(texte (??) - fixé 11 août 2017 à 23h26)

—> « il » devient « elle »

Sur les rives Attunamech, des gens ont gardé une souvenance et la récitent à qui veut l’entendre, une bien maigre histoire qui commençait ainsi :
« Elle » était une enfant irréaliste, née dès la conception de son être, improbable et sans émotion. Du jour au lendemain, elle devint un de ces monstres d’envie que le monde redoute et son créateur n’eut de reste qu’un désir : la voir détruire le château de sable de ses démons. « Elle » ne détenait au début, pour son aisance, qu’une vague esquive, à peine cette force des muscles qui vous font casser de ces vitrines où les masques tombent, comme ces têtes en forme d’entonnoir, massacrées frénétiquement à la foire. C’était une idolâtre, un vent futile sans émoi, une figure de style, une arabesque sans bons sentiments, une vague aubaine [mais forte tête, cela, elle le conteste, la belle affaire !]… Jadis, dans les contrées du bout du monde, il se racontait qu’un étrange être eut ravagé les terres australes à coups de bottes et de chagrins. Les poseurs disaient de ses méfaits « ce sont de viles digressions faites de gestes impromptus », précieux mots inattendus qui ne vous donnent pas le moral… C’est que d’inconnues engeances les gardent en mémoire à travers des romans alarmants, écrits tout le long des vastes hivers ! Des sortes de paroles rocailleuses, faites de rien, faites de peu, de très petits souvenirs ; des soucis surtout, enfin c’est ce qu’on en dit, cela n’est pas très clair, et malgré tout, anime le grand monde et l’ennuie assez. Vous pouvez en rire, ici… et là… [Elle les montre sur une mappemonde et s’en va.] « Elle » a lu tout cela. Elle n’en tire aucune fierté, car c’est une enfant au cœur rejeté qui voudrait vivre, ne serait-ce qu’un été, la mine réjouie des innocences claires où brillent des fontaines de « flots bleus », c’est son imaginaire à peine désuet. Elle se voit dire « c’est merveilleux » ; et vous écoutez tout son tralala de mots mielleux ou futiles, elle adore cela… Qu’elle paraisse bête ? Non, niaise certainement, un peu. C’est qu’elle aime ces mots sirupeux au romantisme bidon qui vous donne de ces « allures ! » Évidemment, elle, n’ose point le panache, elle se croit sotte et s’illusionne donc, dans de savants apprentissages, corrigeant ainsi sa prose pour la réciter à nouveau sans une tâche ; insatisfaite d’elle, elle refait sans relâche. Aussi, elle a gardé un rêve ou deux au fond de son placard, une horrible et sombre cachette, qu’elle protège fiévreusement, la main sur la gâchette. Faites alors attention à ce que vous dites… quand vous restez auprès d’elle…

[ Fin véritable provisoire de la narration ]