(parole du soir – 4 juill. 2019 à 23h54)

—> 1. « İl », la retournée, expérience de printemps 212.

Expérience de lui
Je commence à comprendre la suite ?
Le microphone le plus près possible…
Comment sont organisées les choses ?
Je vais laisser le micro ouvert toute la nuit… pour voir jusqu’où (juste pour voir) dans mon sommeil ce qu’il se passera ? (Pour voir jusqu’où elle ira la folie ?)
Je n’arrive pas à trouver le créneau utile, la logique de l’entendement que je souhaiterais mettre, les écrits plus anciens de deux mille seize, deux mille dix-sept, me semblent dépasser, il faut les outrepasser, les transfigurer, les recontextualiser dans une enveloppe différente, donner une autre perspective, l’aspect niais de notre rencontre était (étant) divulgué, ma vision est plus froide maintenant ; le détachement est trop prononcé… (l’histoire attend !)
J’éprouve de moins en moins de choses d’humaines, mon processus est enclenché…
Que vont-ils faire de moi, je n’en sais rien ? *
Je ne veux rien ébruiter, jusque… au moment décisif où tout sera terminé. Il te reste un an et demi mon gars ! (il te reste peu de temps mon gars !) Dépêche-toi, dépêche-toi !… (quelle sale histoire tout de même)
Je commence à comprendre quelque chose, cette expérience est étrange ?

* Une sale petite paranoïa du dedans de la tête se pose la question à propos de ceux qui l’écoutent, un ennemi, un ami, un dédoublement de soi, une certitude toutefois, l’on n’est pas tout à fait seul dans le cogitement cérébral qui nous anime…

(parole électronisée - 5 juill. 2019 vers 18h00)

À la lecture des quelque huit heures d’enregistrement, je n’y ai pas trouvé au début que les paroles ci-dessus, mêlées à des bruits divers ; ajoutons-y les chants de la nuit des oiseaux, et quelques ronflements ne durant pas bien longtemps, quelques mouvements aussi sur ma coucherie lors de mes retournements et mes rêveries ; le chant d’une colombe, au matin, et peu avant mon éveil, des rumeurs incongrues de la rue, au loin, le déplacement des machines roulantes et des engins que les ouvriers du coin démarraient pour leurs travaux précaires : refaire la route, tondre les pelouses, reboucher les tranchées, puis bituminer celle traversant le chemin menant à ma demeure, que des bruits ordinaires, aucun rêve extraordinaire, aucun miracle la machine enregistreuse ne les mémorisa pas, même s’ils étaient là ! Sauf peut-être, par-ci par-là, en agrandissant bien, des détails, ceux de quelques chants sobres et élégants de certains oiseaux dans le noir, des détails infimes à trouver dans plus de huit heures de cette mémoire du temps local ; des petites vibrations toutes maigres récoltées pour ma collection sonore, quoi de plus naturel, en somme. Il ne me reste plus qu’à retrouver le nom de ceux qui chantaient si bien cette nuit…

(parole électronisée - 6 juill. 2019 à 11h00)
Expérience non concluante ; mais quoi donc je cherchais, je ne sais ? Faudrait-il recommencer bien des fois cette façon de mémoriser les vibrations de l’air qui m’entoure, pour y trouver quoi ? Une voix que je n’aurais pas entendue dans mon sommeil et qui me soufflerait en détail la résolution de tous les travaux qu’il me reste à produire, en finir avec cette écriture sans prestige ? Cette manière systématique de dénigrer un travail somme toute précaire, où vais-je en effet, je ne sais ? Les instants les plus pénibles sont le creux d’une mémoire qui se vide et dont rien n’y entre à nouveau pour le combler, ce vide ! Serait-ce un manque d’imagination, une pause avant l’orage, celui de mes divagations futures, ou un nouvel éclair de raison viendrait balayer tout cela…
Laissons passer la crise, qu’elle se noie dans l’inconsistance de mes propos du jour, faisons profil bas, n’osons aucune discorde.