(parole en marchant - 31 janv. 2019 à 13h57)
—> 1. « İl », il, lui, dans les rêves nouveaux, 205.
Malgré qu’il soit né comme eux, identique à eux, les vivants (ses semblables), il ne s’estimait pas digne de vivre auprès d’eux plus longtemps ; ou plutôt modifions les termes, il ne se trouvait pas adapté à cohabiter avec de telles entités, trop imprévisibles, trop agressives, lui qui souhaitait plus que tout le calme et un monde pacifié ; ce monde-là ne l’était pas, trop multiple, trop effervescent, et de naître au sein de l’entité la plus prééminente, la plus dévastatrice, ne faisait que le conforter dans son appréciation de ce monde-là ; il aurait voulu que l’assemblage des particules qui le forment le fasse apparaître dans un univers moins délétère.
Il voulait admirer le monde, le contempler dans sa diversité et sa beauté ; et ne pas être entre guillemets « emmerder » par des êtres obnubilés par leur ego, leur besoin d’accaparement de tout, cette nécessité qu’il faut travailler en tout (occasion) pour mériter cette subsistance où l’on doit partager son bout de gras, et que cela, on vous l’impose par la force souvent ; qu’il faut obéir à une (quelconque) entité supérieure qui se croit le maître local (du moment), et (dire) qu’ils sont tour à tour déchus de leur poste par plus vindicatif qu’eux (n’ajoute rien de bon à leurs méfaits coutumiers). De tout cela, il ne l’a jamais souhaité, eh, plus que tout, de comprendre dès l’âge de trois ans qu’il en héritait le (un) comportement par une violence qu’il ne comprenait pas ; c’était comme l’on dit dans certains coins (certaines contrées), c’était « le pompon », « la cerise sur le gâteau » ; c’était ingérable à vivre de s’apercevoir que l’on puisse naître aussi « con ! » (lui, comme les autres…).
Allez au-dessus de son entendement, de son entendement, mais pourquoi ? Pourquoi cela ; pourquoi ça ? […] déjà, on ne naît pas avec un nom, on vous le donne (c’est votre étiquette pour la vie), même si vous n’en voulez pas ! (Alors têtu, lui ajoutait) « eh, moi, je n’ai pas de nom ! » Cela résonnait, toutes ces considérations résonnaient, oui ! au creux de lui perpétuellement ; tous les psys choses comme ça, diront de lui qu’il est dans un drôle d’embarras, qu’il somatise (snif), qu’il est dépressif, qu’il est inadapté, non sociable, et tout ça, et tout ça… Mais non ! ils se trompent lourdement, l’entité qui le régit (snif), qui lui fait penser ou assimiler, inspirer par quelque chose que nous ignorons tous, lui transmet des informations qui le font tergiverser en permanence, mettant au-dessus de tout un « doute » dont il ne peut se défaire… Il doutait de tout, même de lui-même, puisqu’il se méfiait d’abord de lui et de ce qu’il était ; une dissociation, effectivement, une bipolarité selon certains, une schizophrénie selon d’autres, un dédoublement de lui opérait (ça, c’était certain et vérifiable véritablement). Comme cela se constate depuis déjà un certain temps, l’on sait qu’en nous, existent (persiste, subsiste) des entités multiples qui se contredisent et qui le questionnent tout le temps, à tel point qu’il se sent parfois devenir fou, mais c’est la contrepartie, celle de tout ressentir, de ne rien enlever, aucun filtre, tout était perçu ; était-ce cela son drame (snif) ? Peut-être pas ? Ou peut-être oui, selon certains côtés, il devait en contrebalancer (snif) une énergie qui serait une force. De tout percevoir, c’est comme le chien avec son nez perçoit (renifle) des raffinements de l’air que l’humaine bête qu’il est, ne perçoit pas. Oui, c’est au-delà de ses sens, ce sont des sensations, des énergies qui subsistent autour de lui, qui sont perçues plus que tout (snif). Il ne devait pas, ne devait non pas s’en défaire, mais faire (improviser) avec, eh, utiliser cette énergie perçue comme un moyen, peut-être une force, oui, pour subsister encore un peu parmi eux (snif)…
La distanciation, toujours, aspect bien développé par ces savants du psy, quelque chose comme ça, (ils) ont décrit ce fonctionnement selon des critères conformes aux sociétés du moment ; mais jamais, oh grand jamais, ils ne confrontèrent leurs impressions, leurs constatations, au-delà de leurs entités vivantes (propres), ils n’osèrent point se voir comme une entité extérieure à eux-mêmes, ils n’osèrent pas ce détachement, qui l’imprégnait (bien) lui, celui dont on parle (snif)…
Un détachement vous rend asociale ? Pas forcément ! Il met une distance entre l’autre et soi, il évite les attouchements, une quelconque tendresse ou expression du corps, et c’est tout ! Si son corps, eh, c’était son cas, n’était pas adapté à ces attouchements, il n’en avait jamais véritablement vécu la teneur (snif), il n’en éprouvait pas un (aucun) manque. Nous l’avons déjà dit sûrement, ne nous manque que ce que nous avons déjà vécu (ou perdu) et qui se vit comme un regret. Si vous n’avez jamais vécu cela, une quelconque tendresse, une affectivité, vous ne pouvez pas en éprouver un manque de (à propos de) quelque chose que vous ignorez, on ne pleure que ce que l’on a perdu ; lui n’a rien perdu ni n’a rien gagné, il n’a senti que sa différence d’appréciation…
(Salut vieux chêne abattu ! Que tu es beau, et tes racines transmettraient donc ton histoire, cinq cents ans d’une vie, ici ; tu la leur gardes en mémoire aux autres, les plus jeunes, tes enfants, les cohabitants de toi…) (snif)
Puisque nous essayons de décortiquer cette sensation, cette perception quelque peu subtile, qui n’est pas comprise par beaucoup de ceux qui le côtoient (snif), eh, quand bien même, il (lui) n’ose aborder cela, de peur de les effrayer. « Ils ne comprendraient pas ! » se dit-il, peut-être ? Et que du tourment, puisque c’est perçu comme un tourment, ils ne veulent pas y être confrontés. Depuis que l’humanité se pense humanité, ou prit conscience d’un quelconque soi, comme l’on dit, ce tourment apporter devant cet inconnu-là, ce tourment-là, ils ne veulent pas l’affronter, et pour s’en détourner, ils y ont mis des croyances qui les réconfortent ; quelle qu’elle soit, la croyance, religieuse, savante, philosophique (artistique), tout ce que vous voudrez, oubliant peu à peu tous les fondements du soi qui les représentent dans leur imaginaire, l’essence même de ce qui les fabrique. Oui, au creux d’eux, dans les plans de fabrique de leur propre conception originelle, y sont inscrites des choses qu’ils semblent ne plus arriver à dire ou à discerner (snif), une distanciation se fait aussi ; à sa manière l’humanité se différencie, se distancie du milieu qui lui permet d’exister. Eh, lui, au fond de lui, il sentait (bien) ce détachement ; était-il dans l’erreur, lui qui se détachait de cette humanité-là, où était-elle, elle aussi, dans l’erreur de se détacher aussi du monde (ce milieu) qui lui permettait d’exister ; il y avait un discernement à ce propos qui l’interrogeait profondément. Des plus à plaindre, lesquels étaient-ils ? Lequel était dans l’erreur, lui, ou eux, ou tous ensemble ? (snif)
Cette sensation n’est pas venue par hasard, elle est apportée par des considérations qui s’imprégnaient au creux de sa mémoire, de sa pensée, sans qu’il le veuille ; ce n’était pas son imaginaire qui lui inventait des choses, c’était une perception nouvelle, persistante, qui lui apportait une information particulière, et il (se) devait (de) la discerner, la décortiquer, comme un anthropologue décortiquerait (dans l’étude) des peuplades qu’il côtoie (snif) ; lui devait s’imprégner de cette sensation et l’étudier plus que de raison, afin d’en comprendre les prémices ; elles ne venaient là, pas par hasard, elles étaient comme un petit signal d’alerte ; un petit voyant rouge (souvent) qui clignotait plus ou moins fort, tantôt rouge, orange ou vert, selon l’importance du discernement ; une alerte fugitive (snif) lui apportant une information cruciale venue du plus profond paysage, une sorte de contre-balancement (snif) d’influx immémoriaux qui lui disent, « attention ! tu t’égares peut-être ? », ou, « tu navigues dans un égarement qu’il te faut explorer avec précautions… »
Voilà où il en était, à ce moment-là, ici, aujourd’hui, moment très précis, je dis cela sous une pluie venante, froide et battante…