(parole du matin – 16 mai 2019 à 09h25)

—> 1. « İl », livre 2, « l’idole »

Un jour, il croisa une célébrité, ce que l’on appelle par ici, un artiste ! Un personnage de l’art ; comment s’appelait-il déjà ? Il ne s’en souvient plus. Par contre, il se souvient très bien comment il réagit ; autant il avait aimé son spectacle, il en avait rigolé de son aventure ainsi racontée à lui (il avait même rigolé de cette comédie de la vie, et puis), cet artiste qui passa devant son nez (après la représentation), à qui il fallait pourtant dire bonjour, quelques mots d’accueil, une plaisanterie, une insulte au pire, s’il désirait l’atteindre par on ne sait quel vice, par on ne sait quel drame qu’il inventerait, par méchanceté, par gentillesse refusée, rien de tout ça ! Dans les présentations qui furent faites par (l’entremise d’un) un ami qui connaissait déjà cette personne (l’artiste), il ne trouva rien d’autre à dire qu’un bonjour fugitif (suivi d’un long silence), il ne trouvait pas les mots, aucun mot ne sortait ! Comment cela se peut-il (qu’on n’éprouve) qu’il n’ait rien à dire (à ce point) ? On aurait pu parler de quelques éléments du spectacle, dire « que la machinerie que vous utilisez par moments (dans votre comédie), arrive-t-il qu’elle tombe en panne, comment réagiriez-vous à ce moment-là, y avait-il une solution à cette panne ? » Dire n’importe quoi, plaisanter ! Mais non, rien ne venait, il restait dans un silence froid qui ne dura que quelques secondes, une gêne s’installa et l’artiste fut le plus gêné de tous, bifurqua, allant voir d’autres personnes avec qui la conversation s’établit tout de suite ; lui, le « il » de notre histoire, comme une île entourée d’un vaste océan, n’avait aucun mot à exprimer à (dans) ces moments-là ; la célébrité, il trouvait cela amusant, mais au fond de lui-même il n’enviait pas ces personnes ; qu’avait-il à leurs dires, sinon rien, rien qui détonne ?