(parole en marchant - 28 mars 2019 à 16h06)

—> 2. « petit chemin » : 28 mars 2019, un papillon blanc (suite)
—> à relier comme une suite aux récits :
—> du 26 mai 2017 (à 19h02)
—> 1. « İl », peregrinatio, livre 2 : 75. un papillon blanc

version originale
version courte

Un papillon blanc ; quelles exhalaisons venant de moi l’attiraient tant, je ne savais, je ne compris pas tout de suite ; ce n’est qu’au moment du repos, au moment du repas, ce fut un aliment plus que les autres qu’il l’attira, se posait dessus et s’en délecta, comme moi d’ailleurs, si je n’y prêtai pas attention tout de suite, je pus gober la chose alimentaire en même temps que ce papillon, si assidûment occupé à ingurgiter la chose. J’étais dans le même état, j’aurais pu les gobés tous les deux, l’aliment et l’insecte ailé en blanc, tout de blanc (tout de go), sans m’en apercevoir, tant j’étais fatigué ; dans ce repos illusoire, qui ne dura qu’un instant, le temps de reprendre quelques forces et de recommencer ma marche ; le papillon se reposa comme moi, après être repu, et quand je recommençai ma marche, il me suivit encore tout un temps, le temps que la substance que nous ingurgitions mutuellement, s’évapore, engloutie dans chacun de nous, et que ses effluves, la senteur (qui s’en évade) s’évade, disparaisse !
Alors là, à cet instant, tout papillon qu’il était, de ma présence il s’en écartait, et moi, sans plus attendre, je fis pareil. Je levai la main comme un salut, il virevolta un peu plus hâtivement de quelques battements (d’ailes) plus actifs que d’habitude, pour me signaler son contentement d’avoir partagé cette substance, ce nutriment, ensemble…
Qui vous dit que les papillons ne vous reconnaissent pas, ne savent (pas) converser autrement (qu’avec des battements d’ailes, tout comme nous) qu’à travers des mots et des paroles que je vous transcris ici ; ce que je vous transcris ici ce fut des émotions, des ressentis, des impressions, une mémoire, un regard, des gestes, des mouvements, un souvenir de lui comme de moi, dans aucune opposition (ni fâcherie), moi le géant pouvant l’écraser à tout moment et lui, l’infime bestiole ailée (en virevoltant autour de moi, cela) pouvant potentiellement m’agacer (si je ne désirais) ne désirant aucun partage de ma nourriture ; je le laissai faire, au risque de le laisser (la) contaminer, mais je ne sais, une confiance s’établit entre nous, je ne me souviens plus quel étais ton genre, ton espèce dont tu faisais partie, je ne m’en souciais guère ; de ton nom, je ne le sus jamais, celui que les hommes te donnèrent, du nom savant ou du nom vernaculaire, de cela je ne sais, cela n’a pas d’importance ? C’est cet instant du partage, de l’effort mutuel dans nos avancements réciproques qui apportèrent à chacun de nous un contentement suffisant, banal, insignifiant, que j’essaye par ces mots, de vous transcrire un peu, et tout aussitôt vous oublierez ce que je dis là, c’est si peu… Quel mérite aurais-je à édifier toute une mosaïque de ce contentement, en faire une cathédrale, un exploit ? À la vérité, même si une partie de mon imaginaire l’imprégna, ce récit-là, il édifie dans ma perception du monde, de possibles ententes, des moments de paix, des moments de vie simple et ordinaire, suffisants pour des lendemains que l’on voudrait extraordinaires et qui ne le seront pas forcément, ou jamais, ou tout à la fois ! Sentir au creux de toi (soi), (une) nature charmante ou ignoble, (celle) ou nous nous trouvons (ou) nous vivons, nous naissons vivons et mourrons (en son dedans), quoi de plus ordinaire, en somme…