(parole en marchant - 19 oct. 2018 à 17h52)

—> 1. « İl », peregrinatio, livre 3 : 115. accaparements, de la propriété

De la propriété, qu’en ferez-vous de cet usage ? Quant à moi, très certainement, de quelques objets ou endroits dont j’en eus l’usage proprement dit, je n’occupai une zone que momentanément, le temps d’un effort, d’un travail, d’une occupation passagère. Nous ne sommes que des passagers qui évoluent un moment à un emplacement précis, voilà, comme je l’entends. Voilà ! Quant à la propriété, euh ! il me suffit que l’on m’alloue un lieu, sans anicroche, et puis voilà ! Que puis-je en faire de son usage, du moment que… je ne retrouve plus ce que je voulais dire ?
De la propriété, je n’en comprends pas ce désir de posséder des choses en grand, quand l’on sait qu’on les détiendra que momentanément ; ce contentement de soi, d’avoir des choses prépondérantes en plus grand nombre que les autres pour une, semble-t-il, simple histoire de gloriole, dire « moi, j’ai la plus grande, la plus belle des villégiatures, dans mon entourage vous n’en trouverez aucune équivalente ! » C’était comme les châteaux des rois, à une époque il fallait qu’ils soient prépondérants, le plus beau ; même s’il fallait le construire sur des taxes et des impôts que l’on allouait évidemment sur une mainmise d’une main-d’œuvre et des pauvres, des braves gens, des pauvres gens, qui allaient bâtir cet assemblage, cette forteresse, ou plus tard, ce palais. Le processus est toujours un peu le même.
Quant à ma personne, avoir une voiture plus grosse que les autres pour faire broum broum ! Ah ! La marque étincelante qui dépense énormément d’énergie et qui, dit-on, épaterait les filles quand on envisage de séduire, ben pfft ! J’ai vraiment aucune attirance envers ce genre de matériel, d’objet, il m’encombrerait plutôt ; des objets de la frime. La propriété est un début de frime, « voyez, cela m’appartient ! », mais non, rien n’appartient à personne, ce n’est qu’un accaparement momentané que vous faites des choses. Un jour, vous allez disparaître, et votre propriété avec vous ; c’est idiot ce comportement ! Que les choses vous appartiennent, si vous étiez éternel, je ne dis pas, mais c’est pas le cas, loin de là ! Personne n’est éternel, même pas Dieu ! Est-ce que vous croyez que dans dix mille ans on croira toujours à cette engeance ; on n’est même pas sûr que la suite d’une humanité subsistera, alors du système, du principe d’une croyance, vous croyez qu’il perdurera, vous vous fourrez le doigt dans l’œil, comme on dit vulgairement. Non, de procédé est un octroi que l’on se donne pour faire le beau devant les filles, devant les femmes un peu idiotes qui y croiraient, il y en a, paraît-il, à qui ça plaît cela ; « voyez ma belle demeure, mon bon compte en banque, toutes ces choses dont je suis propriétaire » ; et qu’il y a autour de vous un certain nombre d’individus qui ne cherchent qu’une chose, s’accaparer ce que vous-même avez accaparé et ces suites d’accaparements successifs vont vous occuper tout le long de votre vie, dans une finalité qui m’échappe encore aujourd’hui, « à quoi bon cela » me dirais-je. Oui, je me pose encore la question, vu le peut de temps qu’il me reste à vivre, que j’occupe un lieu momentanément, suffisant pour un confort minimum me suffis amplement ; que je ne souffre pas, que je ne crève pas la faim, c’est un minimum demandé. Quant au confort, c’est le degré de fainéantise que vous désiriez avoir dans les objets qui vous entourent, ceux qui vous aideront à vivre mieux ; je dis objet, ça peut être esclave ou serviteur que vous payerez le plus bassement possible, c’est l’usage. Dans certains cas, ses propres serviteurs seraient des esclaves, cela existe encore ; alors, de l’usage d’une propriété, je n’en vois rien encore, à ajouter à mon usage courant. Quelle est donc cette finalité que certains y voient en grand, des façons d’agrémenter leur vie pour de la frime, disais-je, mais (aussi) pour pérenniser un octroi que l’on s’était donné jadis, d’être propriétaire et que l’on répète indéfiniment (de génération en génération).

Il y a la fable qui raconte, quand un cyclone a détruit le palais d’un richissime personnage et qui devant ses ruines se plains de tout ce qu’il a perdu. Tout aussi démuni que lui, un (autre) personnage, un quidam qu’il ne connaissait pas, évidemment, lui dit « je vous plains Monsieur, je vous plains ! », « Oui, j’ai perdu ce palais, toutes ses propriétés et toutes ses constructions, tous les objets qui le composaient et toute ma richesse, j’ai tout perdu ! », « je vous plains Monsieur, je vous plains ! » Et devant cette compassion soudaine, envers lui, étonné, demande au quidam « et vous qu’avez-vous perdu ? » ce dernier lui répond « oh ! moi, je ne possédais rien, je n’ai donc rien perdu, je n’avais rien ! », il ne se plaignait pas, on ne peut se plaindre de ce qu’on n’a pas perdu. On ne se plaint que de ce qu’on a… perdu… (ça fait une répétition, c’est pas bien). On ne se plaint que des choses que nous n’avons plus, que nous avons procédé naguère… mais, celui qui n’avait rien n’a aucune raison de se plaindre, et qu’il se dit (dise) « ah tu vois, si j’avais été un possédant comme vous, j’aurais perdu toutes ces richesses, mais n’en ayant pas, je n’ai rien perdu et je n’ai aucune tristesse envers cela ! » Lequel des deux était le plus à plaindre, évidemment la réponse est immédiate ? Eh ! le pauvre homme, celui qui n’a rien perdu, lui va aller son chemin et probablement ne peut réclamer quoi que ce soit, il n’avait rien ; mais le riche certainement plus… l’ancien riche, l’ancien possesseur, va sûrement réclamer qu’on lui reconstruise ses biens, pour quelques raisons il va essayer de retrouver sa richesse, évidemment ! Qu’on lui octroie un bien comme avant, il s’y emploie s’il le peut, on peut leur faire confiance, ils sont malins, ils ont des arguments. Ils vont réclamer en grand, et s’ils ont des relations, sauront en user pour retrouver une richesse, un bien qu’il s’était accaparés en grand ; car en fait, les choses, disais-je auparavant, n’appartiennent pas, elles sont là, ont les construits ou ont les détruits, on les place ou déplace, elles sont de l’usage qu’on en fait, elles sont à ceux à qui vous les avez données, momentanément, le temps de leur existence ; et puis, après une descendance, une quelconque relation la récupéra et ainsi de suite… Un bien, une propriété, n’est pas éternel, et dans ce principe, j’ai du mal à en voir l’opportunité d’un accaparement encore, celui de ma personne envers ce bien, cet objet, cette chose ; je suis lasse, et fatigué de ces accaparements successifs que l’on fait pour satisfaire sa petite personne. Oh ! On peut, si l’on reste modeste, sans grandiloquence, on peut utiliser un bien pour un usage qui permette de construire (une maisonnette), oui certainement ; mais de dire « c’est ma propriété ! », un bien comme un autre être, une femme, un enfant, un objet, un animal ; une femme qui dise aussi « mon homme, mes enfants, mes choses », ces désirs ; ce désir que beaucoup ont à vouloir posséder par le corps et l’âme, les choses en grand. Ça m’amuse de les voir, surtout quand ceux-ci périssent et que leurs biens se disloquent à travers des batailles où chacun * tente de récupérer, accaparer le bien abandonné par celui qui vient de mourir, c’est risible, risible ! Alors, de l’appartenance des choses, je puis vous dire qu’elle est illusoire et représente à mes yeux, mais ce n’est que moi, un intérêt relativement secondaire. L’idée d’un partage n’effleure même pas l’esprit de certains ; que les choses soient réparties équitablement, comme la nourriture et l’eau et des logements, des territoires que l’on se permet d’accaparer à travers des frontières imaginaires (du partage), qui, en fait ne veulent pas dire grand-chose pour autrui. Que veut dire cette frontière que l’on met ici, à (pour) une libellule, une fourmi, une abeille, une pâquerette et les miasmes de bactéries divers ? Tous ces mondes que l’on ignore, ils s’en foutent de vos accaparements, ils les occupent de toute façon, vous ne pouvez pas faire autrement, sinon vos sols seraient stériles, et parfois on doit bien admettre que c’est l’esprit de certains qui sont stériles… Ah ! j’arrête là ma médisance, je m’ennuie dans cette parole, comme certainement je vous ennuie aussi ; ceux qui l’écouteront peut-être, ce verbiage, je ne m’en amuse déjà. Allez ! Ça suffit, je la ferme ma grande bouche.

* Vous retrouverez cette analogie du comportement, dans une forêt quand un grand arbre tombe foudroyé, ou soit abattu, il laisse une grande trouée vers la lumière. Si vous avez le temps, vous verrez dans une concurrence effrénée, batailler ceux qui restent, dans une course immobile, seulement mobiles à la verticale vers cette lumière indispensable à toute prospérité, chez les grands arbres, afin de la combler cette trouée ; la nature à horreur du vide ! C’est peut-être pour cela que ce dernier semble n’exister nulle part.