(parole électronisée – 5 juin 2019 à 9h45)

(parole électronisée dans la maison, à 9h45)
—> ajouter sonagrammes « marche, avion, oiseaux » du 25 mai 2019
—> deuxièmement, aparté des sonagrammes, avec « découvertes sonores » du 26/05/2019 18h45.

(ajout du 23 avril 2020 à 15h20, texte original)
Les machineries de son entourage ont gardé cette souvenance :
› Ce jour-là, il demanda l’aide du robote pour qu’il transcrive vite, à la volée, une inspiration impatiente voulant sortir de sa tête…
› Ou plutôt, c’était un matin, il lui avait demandé de transposer aussitôt en écrit ce qu’il racontait, lui, l’holobionte momentané de ce récit, toutes ces choses sorties de sa tête sans qu’il sache pourquoi ; il demanda à nouveau au robote de mémoriser sa voix, il lui relut ce texte fraichement transcrit de sa tête, pour simplement percevoir « comment ça fait » quand on dit des choses comme ça. À peine satisfait du résultat, il s’en était allé se détendre dans la forêt, oubliant par mégarde, cette fois-là, la petite machine enregistreuse, celle qui mémorisait les sonorités du moment, sa voix, celle des oiseaux, du vent ou du grincement des arbres, un oublie pour s’en remettre, penser à autre chose et s’oublier un peu…

Un 25 mai 2019, à 15h07

zoom (sonagramme de 3’59 à 4’05), cet oiseau-là faisait aussi de l’art moderne, et il ne s’en vanta pas plus que ça ; d’ailleurs en langage oiseau du coin, l’on parle d’un « titui titui ! triiiii ! », ou « titui » pour les intimes. Les trilles et les « titui » seraient ceux d’une Mésange charbonnière (l’on peut confondre avec les trilles de la Pie bavarde), elle tient à rester anonyme (des fois qu’on viendrait lui piquer ses œufs)…

variations le même jour, même enregistrement, vue stéréophonique (microphones droit et gauche, de 3’31 à 3’38) ; à 3’36, captés d’un seul côté, les trilles d’un autre oiseau répondant à la Mésange…

L’art moderne, l’art moderne, pfff ! c’est peanuts à côté du chant des oiseaux, ils furent modernes bien avant l’heure des hommes, quand on fait une image de leurs chants tout ressort en grand, y’a pas plus moderne ! c’est fort ! c’est grand ! y’a pas plus moderne ! ils ont déjà tout inventé sans rien dire, c’est à nous de les découvrir ces fresques modernes d’un art que nous n’atteindrons jamais, eux ils peuvent se permettre véritablement une envolée lyrique digne de ce nom, d’un simple chant, d’un simple cri, d’un simple hululement ils vous peignent toute une mélodie qu’on ne saurait usurper sans une fraude, un mensonge, à dire que c’est nous qui l’avons faite cette peinture-là, gros mensonge sans honte, même de cette parole-là nous n’en sommes pas les inventeurs, la nature l’avait créée avant nous, idiots que nous sommes, oublieux que nous sommes, la nature en nous n’a fait que nous dire copie moi ! copie-moi ! indéfiniment, continûment jusqu’à la fin des temps, petit renégat, tu n’entends peut-être pas suffisamment, écoutes, écoutes le chant des oiseaux, ils ont déjà tout dit en grand ! et ils nous regardent du bout d’une aile, l’air songeur, d’en haut, dans un vol éclatant, même si parfois, innocemment, méchamment, nous leur tirons dessus pour nos mangeailles vulgaires, notre faim, assoiffés que nous sommes d’un avenir sans lendemain, nous le savons déjà notre destin, périr de notre lourdeur, il faudra que nous renaissions sous une forme plus évoluée, comme l’ont fait les dinosaures trop lourds, ils ont réduit leur envergure et la vie s’ingénia en transformant leurs pattes, leurs bras, en ailes pour l’envol lyrique tel le moustique qui déjà virevoltait autour d’eux et qu’ils le gobèrent tout de go, voulaient-ils seulement l’absorber pour un nourrissement ordinaire pour tenter d’effacer ce concurrent dans les airs ? notre nature à nous devrait les imiter, bien plus qu’auparavant, nos chants à nous sont encore lourds, et notre envol mériterait quelques élégances que nous n’avons pas encore apprises, n’avons-nous pas suffisamment regardé ni trop écouté l’oiseau ? regarde entend voit ! et tente toi aussi cette envolée lyrique dans une indépassable légèreté de l’être telle qu’elle fut écrite dans l’engendrement de nos vies, tente cette évolution subite pour que nos armes tombent stupéfaites que l’on puisse s’élever en grand nous aussi si haut si loin sous un soleil radieux, je dis cela avec un air et une voix bébête sans fard sans aigreur, moi aussi quand je lève les yeux vers le ciel, déjà je sens que le vent tente de m’élever, c’est à moi-même de faire le reste, me transformer suffisamment pour atteindre cette légèreté de l’être… l’on pourra se taire dorénavant, aucun mot ne sera suffisant quand dans le ciel je vous verrai si petit si versatile d’une insignifiance débile dans vos acharnements guerriers dans vos magouilles ordinaires dans vos périples grégaires, vous êtes si petits, même si mon corps reste en bas, déjà mon esprit plane très haut là-haut là-haut… que mon corps se consume, que mon corps soit achevé, que mon corps soit descendu, que mon corps dépérisse, dans un air entendu, je peux bien vous le dire maintenant, tout m’est sorti de la tête pour rejoindre cet imaginaire qui imprègne l’air où je ne m’y envole depuis un certain temps déjà, je vous le laisse ce corps, il devient illusoire ne m’octroie aucune véritable passion aucun désir, il est trop lourd, trop pesant, le temps n’est pas suffisant pour que l’on puisse l’alléger exactement afin de me rejoindre là-haut là-haut !

› Oh ! Cette parole-là va en vexer plus d’un ?
› Oui, il se prend déjà pour un oiseau !
› Il idéalise, c’est certain…