seulement pour nous amuser et barber l’esprit des gens qui n’ont pas osé…
Imaginez-vous devant un monument aux morts où sont gravés les noms de tous les disparus des vastes guerres sempiternels, des massacres ou des catastrophes ; je me dis « tous ces morts, tous ces morts », chaque année, dans une cérémonie anniversaire, est cité à haute voix pour leur mémoire, chacun des inscrits. Je me dis « tous ces morts, tous ces morts » et voilà qu’on les cite, mais qu’en est-il du reste des vivants, de tous les vivants ?
J’ai vu dans de vastes étendues du souvenir, des massacres ou de catastrophes, ces pierres innombrables, monuments aux morts où sont gravés ces milliers de noms, juste pour la mémoire des hommes…
Alors, comme pour prévenir de l’éventuelle disparition de ces êtres, bien plus innombrables que nous et aussi pour leur mémoire et parce que nos manières les exterminent en grand nombre en les oubliant, ici on vous les égrène par devant et parfois pourquoi pas, en criant ; j’incite même en proposant l’idée que des comédiens se relayent à construire une mise en scène rien que sur ce thème, celui de ce chapitre ; puis dans leurs discours, reprendre mot à mot le patronyme de chacun de ces êtres qui nous entourent et nous permettent d’être. N’oubliez jamais cela ! Leur dignité a autant de valeur que celle de nos ancêtres, j’oserai même dire plus ! Puisque nous ne pouvons subsister sans eux ! Cette redite est faite exprès…
— Maintenant, nous allons nous amuser ; oui, nous allons jouer à un jeu, une sorte de pari impossible où je vous propose d’aller le plus loin où vous pourrez, ne serait-ce que pour comprendre où s’arrêtent les limites de ce que je vais vous demander ?
Vous allez analyser et dénombrer, tout ce que vous trouverez de vivant dans cette forêt, donnez-moi le nom de chaque être. Vous obtiendrez tous les outils nécessaires, utilisez « l’Arbre phylogénétique de la vie », il décrit le règne des Bactéries, des Archées et des Eucaryotes dont nous faisons partie, il nous montre l’étendue de nos découvertes et… de nos ignorances. Vous avez tout le temps que vous voudrez, toute votre existence si vous le désirez (dit-il avec un grand sourire), nous nous arrêterons quand nous aurons un stock suffisant d’informations à notre disposition, les limites ne résident qu’en vous-même. Alors nous allons nous répartir les tâches et je vous propose une première organisation que nous pourrons faire évoluer au gré de nos besoins…
— Qui veut étudier le fond biologique de ce sol ? Dans cette parcelle, décrivez-moi les principales plantes de cette flore, des arbres de l’arrière-plan, des herbes au-delà de celles qui se distinguent, les plus petites ou les plus grandes ; tous les Eucaryotes Equisetopsida du coin, essayez de ne rien oublier !
— Un autre groupe pour les Animalia de la faune, le ver de terre, les minuscules êtres dans la poussière, les infimes, les invisibles, les métazoaires trop négligés, tout ce qu’il se doit, autant que tu puisses observer.
— Une troisième équipe pour la pourriture, les microbes, les Bactéries, les Archées, à ce qu’ils enrobent, dans l’eau, l’air, tout ce qui se voit, jusqu’au plus profond que vous pourrez…
Comprenez-vous, à travers ce que je vous demande, que vous devenez des métazoaires qui vont étudier et essayer de discerner le fonctionnement de leur propre structure ; saisissez bien la subtilité de cet exercice, une façon de se dire : « qui suis-je ? » Tu es venu là pour ça, tu es conçu pour ça, à décrire décortiquer et assimiler ce que le vivant qui t’anime a suscité de toi !
(Voir ajouter texte déjà écrit sur le vivant, adapté éventuellement.)
Tout cela commença dans un grand enthousiasme où chacun s’adonna à sa tâche avec beaucoup de joie et comme pour stimuler ses jeunes élèves il les emmena dans un parcours initiatique préalable, juste pour leur donner ce goût de la découverte et du savoir accumulé au fil des siècles qu’il ne manquait pas de rappeler à chaque description. Oui, il insistait lourdement sur le fait que l’expérience, la connaissance, implique maintes fois d’aller chercher là où par le passé on avait trouvé quelques idées. Oh ! certaines, furent abandonnées, d’autres, retrouvées, parachevées, affinées ; mais toujours au bout du compte accumulées dans une somme qui apporte à l’esprit, cette souplesse nécessaire à toute exploration ; une ouverture maximale de l’entendement se devait d’être rodée quand on est jeune, comme pour tout commencement.