(texte manuscrit - le 16 oct. 2018 à 12h13) 949

—> préambule dictateur, livre 3

Corvée, amitiés, détachement et tyrannie,

« Les corvées humaines de l’amitié… »

C’est drôle, qu’il s’imaginait ces sentiments-là comme une contrainte, un embarras de plus à porter. Décidément, son détachement, à cause d’une misanthropie maladive, le désolidarisait encore plus, y ajoutant même un paravent contre une émotion de trop à pourvoyer à son cerveau, déjà trop encombré des idées et des mémoires de son passé. Pourtant tout ne faisait que passer, justement. Le sort capricieux d’un être non satisfait de sa condition, voilà ce qu’il était ! Non, décidément une grande déception l’envahissait comme un fait exprès, pour l’en dissuader de renouer avec des amitiés sur lesquels il avait tracé un trait. Il avait trop changé, de mœurs, de corps et d’esprit. Le temps l’a décharnée un peu, c’est habituel, nous y sommes tous contraints, mais lui, ce fut si soudain, cette avarice du sentiment. Il n’y croyait plus, à ces pleurs attendrissants ni à une émotion à partager pour une meilleure entente. On l’avait trop chahuté, trop abusé de lui, sur ces humeurs-là ; il s’en trouvait trop saturer de ces sentiments-là, oui ! Pourquoi cette tristesse amenée dans sa vie ? Il le disait lui-même de n’avoir pas rencontré les belles personnes, celles par qui l’on transcende sa vie. Il n’eut pas cette chance, il le comprit assez vite et c’est bien parce qu’il croisa ce vieil homme, savant à ses heures, un peu fou d’ailleurs, pour l’entendre déverser sa pensée maintes fois éprouvée sur les aléas de la vie, lui dire sans une quelconque ironie :

« Quand je regarde ton sort, il y en a de plus mal loti ; toi au moins tu vis décemment et ton esprit, ton corps, n’ont pas été avili par des rapaces, aucune maltraitance sur toi n’a sévi… estime-toi heureux ! Tu vis dans un monde fait pour l’essentiel de malheureux, à cause de quelques oppresseurs, des chanceux approximatifs. Tu n’es pas l’un d’eux ; oh ! ne t’aventure pas dans un flirt auprès d’eux, leurs songes sont contagieux la plupart du temps, tu peux survivre sans ! »

Cette parole eut pour conséquence une tentation de sa part, d’aller voir de plus près de quoi il en retournait auprès des forts en gueule, une envie d’essayer pour voir comment ça fait, une oppression ou deux sur la vie des gens. C’est à cet instant que naquit cette idée sournoise de tenter une tyrannie : devenir un dictateur pour voir comment ça fait, oui ! Sans y croire vraiment, sans aucun plaisir assurément éprouvé, il lui fallait tenter l’expérience, histoire de comprendre un peu mieux ce méandre…