(texte électronisé - 11 juin 2011 à 19h09)
—> 5. « ajoutements », récits antérieurs, primitifs, oubliés :
—> voir version transposé pour tragicomédies « mal habitus »
À un homme mal fichu, une voix intérieure lui parle…
À un homme on lui raconte…
À un homme on lui dit…
(Indications scéniques : l’homme à une table assis boit un café fumant)
(Voix off : douce et lente)
Vous voilà bien mal en point, tout mal fichus, votre moral en prend un coup, la vieillesse approche, si nous vous offrions non pas une cure de jouvence, mais un corps sain, où nous lui aurions enlevé toutes les maladies ?
Hein !
Qui est-ce ?
Qui parle dans ma tête ?
Ne vous inquiétez pas, nous ne vous voulons aucun mal !
Ah oui, c’est quoi cette embrouille ? Qui est là ?
N’ayez aucune peur, ne craignez rien, au contraire… Nous vous proposons d’enlever les affections qui s’insinuent en vous…
Oui… euh ? Je ne comprends pas, pourquoi me parlez-vous dans ma tête ?
Oh ! votre écoute est perturbée, il ne vous reste qu’une oreille et les sons n’arrivent plus comme avant. Nous avons considéré comme préférable de s’adresser à vous de cette manière.
Ah ouais ? C’est de la télépathie ?
Si vous voulez !
Où vous trouvez-vous ? Où se cache le micro, l’écouteur ?
(Il se retourne et regarde autour de lui…)
Oh ! vous ne trouverez ni présence, ni micro, ni écouteur, nous parlons en vous.
Mais qui est là ? Allez-vous me répondre, à la fin ?
Ne vous énervez pas sans raison. Nous allons vous expliquer… Nous vous présentons, disons-le ainsi, l’opportunité, qu’une forme d’existence, la nôtre, vous propose d’explorer vos dedans ; et puisse recombiner les éléments mal en point, de votre corps, de manière à en améliorer le fonctionnement ; vous ôter le mal sous-jacent, vous redonnez goût à la vie.
En quelque sorte, nous représentons une sorte de guérissement, certe une volonté magique pour certains. Nous désirons seulement que vous puissiez accomplir votre existence d’homme à la mesure de ce que vous devriez être.
Mouais… Bizarre ? Pas très claire, votre proposition ; comprenez que j’ai de sérieux doutes, là.
Nous saisissons parfaitement vos hésitations !
Vous n’allez pas me dire que vous êtes Dieu, venu me parler, comme ça, par hasard pour passer le temps… C’est une question !
Ah ! Ce Dieu nous reste totalement étranger, ou plutôt correspond à une perception primitive des choses de l’univers et de sa réalité, elle n’a pas beaucoup de sens pour nous, car notre connaissance du monde dépasse votre entendement… Il vous manque des savoirs immenses à acquérir pour comprendre pourquoi nous vous donnons seulement cette réponse, désolé !
Votre cerveau actuel ne peut appréhender les notions nécessaires… Plus tard, peut-être dans les siècles à venir… Ne vous vexez pas, c’est inutile.
Nous faisons de notre mieux pour adapter notre expression à votre langage, en vous froissant le moins possible, votre compréhension du monde reste si imparfaite…
Vous n’allez pas me dire que vous êtes des extraterrestres ?
Cette notion n’a aussi que peu de sens pour nous, c’est infiniment plus subtil que cela, tout se trouve dans tout… Votre raisonnement et votre perception ne sont pas à même de concevoir ce qui nous définit, vous devriez tellement évoluer, pour cela… Mais notre propos ne consiste pas à parler de nous, mais de vous. Admettre cette opportunité faciliterait grandement les choses.
Admettre, admettre ! Elle est bien bonne celle-là !
Nous vous le redisons : vous voilà bien mal en point, mal fichus, votre moral en prend un coup, la vieillesse approche, si nous vous offrions un organisme sain où nous lui aurions ôté toutes maladies ?
Donc vous me proposez un nouveau corps tout neuf ? (ironique)
Non, vous gardez votre enveloppe charnelle, nous éliminons seulement les affections actuelles et à venir, celles que nous aurons détectées, aucune immortalité là-dedans, uniquement l’opportunité de rendre la suite de votre vie plus sereine.
Ça pourrait me plaire, mais je suppose que votre proposition ne reste pas sans arrière-pensée, une adroite manière de me demander, en échange… non ? (incrédule) Vous n’allez pas me vendre le « mythe de l’homme qui vend son âme », tout de même ?
Nous ne connaissons pas ce mythe, comme la plupart des histoires de vos ancêtres d’ailleurs, nous ne nous intéressons qu’au présent, mais nous vous observons malgré tout depuis fort longtemps déjà…
Pourquoi devrions-nous échanger quelque chose avec vous ? Ce n’est pas notre propos.
Oh ! ce mythe, c’est l’histoire d’une personne âgée qui conclut un pacte avec un envoyé du diable en troquant sa vieillesse pour une jeunesse retrouvée, mais à la place il y perd son âme.
Mais de votre âme nous n’en voulons pas, nous la connaissons, elle est celle de tout homme, ces fondements appartiennent à ce que vous appelez la « vie », elle possède ses bases au creux de vos gênes, c’est une sorte de codage que vous décryptez encore mal aujourd’hui, mais vous réalisez déjà de grands progrès.
Il vous manque une notion simple que vous découvrirez certainement sous peu, « le déterminisme des choses », pour le dire facilement, cela ne vous semble pas encore très clair, c’est juste un problème de conscience et d’appréhension du monde.
Nous avons une difficulté à nous exprimer comme une entité physique telle que la vôtre ; le « nous » n’étant ni plusieurs, ni un, pas vraiment vivant, au sens où vous l’entendez sur terre.
Nous réalisons un pari sur vous, celui d’améliorer votre état, simplement.
Pour parler clair, nous estimons que si vous étiez moins abîmé, réparé des maux qui vous guettent encore et qui fatalement s’ajouteront à ceux qui vous rongent déjà, nous éviterions que votre vie devienne un épuisant calvaire ; vous ôtant toute envie de perdurer longtemps sur cette terre et d’accomplir ce pour quoi vous avez été crée et vous interpelle sans cesse…
C’est inscrit en vous, vous n’y pouvez rien, cela vous revient régulièrement en tête n’est-ce pas ?
De quoi parlez-vous ?
Vous le savez bien !
Vous lisez dans les esprits ?
Ce n’est pas exactement cela, mais nous vous étudions depuis un certain temps déjà et estimons que votre existence a bien besoin d’un peu de chance…
Rien de divin dans tout cela.
Nous nous sommes insinué en vous pour vous proposer cette suggestion, elle émane de votre cerveau et vous êtes en train de l’écrire, ce qui vous arrive, n’est-ce pas ?
Vous rédigez bien cette conversation en ce moment même, elle vous semble étrange, vous n’y croyez guère encore totalement, votre perception deviendra entière quand celle-ci sera terminée…
Seriez-vous ces hommes assez malins, ayant découvert l’astuce pour parler au-dedans de nos crânes ; vous seriez des espions, des savants fous, des mystificateurs, je ne sais quoi ?
Nous ne correspondons à rien de tout cela…
Et puis même, si vous soutenez ce que vous prétendez être, me diriez-vous la vérité ?
Voilà la question : me dites-vous la vérité ?
Dois-je vous croire où non ?
Ça devient très malsain !
Nous ne vous demandons pas de « croire », mais d’abattre les obstacles qui vous empêchent d’accepter cette situation en écrivant mot pour mot toute notre discussion, sans en omettre un seul. Alors là ce sera la vérité ! Nous ferons en sorte qu’elle se transforme en une réalité parfaitement perçue !
En fait, vous nous observez, pour vous occuper, en pariant sur nous ?
Si vous voulez ! Mais vous aussi, vous pariez sur tout et rien ! Comment définiriez-vous vos loteries, vos casinos ?
Êtes-vous Dieu ? dois-je « croire » en vous ? (ton ironique)
Nous ne sommes pas « Dieu », nous résidons en dehors de cette conception très « humaine » des choses. L’imaginaire de votre cerveau, n’arrive pas encore à percevoir autrement sans passer outre ce concept du « Divin », il ne correspond qu’à un stade d’évolution grégaire de votre nature vivante, mais votre espèce dépassera cette conception pour survivre. Ce sera un choix très pragmatique.
De notre point de vue, nous prétendons ne prêcher ni un quelconque amour ni une paix d’ailleurs ; vos croyances ne vous donnent que des affrontements, vous apportent que des guerres et des massacres ; pas de quoi permettre l’évolution de vos civilisations, à travers de pareils concepts, vous devrez pourtant bien vous passer de ces conditionnements encore bien trop dogmatiques ; pour survivre, tout simplement.
Mais là, ne réside pas notre propos, c’est de vous qu’il s’agit, en ce moment. Vous seuls nous intéressez à cet instant.
Ce que vous appelez « Dieu » ne représente qu’une interprétation des hommes, de ce qu’ils perçoivent de leur âme, une certaine conscience de l’existence, très imparfaite, dogmatique, parcellaire et trop souvent érodée et souillée par des idées de domination, de pouvoir sur le corps et les esprits ; mais c’est un début de compréhension qui devrait s’améliorer au fil du temps…
Vous confondez « dogme » et « conscience », vous en concluez une vérité indiscutable à laquelle vous ne souhaitez pas toucher et c’est là votre grande erreur, vous ne trouverez rien d’immuable dans l’univers ; tout change perpétuellement, c’est le seul élément que nous, nous comprenons comme éternel ou comme une constante.
Ce que vous écrivez en ce moment même, vous vient indistinctement sans négocier quoi que ce soit, votre perception d’homme s’affine et tente d’explorer des voies nouvelles. Vous ne savez pas pourquoi cela vous arrive, tous les artistes vous le diront, dans leurs « créations », guidé par quelque chose d’indéfinissable. Certains y voient, certes, la main de Dieu. Votre évolution, c’est un lent processus de la perception du monde qui vous entoure, de l’univers et de toute sa création et du reste encore ignoré de vous.
N’oubliez jamais, vous résidez au-dedans de lui, il est votre concepteur, il possède tous les éléments nécessaires, de vous et des autres êtres, vous êtes inclus en lui ; vos constituants, les atomes qui vous compose, furent créés au cœur des étoiles, qui, depuis leurs naissances jusqu’à leurs explosions gigantesques, flashs galactiques éminemment destructeurs, sont les génitrices des ferments essentiels à de futures existences. Vos télescopes actuels commencent juste à les observer.
Oui, mais vous n’avez pas répondu, pour quelle raison j’aurais été créé ?
Dites-moi ?
Nous n’avons pas d’idée finie sur le « sens de la vie », car c’est en fait de cela que vous voulez nous parler ? Les choses existent, parce qu’elles apparurent un jour par la force des éléments en présence, c’est ainsi ; elles disparaîtront un autre jour inévitablement, remplacées, transformées par ce qui les emportera… Cette discussion tourne en rond et ne nous fait pas beaucoup avancer !
Vous ne me dites pas tout !
Que désirez-vous savoir de plus ?
Pourquoi m’avoir donné toutes ces maladies alors ? Sadique !
C’est le hasard de la vie, c’est votre héritage, à la naissance, nous n’y pouvons rien. Vos gènes se combinent parfois de manière inappropriée et certaines déficiences, acquises au cours de votre existence, vous posent déjà des problèmes et vous en donneront encore davantage demain, c’est pourquoi nous vous apportons cette proposition.
N’auriez-vous pas pu la réaliser plus tôt ?
Et pourquoi moi, plus qu’un autre ?
Et en quoi cela vous importe de me demander si je veux ou pas ?
Mais enfin, pourquoi me dites-vous tout cela ?
Que de questions ! Naguère, l’idée de vous aider n’existait pas, puisque nous ne vous avions pas encore trouvé. Notre présence reste aussi le fruit du hasard ; la vie sur terre, un phénomène qui génère de nombreux êtres ; nous ne pouvons intervenir partout à la fois. Nous procédons par petites touches successives et attendons après chaque opération, pour suivre l’évolution acquise, puis de nouveau parfois, des retouches en fonction du résultat espéré.
Tout ne représente qu’expérimentation, recherche, exploration, nous ne considérons aucun déterminisme préconçu. Nous obéissons nous-mêmes à un autre déterminisme indistinct, à un niveau différent du vôtre évidemment…
Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’interagir avec vous comme nous l’avons déjà pratiqué avec des vivants similaires à vous-même, par le passé, et encore à l’avenir, probablement nous recommencerons.
Je vais devenir immortel ?
Non ! Votre vie va se dérouler plus sainement jusqu’à votre décès inévitable, l’immortalité c’est comme la perfection ou l’infini, cela n’existe pas vraiment, ce sont des concepts erronés et fallacieux qui n’ont pas beaucoup de sens à nos yeux.
Alors pour vous aussi, pas d’immortalité ?
Si nous devions comparer notre entité à la vôtre, nous obéissons aux mêmes lois universelles que vous, nous ne pouvons y échapper, sauf que chacun reçoit à sa naissance un héritage unique…
Vous me faites penser à cette paysanne, savez-vous ? Il y a plusieurs siècles déjà, une bergère aurait entendu des voix, venant du ciel. Elles l’aurait convaincue d’aller parler au roi de l’époque et de prendre les armes contre les occupants du pays et les repouser hors des frontières. Je ne serais pas étonné que cette histoire représente une savante et machiavélique mystification du pouvoir en place, même si les faits apparaissent sûrement en partie vraisemblables…
Nous ne mémorisons pas vos passés, où les récits de vos ancêtres nous importent peu, c’est votre avenir qui nous occupe et le développement de votre forme d’existence qui nous préoccupe…
Et si je n’accepte pas, vous allez me balancer tous les cancers du monde en guise de représailles ?
Nous ne changerons rien, si vous refusez, et nous vous laisserons alors à vous-même comme auparavant, vous terminerez votre cycle d’existence sur terre, livré aux aléas de votre mal, sans plus…
Quel intérêt y a-t-il à vous nuire ? Posez-vous cette question ? Cela est bien loin de nos préoccupations.
Je sens le coup fourré, comme une embrouille !
Libre à vous de penser cela !
Votre art me paraît terrifiant !
Nous comprenons votre émoi, votre nature (humaine) actuelle n’est pas à même de percevoir ces choses que par un grand étonnement et de la frayeur. Votre cerveau ne sait pas encore appréhender de telles situations, mais vous avez la capacité d’apprendre très vite, c’est ce qui a retenu notre attention sur vous. C’est votre santé qui nous préoccupe, elle bride votre épanouissement, nous voulons y remédier. Avec les connaissances que nous possédons, qui dépassent la vôtre de millions d’années, rien ne peut se comparer ici ; nous vous apportons en quelque sorte une collaboration opportune !
La vie au sens où vous l’entendez ne représente rien d’unique dans l’univers, il y existe des mondes parallèles qui se chevauchent, se croisent, interagissent entre eux, contiennent des entités, formes d’existences multiples, d’une grande diversité. Vous ne pouvez imaginer tout cela et n’en avez évidemment pas conscience aujourd’hui. Le vivant ne représente qu’une particuliarité parmi d’autres, une évolution comme une autre de la matière.
Dois-je tenir secret notre échange ?
Pourquoi écrivez-vous alors tout cela, pour l’oublier ensuite ? Non ! Le processus de notre discussion se doit d’être répandu ! Vous devrez le faire connaitre. Rien de mystérieux là-dedans, réfléchissez bien !
Sinon à quoi bon le transcrire ?
J’ai bien peur d’inventer un nouveau mythe avec cette histoire, je ne sais pas quoi en penser.
Croyez-vous ? Pourtant vous explorez tous les possibles, chaque mot écrit semble bien résonner, le texte vous le remaniez maintes fois, votre tâche s’avère difficile, mais vous pouvez retranscrire toutes les subtilités de notre discussion… C’est notre pari !
Surtout, ne vous laissez pas abuser par votre imagination, elle peut vous jouer des tours et vous faire écrire de médiocres propos sans rapport avec votre guérison… Mais vous verrez, à la fin, vos doutes seront atténués.
Si j’accepte, aurais-je encore mal ?
La souffrance ne viendra que de l’effort.
Vous devrez effectuer un travail soutenu et garder une grande attention à tout ce que vous écrirez. Tout vous arrivera de la tête, de vos pensées, de vos humeurs et de nos entretiens… Vous devrez conserver une attitude impartiale avec vous-même.
Cela durera longtemps ?
Tant que se poursuivra notre échange !
Alors que décidez-vous ? avez-vous choisi ?
Oui, je veux bien, c’est d’accord !
Bien !
Comment allons-nous procéder ?
Cela a déjà commencé !
Le processus de guérison a débuté dès les premiers mots de votre écriture et de notre discussion.
Il se terminera avec la fin de votre rédaction…
Il se terminera quand tout ce qui sera à dire sera dit…