(texte manuscrit – 26 mai 2019 à 16h30)

—> 1. « İl », péroraisons inutiles, 219.

« Je me suis toujours senti de passage ! » disait-il à celui qui voulait bien l’entendre, que son parcours ne sera que momentané, un instant fugitif du temps et qu’il ne méritait pas que l’on s’y attarde si longtemps. Cette notion temporelle apparaissait étrange et agaçait beaucoup celui ayant bien rempli sa vie.
« Cette lassitude que vous éprouvez à cet instant de moi, montre bien qu’il faut que je m’en aille ! Vos dictateurs, ceux-là, des obstinés qui veulent rester en place, drogués qu’ils sont de leur pouvoir ; il sera toujours éphémère, comme pour moi, pour tous, ne durera qu’un instant fugitif dans l’histoire de cet univers. » C’est bien pour cela que l’éternité ne nous sera jamais donnée, nous ne saurions quoi en faire, sinon de nous y user, pour elle aussi, son immortalité n’est qu’une illusion. « Pauvreté d’âme, je prédis, à celui qui ne l’a pas compris ! » Voilà que je parle à la manière d’un prêche, comme si j’étais adepte d’une religiosité quelconque, histoire de brouiller un peu les pistes, afin que l’on ne m’attrape pas là où l’on voudrait me voir : dans une prison ! Méfiez-vous toujours de la mystique des autres, comme la vôtre, elle ne vaut pas forcément mieux. Additionnez-les toutes et vous obtiendrez le plus horrible des tourments dont il faudra vous dépêtrer. Du courage vous aurait alors, si vous y arrivez à le dépasser ce tourment des hommes, cette fois désuète portée par quelques illusions sans têtes, ou justement l’on s’entête pour rien. Tout sera défait, de toute façon, même nous, notre espèce qui vous l’a dit « éternelle », sinon un Dieu sempiternel ? Des illusions comme ça, j’en ai à la pelle ; où voulez-vous que je vous les stocke ? Dans votre entêtement, dans des ouvrages sans talent, dans des mémoires en sang, quel sera le meilleur agent pour les préserver, les richesses de votre agacement ?

Mais au bout du compte, vous médisez, vous médisez, mais vous ne faites rien ! Ah ! Non, je ne fais pas rien, j’écris mon rapport, mon compte rendu, pour solde de tout compte, justement ! Ce n’est pas rien ! Quand il sera achevé, vous pourrez bien le lire ou le brûler, en faire un autodafé, ce ne sera pas le premier, je n’attends rien de vous, disais-je, mais je ne fais pas rien pour autant. Je dois bien l’avouer, ce monde inspire beaucoup et beaucoup de lui me traverse, alors à force, j’en garde un peu des choses qui me traversèrent (traversent). Pour établir un rapport, justement ! Vous tombez bien, je vais noter ce que vous me dites et vous répondre avant que je vous quitte ! Dans ce compte rendu, il y aura toutes les réponses mêmes incomplètes mêmes imparfaites, elles seront dites et au bout, il se pourrait bien que je vous quitte ?