(texte électronisé - le 10 sept. 2018 à 17h42) 985
—> livre 3, dictature, contrôle
Un jour, certains émirent un doute quant à mon origine et ma qualité de mammifère bipède ; je décris mon interrogation à d’éminents spécialistes sur la question et ils me répondirent : « non non ! Vous êtes bien de la lignée des hommes, hominidé homida ! » Aucune hésitation n’était de mise, ma morphologie, ma bipédie ne faisait aucun doute : deux yeux, deux mains, deux jambes, une tête, un tronc, un sexe où il se doit d’être, un fessier au bon endroit. Non non, aucun soupçon n’était permis, le genre homo correspondait bien à ma personne, du type mec, masculin, ou mâle, pas d’inversion constatée, la qualité biologique était précise et sans doute possible : hominidé homida, c’est dit !
Je sus plus tard que ce qui m’était incriminé relevait plutôt d’un état d’esprit qui n’était pas commun, je ne pensais pas comme il se doit en qualité d’humain ; c’est ce qui choqua ! De ne pas penser en humain, ah ?
Il semblerait que le monde des hommes soit bien sectaire pour établir une telle conclusion. Nous ne serions donc pas libres de penser comme l’on veut ? Cette idée d’une dictature de l’esprit se révélait alors le premier constat d’une tentative d’emprise sur ma personne, à m’interdire pratiquement de penser comme je voulais ; cela ne devait se faire que dans un cadre de préservation de notre espèce, avant toute autre considération. Je devenais par conséquent, hors la loi et passible d’une interdiction de parole publique, si je contrevenais à ce diktat, je risquais bien un emprisonnement physique. On me le fit bien comprendre, je saisis donc que j’étais surveillé comme le paria dans un monde délétère.