Dans la fêlure, vous y trouverez celle des hommes, toute leur dysharmonie réciproque qui enfle et offre un tintamarre prodigieux à ceux qui vivent autour d’eux.

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Écrire sur le bug !
L’exaspération du bug, plaie des utilisateurs de la machine informatiseuse, du robote ordonnateur, plaie de ce siècle, de la faille, relier le bug avec la fêlure !

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Ma vie elle me semble étrange, se remémore-t-il ; et vois ! ce sont là mes formules d’égalité, elles donnent un résultat à ce que se demande celle-ci.
Des questions et puis des réponses et ce qui recommence la vie sans cesse.

On n’apprend pas à un vieux singe à réaliser des grimaces !

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— Vous savez, on ne balaye pas trois mille ans de religion comme ça !
— Mais qui vous dit cela ?
— Vous ! À tant désirer, les renier toutes !
— Je n’ai pas raconté ça ! Je ne parlais que de moi.
— Laisser donc au cours du temps de changer les choses…

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Et moi, dans tout cela, je refais sans cesse le même chemin, mais en arrive toujours enfin à une sensation inchangée, de ce qui sera, rien ne sera noté, le temps m’a tout pris, voilà tout ! Peut-être encore cet écrit sera détruit.
Quand sera craché tout ce qui sera à cracher, j’en deviendrai apaisé vraiment, ce transport me rend l’âme bien seule, c’est décevant, mais ainsi, que celui-là m’offrira… Mais non, je ne dirai rien…

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Dites-moi ce que vous pensez de ce livre (récit), dites-moi sans détour à propos de cette vérité tant décriée. Sans être parfait s’avère-t-il recevable à vos yeux, dites-moi tout ?
Dans l’attente de votre critique, pour y répondre un peu à l’avance, si vous y trouviez tant de défauts, je le réécrirai indéfiniment jusqu’à ce qu’il vous convienne, ne devrais-je réaliser celui-là et toujours le même jusqu’à ma mort, je le terminerais pour que n’y soit à changer plus aucune virgule, aucun verbe. De mon discours, décrivez-moi ce qui vous chagrine, ce dont vous avez une réticence, ce qui vous gêne tant. Enseignez-moi que je l’améliore ! Je sais vos choix justes et votre intransigeance quant à les traiter…

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Ils prirent le vent, ils communièrent avec son souffle (avec lui) ;
ils regardèrent la lune et communièrent avec son reflet (avec elle) ; elle prit les devants et rapporta… du désespoir des baleines s’échouant par centaines sur les plages pour se laisser mourir ?

Et si c’était à refaire votre vie, je ne changerais rien ! Je dirais « bis ».

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Encore !
Tentation de la divination puisqu’il sembla avoir amadoué la chose. Il fut bien le seul !

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C’est tout ! qui me vient
(c’est tout ce qui me vient)
et c’est « qu’est-ce que j’en fais », avec ce : « tout qui me vient » ?

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Comment se fait-il quand on y réfléchit bien, sans avoir lu systématiquement tous les grands auteurs du passé, si vous restez à l’écoute du monde, des autres, en maintenant des relations des plus diverses, dans un hasard heureux ou non, vous en veniez à redécouvrir sans le savoir, ce que les anciens ont déjà compris dit ou écrit ou fait ! L’information, la connaissance acquise a été assimilée et se répand naturellement dans la culture ou l’expérience de l’époque, et n’est plus nécessaire d’en citer l’auteur ou le découvreur du savoir ainsi répété. C’est cela et cela surtout qui s’avérera le plus essentiel. Pareillement, à chaque compréhension donnée estimez-vous toujours utile que l’on en garde le nom de son inventeur ; n’oublions pas que le monde n’est pas de notre création, c’est l’inverse, et nous ne faisons qu’apprendre à le connaître. Si un jour l’on trouvait qu’un de mes écrits apporte une nouvelle trace, ce sera tant mieux, et que m’importe de voir mon ego porté dans un quelconque Panthéon que je honnirais de toute façon.

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Et j’irai dans un autre monde dans un temps nouveau rejoindre la torpeur des océans, dans un transport où je ne craindrais plus les flots des vagues géantes (démentes).

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Proposition de dictature, en bonne et due forme comme il se doit !
Textes préparatoires des lois et règles essentielles au bon fonctionnement de ladite dictature.

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L’intelligence ne se trouve pas forcément là où l’on croit qu’elle est !

Titre : pour en finir une bonne fois pour toutes avec la jouissance, et tout ce qui va avec…

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(livre 4)
Comment pourrait-on apprécier à ce point la flatterie, à chercher systématiquement dans mes textes ces quelques mots qui parleraient d’elle ! À comprendre ce qu’aimer pourrait bien vouloir dire ; c’était cela la recherche de son cul ou de son corps, mais quand je le saisis, bien après toi, que cette voie-là se montrerait sans issue, nous nous quittâmes définitivement sur une place de la grande ville, il s’en souvient très bien…

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(livre 4, préambule sur le sujet)
Réflexion amusée sur le côté illusoire de la « branlette ! »
— Oui, mais laquelle ? L’intellectuel ou la sexuelle ? Les deux, Monseigneur !
— Ah ! Diantre, m’en direz-vous plus ?
— Oui, si vous en avez le temps, mais je dois ressasser tous mes sentiments accumulés depuis tant et tant, que je m’y perds un peu toujours… Patientez donc encore un moment, que je me remémore le tout, trie le bon du mauvais, arrange un peu pour une meilleure compréhension et vous le raconte prochainement, soyez en assurés !
— C’est très aimable de votre part ; je vous en remercie d’avance et attendrai comme il se doit, mais ne tardez pas trop tout de même…

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Mon éveil reste très lent
sans aucune illumination,
imperceptible, mais venant
sûrement sans mon contentement
c’est que j’éprouvais tant à réaliser
et j’avais si peu à défaire…
j’ai perdu quarante ans de mon temps
voilà tout, la belle affaire !
Maintenant que ton monde est à refaire (reconstruire)
s’en ira bien vite ma carcasse
bouffée par les mythes (mites), asticots et autre
litière épidermique…

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L’auteur d’un concept, d’une idée, des mots et puis des phrases, il n’est pas propriétaire puisque c’est le vivant en nous qui nous l’a inspiré. Ce n’est qu’un problème d’ego et de vanité, cet accaparement tant désiré des choses, que l’on déblatère ou fasse on veut y laisser notre trace, une croix, un logo, un signe…
Disant cela, si mes écritures vous plaisent, plagiez-les donc je m’en fous totalement ! Je ne suis pas le propriétaire de ce que l’on a mis dans mon crâne, je ne faisais que passer et je vous lance comme ça les mots qui me viennent, ils n’appartiennent à personne, ils se donnent à qui veut en user. Arrêter avec vos droits d’auteur, je le sais, vous serez mes voleurs, comme moi-même j’ai déjà dérobé naguère des phrases avec les vocables d’un autre, c’était inévitable ! Je ne puis être qu’un faiseur, un passeur de mots, ça rentre et puis ça sort ! C’est tout ! Cela ne s’évacue pas immédiatement aussitôt après, les choses que l’on ingurgite et recrache dans une gueulante de termes plus ou moins pertinents, qu’on appelle aussi l’inspiration, ont besoin d’un mûrissement, comme pour un fruit ! C’est dans cette mixture parfois contrariée que vous exulterez en transformant ce que vous avez pu absorber naguère, ou récemment, et selon la hauteur du jaillissement, ce sera beau, laid, génial ou de la merde ! Oui d’accord ce n’est pas nouveau, mais il est bon de le repréciser par moments.

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Sur le livre vendu ici vous ne paierez que le prix qui a coûté à la fabrication de cet objet, plus les frais de vie de l’auteur, c’est tout !

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Pourquoi les moustiques font bzzz ?

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Euthanasie ! Ne pas confondre avec un tas de nazis qui vous « euthanasièrent » goulûment avec assiduité naguère…

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Voir à créer un chapitre où l’on énumère à la queue leu leu, des phrases grappillées à droite ou à gauche, venues de mes pensées ou de mes écoutes, déposées ici sans un ordre établi particulier ; mais pouvant former une sorte d’intermède entrent les principaux thèmes de la narration. Ils s’ajoutent au haïku… (conjuger avec les égalités)

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Mots qui s’assemblent, puzzle de la mémoire à recoller.

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Depuis le jet de cette ferraille, à trois ans, deux réalités cohabitaient, celle sans intérêt d’un petit d’homme et celle d’un autre, apparu à peu près à la même époque et qui suivra sans cesse le parcours du premier. L’existence du second ne prendra effet que dans la perception de sa présence. Véritablement dans un dédoublement subtil du premier, il s’en aperçut qu’à la fin de sa vie. İpanadrega est le second ?
Il s’excuse par avance d’avoir parasité celle du premier et comme celui-ci semblait désœuvré il lui proposa de transcrire sa propre aventure, son parcours, en réaliser la somme de tous ses songes. Le premier le savait, il apparaissait conscient de sa médiocrité et voulu bien qu’İpanadrega l’inspire et lui fasse écrire une œuvre mémorable, qu’il puisse en être fier. Mais, le premier sans orgueil ne souhaitait aucune tromperie et désirait que l’on dise toute la vérité (à moins que cela fût exprimé par le second, on ne sait plus très bien). Le second en resta d’accord, et imperceptiblement accepta ce contrat d’une parole donnée comme gage sincère ; put commencer ainsi l’histoire tant racontée. Des mots furent posés pour formuler à la fin un vaste livre.
Ce livre évoque la description de ce parcours, on ne vous demande nullement d’y croire, rien ne vous y oblige, mais pourriez-vous l’éprouver à travers vos songes et les comparer, et éventuellement en établir une synthèse pour au bout du compte l’ajouter à une histoire universelle, comme une brique, une trace, la boucle serait ainsi fermée ?

Vous l’aurez compris, le premier apparut aux yeux de tous comme l’auteur, mais ici à travers ce dit-là, il atteste qu’il n’en reste rien, il n’est qu’un passeur, un faiseur de mots. Il le signe timidement avec embarras cet ouvrage, pour se conformer à l’usage ; mais il hésite, il ne se sent pas faire partie de ce groupe d’hommes que l’on appelle « écrivain », non, cela lui échappe totalement. Son talent propre et relativement médiocre et ne suscite que peu d’intérêt. Non, encore, il fallut le hasard de cette vibrance qui lui fit rencontrer İpanadrega, pour qu’une inspiration véritable prenne jour (essor).
En fait, ce discours, il essaya de multiples façons de le transcrire et lui échappait l’accroche authentique. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que les mots s’imposèrent à lui avec une évidence remarquable.
À la fin de celui-ci, le premier redeviendra médiocre et disparaîtra, son empreinte propre n’ayant, nous l’avons déjà dit, que peu d’intérêt. Seul importe la trace laissée et celle-ci se nomme İpanadrega ! Le reste d’eux demeure alors futile…

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Je sais que ce manque d’ego déplaît fortement à certaines femmes, il est considéré comme une faiblesse. Je l’ai souvent remarqué devant des choses futiles où elle attendait que j’exprime une certaine autorité, pour affirmer ou contrer un avis qu’elle désirait que celui-ci soit contredit, une lutte du mâle plein de testostérone… Ce point de vue défaillant et relativement primitif m’a toujours fortement déplu, je n’y ai régulièrement vu là qu’un instinct précaire absolument sans attrait et source de bien des dysfonctionnements dans les esprits simples qui s’en laissent abuser, de ses discours à l’autosatisfaction très affirmés. Dans cette logique, on pouvait donc confirmer que j’apparaissais comme un « mal baisé ». Ironie de l’histoire, cette attitude m’a toujours écarté de déconvenues illusoires et je me remercie moi-même (petit ego sans démesure) de ne pas y être tombé ni me perdre au-dedans ; c’est déjà ça.

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Le bruit de la tonte mécanique des herbes au loin…
Voilà bien le plus détestable son qui soit ? Cette dépense d’énergie entend vouloir couper une plante qui ne cesse de grandir, mais quand allez-vous la laisser vivre sa vie cette herbe que sans cesse vous rapetissez ? La seule chose qui me met en joie c’est qu’elle pousse toujours et énerve l’humaine bête qui sévit en vous : vos tontes interminables… Des deux protagonistes, qui aura à la fin, le dernier mot ? Devinez ?

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À toutes choses quand elles sont trop ritualisées on y trouve comme un enfermement.

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Il ne s’agit pas de croire !
Mais de penser !
De réfléchir par soi-même…

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L’attachement demeure une prison si l’on n’y prend garde, des liens naissent et ajoutent un aveuglement sans discernement.
L’attachement devient un enfermement, s’en détacher est une raison de plus pour briser les chaînes de la passion. Cette sensiblerie porte un nom, ce n’est pas sûr qu’elle apparaisse sans raison ; un agissement de plus qui innocente le jeune garçon ou fasse d’une fille un ange ou un démon, c’est selon les ombrages qui auront garni la cuisine de votre vie, une chierie ou un cercle avec dedans toute une envie.
Il ne semble pas certain quand le soir j’aboie, que ce soit sans raison, après, dès que le doute s’installe, il aurait bien tort de tourner autour du pot, son sort c’est une autre prison.
L’attachement deviendrait donc une petite passion sans moyens ; tout dépend de l’ampleur que prendront ses élans ; tout dépend du rôle que l’on aura dans le mets préparé par la vie, pauvre manant, tu t’illusionnes des façons ! Mais en détiens-tu les facilités, de ta carapace, sors la corde de ton attachement, et que voudrais-tu que l’on y accroche ? Dis-moi ? Tu me traites comme un sans amour, plus que de raison, je ne peux donner tort à ta passion, je devrais avoir vécu mille vies sans éprouver toutes les variations d’un attachement possible dans toutes vos adorations ; il se trouve que je ne sais pas ce que représente la mesure sereine et juste de cet attachement, autrement, ce fut déjà dit ici, ce serait déjà une prison !

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Monsieur « n’es’ba ! », était un dictateur enchanteur, il disait toujours cela : « n’es’ba ! », une forme simpliste du « n’est-ce pas » commun ; mais comme il s’exprimait avec un accent et sa position de tyran authentique impliquait qu’on n’osât pas émettre une quelconque remarque sur le sujet, histoire d’éviter l’ennui que susciterait sa réaction despotique très méchante, « on ne se moque jamais d’un dictateur ! Sous peine d’un enterrement, le vôtre ! » Soit dit en passant.

Ah ! Il faut bien le mériter votre sale air !

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Le lien fort développé entre les travailleurs des mines, leur fraternité, leur fierté d’y avoir descendu dans le trou de leurs peines enivrantes, j’ai vu des misères innombrables (pas les miennes), renvoyées en travers de ma figure… « t’es qui toi pour médire sur nos travaux à la mine ? »
— Vous pourriez envisager un autre avenir ? Déménagez ou vous associez, pour prendre possession de votre mine, contrer les propriétaires, ou vous reconvertir si du fer ou du charbon il ne s’en trouve plus, vous adaptez aux changements, je ne sais pas moi ! Ne plus vous rendre esclave de ses lieux ; on dirait que vous aimez cela ? Vous m’apparaissez bien trop obéissants !
— Eh ! Le révolutionnaire de mes deux ! Tu crois que c’est facile ? Pour qui nous prends-tu, tu penses que l’on n’a pas déjà essayé ?

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Le temps n’avait plus la cote dans l’écoute de son écoulement, il avait beau raconter de braves histoires ou méditer dans des écrits devenus illusoires, puisqu’on ne les lisait guère tant ils n’intéressaient pas. Sauf entre deux travaux qu’on lui demandait, il osait bien une rêverie ou deux, un appétit amoureux ; il les récitait pour montrer un goût à la vie, alors on supportait bien par pure politesse sa hardiesse pour des mots à l’emporte-pièce qu’il émettait dans ces moments-là, par pure politesse, oui ! Entre deux bâillements, on faisait savoir que le temps passait et que s’il partait ce serait bien. Sans s’offusquer, il remballait sa mémoire, l’ami au bout d’un récit qu’il ne cessait d’écrire les soirs après les tâches du déplaisir, du « faut bien vivre ! » ; pour au bout du compte ne gagner que trois bouts du pain. Cela dura quarante-cinq ans ainsi. Mais ce fut pendant les dernières années de sa vie qu’il entama la plus vaste narration de toute son existence, certains diront toute l’étendue de ses mépris, mais cela ôte une envie à son auteur, qu’on ne devrait pas oublier l’ennui que procurent des longueurs dans une destinée sans fruits, sans rancœur, sans exacerbation de quoi que ce soit. Alors, comme par nécessité, il inscrivait sur ses manuscrits toutes les exhalaisons ressenties, des sentiments de l’esprit des hommes. Puis pour comparer, évaluant la prose, soupesant la somme des méditations ainsi transcrites, il refaisait la critique du genre humain, puis édifiait un roman parallèle à son récit commun. Sous des airs d’une fausse pudeur, osa même le discours d’un grand roi, un tyran, pour se donner les allures d’un véritable inquisiteur qu’il ne sera jamais, il le devinait bien. Tout au bout, il bâtit tout un amoncellement de textes très disparates dans une sorte de chronique imparfaite pour dire du bien, pour dire du mal, pour dire « vous saviez bien ! » Et jouer une comédie ironique devant la glace posée au-dessus de son petit buffet où il répétait journellement les lavements de son corps.
Tout le temps, il aimait rédiger inlassablement et tenter des « liseriez-vous ceci, ou cela, ce que j’écris là ? » Toujours, un long silence gêné affirmait « non merci ! Ton emmerdante littérature, on chie dessus ! », voilà ce qu’il entendait, et il se demandait enfin : « demeurait-il donc si mauvais ? »
Il avait beau relire sa prose, il ne trouva que de sommaires corrections de grammaire ; et puis quelques sens à rajouter au cœur du récit ; oh ! rien de bien méchant ; depuis tant et tant qu’il rédige cette mélopée fruit d’une imagination débordante. Parfois même il n’arrive plus à suivre le rythme de tout ce qu’il ingurgite et restitue… Puis peu à peu le fleuve se tarit, tout ce qu’il trouvait à transcrire fut mis sur des pages, des milliers de pages sans maugréer. Son temps des hommes allait s’achever et il ne déplorait rien puisque ne subsistait aucune chose qu’il puisse regretter. Tout passe si vite, se souvient-il… Comme avec un mandala, il se demande si son ouvrage ne devrait pas être détruit, afin qu’un autre plus tard reprenne cette épreuve comme une méditation, un recommencement futile, ce que représentait son moment de vie. Il se pencha un peu et réfléchit à ce qu’elles montreraient les images qui lui donneraient cet instant de gloire, s’il restait pour que l’on édite enfin son manuscrit ? Cet ego-là il ne le concevait plus, il lui apparaissait illusoire et maintenant sans aucun attrait possible à ses yeux. Devenons sérieux pour émettre encore quelques frimes, le cycle des hommes ne représente qu’une facétie offerte à la vie ; ces êtres ne demeureront pas éternels dans le long poème qu’elle égrène, elle a déposé au creux de certaines de ces progénitures cet élan à travers maintes inspirations pour déborder leur esprit de plein d’inventions et par là apprendre bien plus que cette simple action à dépeindre le monde et s’y épanouir ; mais non ! Ils éprouvent des cauchemars et lances des bombes atomiques, dans quelles errances sont-ils tombés ? Devra-t-on tout rattraper, retaper ce dernier siècle, il apparaît comme un sommet de la cruauté, permettez donc que certains puissent s’évader et offre un petit message à cette bougresse de vie : cesse alors de tout savamment expérimenter, puis ils crient « oh ! cette horreur ! il ne faut plus recommencer ». Dans ce rythme pas forcément épatant, inventons une nouvelle mélodie dénuée d’éclats (ceux de la bombe, évidemment, que croyez-vous ? Que je sache et voie où vous la laisseriez tomber ! Vous rêvez !)
Ton succès ! Ne te leurre pas, tu n’émerges nullement dans la comédie des hommes, ton succès ?… Ne t’en émeus pas, cette crétinerie qui les illusionne ; ne te prends pas pour… une pomme… parce qu’elle sera mangée sans détournement. La logique d’une faim (fin), tu connais ? Ce ne sont pas tes habitudes, ne t’en abuse pas ; aucune réussite, cette désuétude du genre ordinaire attise l’ego et enfle ta cheville ; petit être griffonnant que tu es. Vous parliez de quoi l’autre jour, quand je suis passé, je n’osai pas vous déranger, vous étiez accaparé à débattre de tout ? Tu ne lui exprimais pas de tes succès envisagés, j’espère, dis-moi, tu n’as pas réalisé cette erreur dans ton jugement de toi ? Pourquoi cette pâleur ? Qu’est-ce qui te lasse ? Je vois que tu t’agaces de mes remarques, ironise ! Ne traite pas le sujet avec ce sérieux outrageant, ose le rêve dans d’autres tourments, ou faire en sorte qu’il devienne ce songe facétieux qui t’inonde certains soirs, te poussant à l’écriture incessante presque dans le noir. Ta carcasse en a mal au dos, je le sais, je vois tes courbatures et le placement de ton corps quand tu dors ; même dehors dans tes balades, ton inclination à ne sortir qu’avec ce bâton, ton dernier support pour tenir debout encore. Triste renommée des anatomies vieillissante, litanie des maux énumérés en vagissant « qu’on n’a plus vingt ans ». Ne t’inquiète pas, bientôt tout cela sera négligé, tranquillise cette carcasse usée, elle a assez duré ; vient le temps de songer à demain et de rire, en observant tes succès hypothétiques à travers quelques lectures mélancoliques vite oubliées, celles des passants de la rue des renommées, feuilletant un livre abandonné, tu y trouveras un des tiens, tu verras…
Ayant absorbé le monde suffisamment maintenant, il régurgite tout ce qui l’oppressa, le tourmenta, puis ajoutant quelques gaietés entre les plats principaux du grand récit qu’il débite bien haut !

Parfois, il se remémorait les songes de son adolescence ou des malaises l’importunaient régulièrement ; dans des périphrases énigmatiques, il élaborait une conscience qu’il considérait quelque peu décaler face à cette humanité déboussolée. Sa perception du monde, nous vous l’avons de maintes manières répétée, il lui semblait étrange et parfois désolé ; il s’affirmait à lui-même sans trop y croire, mais le pensait tout de même, « je ne suis pas né dans ce monde, je viens d’un ailleurs ignoré et l’on m’a laissé là par mégarde, il faut que je parte tantôt, demain, mais bientôt, il faut que je parte… ce théâtre m’apparaît trop étrange et je ne me sens pas de la lignée des hommes, je ne me retrouve pas dans cette espèce, je ne me vois pas dans cette race, je suis… mais je suis quoi déjà ? »