(parole électronisée – 1er juill. 2019 à 12h20)

—> 1. « İl », la retournée, 209. Apporter la contradiction à de vains propos…
—> À LAISSER MURIR !
—> Étendre le propos dans une critique des textes antérieurs avec renvois aux numéros de chapitres correspondants.
—> Étudier la question d’un éventuel résumé critique, des préjugements, au début de « premièrement » : mettre les pieds dans le plat tout de suite !

 apporter la contradiction

Voilà ! Nous sommes aux urgences de la santé mentale de l’individu, il est accusé d’avoir dénié son espèce et de s’être révolté de sa condition, il revendique une autre altérité, nous devons le juger sur ses actes et surtout sur ses écrits qui le présentent comme un scribe alors qu’il ne parle que de lui ; il prétend parler au nom des autres, et plus particulièrement d’un autre dont nous ignorons toute l’existence, ce dernier né de son imaginaire serait cet être emblématique qu’un tourment inimaginable agite, un double de lui-même non avoué ; le plus pathétique, il veut nous faire croire à cette idée et l’agite comme une relique…
Nous sommes aux urgences de la santé mentale de cet individu oui ! Et nous devons déterminer s’il dit la vérité, s’il ne fit que rapporter des propos là où un autre racontait une histoire hypothétique ou s’il s’agit d’une invention pure. Nous avons recherché cet autre sans le trouver évidemment, puisque nous en sommes convaincus : il n’existe pas !
Pourquoi nous traitons en urgence la santé mentale de cet individu ? Parce qu’il ne correspond pas à l’expression typique d’une humanité commune, il revendique le droit de déverser dans sa prose délétère tous les éléments d’une prétendue réalité qu’il n’a fait qu’observer, puis de l’inscrire dans cet ouvrage multiforme, manuscrit, oral, de la voix, mémorisée, elle est transcrite dans les supports modernes de notre temps.
Pourquoi cela est-il si urgent de traiter sa santé mentale à celui-là, devons-nous en avoir peur ? Contrebalancer son propos à travers des arguments contradictoires afin de mettre au grand jour un certain nombre de méfaits, des mensonges et autres faits ! Apporter une vérité, la nôtre, au-devant de la sienne, ce qu’il prétend être l’unique vérité !
Sa santé mentale nous montre un être en perte de genre, en perte de son espèce, la sienne ! Il ne veut plus être des nôtres, il rejoint par là le prétendu protagoniste de l’histoire qu’il raconte, ce scribe sans nul doute n’est qu’un écrivain, malgré qu’il s’en défende, nous ne jugerons donc pas de la qualité de sa prose ni de l’audace artistique que, à travers elle, il prétend avoir. Un vulgaire écrivain, oui, sans en avoir le titre ni la reconnaissance, comme c’est d’usage.
Pourquoi le juger alors ? Parce qu’il prétend, à travers son personnage, une pure invention, pour vivre mieux, qu’il suffirait de changer de corps ! Rien que ça ? Sa santé mentale ne le rend pas apte à sévir auprès de nous ; et qu’il profite des biens matériels de notre pays, de la tribu, du peuple ou d’une caste. C’est un usurpateur et nous allons le prouver en dédoublant son récit, nous lui apportons, accoler au sien, la contradiction d’un récit conforme à une perception saine, celle que les institutions de notre contrée ont déversée à travers toutes nos philosophies, nos arts, nos sciences, ou toute spiritualité acceptée par le peuple…

Votre commentaire se termine maladroitement, votre inspiration est partie, vous ne savez plus quoi dire ! Vous désirez juger d’un ton péremptoire et que déjà il s’émousse votre argument ! Corrigez vite cette allégation avant qu’elle ne vous rattrape dans vos contradictions.
(Premier témoin)
Oh ! Nous ne faisons qu’explorer cette idée de lui opposer une contradiction à cette entité qui refuse d’être nommée. Le sait-il seulement, pourquoi il refuse obstinément tout nom dans cet entendement ? Je n’en suis pas si sûr qu’il ait des certitudes, absolument ?
(Autre témoin)
Je crois qu’il ne fait qu’explorer un certain nombre de possibilités, à comment l’agencer, ce récit indéterminé, il ajoute sans cesse, et sans cesse il ne peut terminer…

Absolument ! C’est tout à fait ça ! Il ne peut y avoir de conclusion définitive.
Vous l’avez donc lu son récit ?
Pas complètement, puisqu’il n’est pas terminé…
Ah ! Oui, j’avais oublié !
C’est un peu confus tout ça n’est-ce pas ?
En effet, les phrases les mots viennent et je crois qu’il est un peu dépassé par les événements, par la masse d’informations qu’il doit traiter, il atteint des limites physiques de l’entendement, une seule vie ne peut appréhender toutes les mémoires en même temps, elle doit temporiser par moments, se reposer, laisser un peu fuiter le temps et recommencer plus tard dès les prémices d’un nouvel entendement.
C’est beau ce que vous dites ! C’est de lui ?
Oui, un peu, je me remémore les paroles d’un de ses personnages, une vieille personne, je crois ?
Ne soyez pas trop sévères avec lui, vous jugez un peu trop hâtivement ; il a raison de dire que les êtres que nous sommes sont vindicatifs et quelque peu tatillons dans l’idée que notre règne (celui de notre espèce) ne peut être contesté, nous prenons, et par là nous possédons, nous estimons que cela nous appartienne parce que d’aucune part quelques autres entités ne nous contestent plus ce que nous avons accaparé *, c’est là toute la question !

Nous devrions relire ce qu’il disait ici et là (il montre du doigt les endroits du litige). Relisez et vous me direz si c’est bien, si c’est honnête, si c’est cohérent ce qu’il nous raconte. Une pensée se doit d’être cohérente !

Oui, il n’a pas fait les études suffisantes pour avoir un entendement correspondant aux normes de la pensée, c’est qu’il ne sait pas penser justement ! C’est brouillon, c’est chiant ! Excusez le propos, mais c’est un cri du cœur qui me vient là et je connais sa rancœur.
Jamais il ne vous répondra, le savez-vous ? Le récit laissé n’est pas signé, d’aucun nom !
Il a ses raisons, du texte qu’en faisons-nous ? Il n’est pas à nous, mais son récit est libre et sans appartenance, c’est lui qui le dit ! Il ne revendique rien pour lui, il ne fait que rapporter ce qui le traversa et il n’en a pas la propriété de ces mots et de cet entendement-là ! C’est ce qu’il ne cesse de nous répéter, pourquoi vous ne l’entendez pas, cela ? Faut-il toujours un auteur, sur qui l’on peut cogner, comme on le fait maintenant avec lui ? Elle est pas mal la contradiction, il ne revendique pas la qualité d’auteur, alors comment faisons-nous ! Quelle accusation doit-on poser sur cette prose libre ? Elle est libre, bon, d’accord ! Prenez-en ce que vous voudrez, accusez, démentez, réfuter, peu importe, chacun est libre tout autant d’en prendre et d’en laisser. Il ne demande rien pour lui-même, ni commentaire ni promotion ni revendication, il s’estime libre de refuser tout cela et sur ça, il n’y reviendra pas ! C’est ce qu’il m’a dit d’un ton très péremptoire, en effet, et il m’a claqué la porte au nez.

Il prétend n’avoir pas eu le choix, au début de votre vie vous êtes plus ou moins amenés à choisir justement là où vous voulez aller, mais en avez-vous le choix véritable ? Tout dépend de votre caste de là où vous êtes nés. Que peut-on choisir ? Une vie rangée sans heurts, où l’on n’aborde aucunement les problèmes de l’espèce que nous sommes, on obéit aux règles du moment sans faire de vagues, on n’ose pas la revendication, mais le plaisir de soi et des siens uniquement ; parfois, se permettre une aumône en l’accordant à quelques démunies du coin, un bien moral de soi, pour la paix de son âme et ne pas l’apeurer ; éviter par conséquent toutes remises en cause de son hégémonie face aux réalités de la vie, celle de toute autre vie…
Ou alors, dans un extrême inverse, refuser sa condition et se révolter, ne pas se contenter de la chance que l’on a de vivre dans un pays apaisé momentanément, se révolter aussi contre cette vision de la caste, de l’espèce, où tout doit être régenté en fonction de nos désirs, sans les confronter à ceux des autres, mais quels autres, ceux qui ne nous ressemblent pas, des plus petits aux plus grands, le reste des vivants, un monde dont nous faisons partie aussi ! Sans cesse, ressasser cette perception qui nous montre la réalité de notre situation « nous sommes au-dedans, pas en dehors » de la nature ; cesser de croire que nous sommes un règne à côté d’un autre règne, ce leurre de l’esprit s’avère maintenant dépasser, beaucoup encore se laissent abuser, une misère offerte à notre esprit vulgaire, très vulgaire et pathétique…

* À force d’avoir combattu tous nos rivaux, nous les avons soit éliminés ou confinés dans des lieux qui ne nous dérangeaient pas, momentanément. À aucun moment, dans cette logique, nous ne nous sommes posé la question de ce que ressentait l’autre, d’essayer de le comprendre, dans quels apeurements identiques aux nôtres ils se trouvent. Nous avons vaincu momentanément tous ces ennemis, ces êtres considérés ainsi parce qu’ils nous contestèrent jadis les terres que nous convoitions. Chaque entité est soumise à cette vindicte du désir, un mécanisme insidieux régi par un mécanisme génétique de régulation homéostatique égoïste. Rares sont les cas où une entente entre espèces recherche un échange équitable, un dialogue, une symbiose…