(texte (??) – 28 oct. 2016 à 1h18)
—> 1. « İl », intermède… : 49. [v M] questionnements de lui
« Mais pourquoi donc me donnez-vous ces livres ? Je n’ai pas demandé que l’on trace ainsi mon chemin ; j’ignore où je vais, sinon, vers un grand désert sûrement que je trouverais bien, à force ; il n’y en a pas tant sur terre, même si je dois les traverser tous, vous savez bien, ce peuple sans nom, je veux les y retrouver, j’ai tant de questions à leur poser. »
« Mais pourquoi donc me donnez-vous encore ces livres ? Que l’on trace ma voie, que l’on outrepasse mes choix, que l’on tracasse mon esprit, que l’on me dise, prend donc ceci ou cela, mais qu’est-ce alors tout ceci ? Quelle manigance me préparez-vous ? »
« Je n’ai quémandé aucun sol sur lequel marcher ; je marcherai bien où je pourrais, j’irais bien où mes sens me porteront, tant qu’ils ne seront pas mes trouble-fêtes et de la vue, que je puisse voir, c’est tout ce que je demande ; et de l’entendre, que m’arrivent tous les sons du monde et la parole des autres, c’est tout ce que je demande ; et de sentir que je perçoive toutes les humeurs à la ronde et la bonne odeur d’un repas frugal hôte à mon malheur, ne pas mourir de faim, c’est tout ce que je demande enfin ; et des sueurs, sous le soleil du désert, j’en aurais sûrement et qu’il m’épuisera, ma peau s’asséchera et puis elle brunira, du moment qu’elle me protège, c’est tout ce que je demande enfin ; et quant à me toucher, vous voudriez peut-être un geste, mais je ne possède pas la sensualité de vos idéaux ni ose cette bannière à mettre si haut, ce sens me reste étranger, que l’on brise ce que vous y trouvez de beau, c’est tout ce que je demande enfin. »
« Pourquoi donc voulez-vous m’inscrire déjà dans une histoire, et y décrire une légende, oseriez-vous de nouveau le mythe sur moi et dépeindre une certaine idée de moi ? Que souhaitez-vous y déposer, de quoi désirez-vous m’imprégner ? Vous semez le doute au plus profond de moi ! Mais que brisent vos sourdes réponses ? Voudriez-vous que je n’entende pas, demeurent étranges les bruits que laissent vos pas ? »
Effectivement, avec le temps, bien qu’il refuse cela et que malgré tous ses défauts, il parlait bien haut et de cette manière qui aiguisait fort les esprits rancuniers, qui rêvaient d’un autre mieux ; certains finirent par l’idolâtrer et établir un catalogue de ses idées ; il y avait tout dans cela, de quoi l’horripiler, mais que pouvait-il y changer, quand certains veulent vous adorer, comment casser ce mythe naissant, il se devait d’en devenir blessant.