(parole en marchant – 9 mai 2019 à 20h43)

—> 1. « İl », peregrinatio, péroraisons inutiles : 221. (des voix), « ne plus entendre les oiseaux »

(Le chant des oiseaux accompagne mon chant à moi, bien moins mélodieux, ma parole, celle d’un vieux portant cette parole comme un adieu)

Le jour où je n’entendrai plus les oiseaux, c’est que je ne serais plus, c’est que je ne vivrais plus, c’est que le monde n’aura plus besoin de moi, ni ne désirerait que je sévisse (encore) ici ; déjà que je ne lui montre que très peu d’attrait (d’intérêt) à ce dernier, il n’y aura aucun regret.

Le jour où je n’entendrai plus le chant des oiseaux, c’est que je ne serais plus, et l’oiseau de passage me dit « c’est triste et triste ! », mais oui, je lui réponds, « je sais bien, je ne t’entendrai plus, moi qui ne te vois guère, tu es si petit, si hors de ma portée, la seule notion de ta présence, c’est ton chant, et quand je sais qu’au bout de celui-là, il y a un petit être qui s’envole élégamment, cela me charme forcément… » Oui !

Le jour où je n’entendrai plus le chant des oiseaux, c’est que je ne serais plus, c’est que ma carcasse se sera volatilisée, se sera décomposée, c’est que les choses qui me composent (bâtissent) iront quelque part chacune d’elles, l’une à la terre, l’une dans l’air, une dans le vent, une dans le ventre d’un ver de terre ou d’une bactérie, voire un virus qui s’engouffrera dans mon gène démuni, profitera de mon ADN meurtri…

Le jour où je n’entendrai plus le son des oiseaux, c’est que je ne serais plus, parce que je ne pourrais supporter le peu (de sonorité) qu’il me reste à percevoir, curieusement ces sons si aigus, qui m’enchantent tant, ceux part qui j’ai pu écrire tout ceci, ne l’oubliez pas ! Moi qui m’adresse à quelques individus qui liront ceci ou peut-être personne, je m’en fous éperdument d’ailleurs. Mais de l’avoir dit tout ceci, ah ! cela me satisfait grandement, moi qui ne souhaite aucune gloire, offusquant mon propre ego meurtri de cela ; il me fait la gueule, mon ego, il voudrait que je sois académicien, nobélisé même, non mais ! tu me prends pour qui ? De cette flatterie, de ces flatteries-là, je n’en désire vraiment aucune, je m’en balance comme de l’an quarante, même de l’an quarante et un, ça ne serait pas mieux. Non ! dans cette pause soudaine des oiseaux où je ne les entends plus ici maintenant, ou très vaguement… ah ! si, ça revient…

Le jour où je ne vous entendrai plus, mes chers amis inconnus, moi qui ne vous ai jamais vu (ou si peu aperçu), qui eut besoin de me documenter pour voir quelle gueule vous aviez ; eh bien, ce jour-là, je ne serais plus et ça sera très bien comme ça…