(parole du soir – 8 sept. 2019 à 20h13)
—> la raison du récit et son scribe
(l’on s’adresse à ce vieux bonhomme, et ça l’agace beaucoup ! Il feinte en feignant des propos de vieillard sénile au début…)
Je comprends même pas pourquoi vous vous intéressez à moi.
Eh, oui, mais enfin bon, vous êtes celui qui a écrit (sur) la chose !
Oh oui, mais moi je n’ai été qu’un scribe !
Oui, mais… c’est vous qui avez écrit…
Oui, oh, mais moi, j’ai fait ce qu’on m’a dit ! J’ai mis là où l’on m’a dit de mettre, hein ! Euh, j’ai… j’ai suivi à la lettre !
Oui (mais encore ?)
Moi, je suis pas intéressant, je suis rien, je vois même pas pourquoi vous venez… venez me voir ? Je suis insignifiant, sans aucun intérêt, aucun relief, rien ! Une vie austère au possible, de quoi dégoûter toute âme de bonne volonté… j’me demande même encore, « qu’est-ce que je fous là ? » (il rit sourdement sans se cacher)…
Pourquoi vous riez ?
Parce que c’est drôle ! Cet intérêt subit, après que je transmis ces quelques manuscrits, j’ai pas demandé, à ce que l’on m’interpelle à ce sujet, ce n’est pas moi qui ai donné (amené) cela, je n’en suis pas l’auteur, je n’en ai aucune « hauteur », c’est dire ! Je vois vraiment pas pourquoi vous vous intéressez à moi, vraiment ! Vous perdez votre temps, Monsieur !… Vous m’achèveriez, là, de but en blanc, que cela n’offrira aucun tracas aux administrations, l’on mmm… l’on m’ignore pratiquement, je suis un inconnu… Et de mon nom, vous n’en saurez rien, il ne sert à rien ! Je n’existe pratiquement plus ! Non, je ne comprends pas dans quel tracas vous vous mettez à me demander ce qui n’est pas de moi ? Je n’ai fait que transcrire, tout au plus, transcrire ce qui m’est venu, voilà, c’est tout ! N’y ajoutez rien d’autre, ce n’est pas moi la personne qui réfléchit aux quelques propos qui furent amenés, même si, ils ne s’avèrent fort nombreux… c’est un mécanisme commun à tout être ce qui s’est passé au-dedans de moi, on m’a donné une chose, je l’ai prise (transcrite), je l’ai posée à l’endroit qu’il fallait, et puis voilà ! Je n’ai été qu’un passeur, et ce qu’on devra en retenir, ce n’est pas celui qui passa l’information ou une autre, mais l’information elle-même. C’est ce qu’il y a dans ce que je vous ai transmis, qu’il faut s’y intéresser, pas à celui qui ne fit qu’un geste euh… tout à fait quelconque de vous le transmettre, même si je travaillai longtemps à transcrire cette chose afin qu’elle soit intelligible, certes, mais le travail essentiel, il a été fait avant, vous savez ! Avant que je le transmette… transcrive ce propos. L’élaboration, l’intuition, l’idée de la description, le mythe raconté s’il en est un, des histoires de quelques individus que j’ai rapportés, sont des choses qui sont plus ou moins arrivées, plus ou moins euh… romancées où quelques propos d’une philosophie quelconque, y ont été ajoutés, voire une poésie, voire… voire un tas de choses, même de sciences, certes ! Mais je n’ai fait que relater des faits, moi ! Qu’ai-je fait d’autre ? Après, on veut y mettre un auteur, vivre de cette avancée, de cette écriture que l’on aurait amenée ! En être « l’auteur », ben non ! Moi je ne suis auteur de rien, je refuse ce titre, vous comprenez, je le refuse absolument, puisque ce serait usurpé un rôle, une étiquette qui ne me correspond pas ! Cette écriture n’a pas été faite pour être euh… euh, considérée comme (d’un) un auteur, même médiocre, même excellent, peu importe la valeur que vous y apporterez. Il n’est pas intéressant de savoir qui émit une idée, une perception des choses, d’y mettre un nom (hop, la petite étiquette !), c’est la perception qui est intéressante, pas son « auteur », s’il en est un (pas celui qui l’a transmise), qu’on le cite comme une anecdote (tout au plus) ; c’est comme les ouvriers des plus vieux ouvrages ou comme le Termite qui construit ces gros ouvrages qu’on appelle termitière, on ne s’occupe pas de l’ouvrière, ce que l’on retient, c’est ce qu’elles ont fait, produit, aider à la nature, leur rôle qu’elles y ont joué dans toutes leurs formes, dans toute leur existence. De mettre un nom sur quelconque individu n’est qu’un souci d’ego et de monnaie ! La monnaie, si vous voulez monétiser ce que j’apporte, « voilà, je vous le donne, mais il faut me payer ! », c’est une façon bien narquoise de s’enrichir sur des choses qui ne nous appartiennent pas ! Comme faire « clic » avec une photo, y ajouter un droit d’auteur, c’est moi qui aie fait clic, mais l’image que j’ai prise (ce qu’elle montre), existait avant que la photo elle soit prise… et l’on s’accapare (s’approprie) ensuite le droit de reproduire celle-ci ? Non ! Jouez tout au plus une comédie, des gens qui s’animent devant une caméra, là d’accord, peut-être, mais tout ce qui est extérieur à nous, que l’on décrive ou que l’on prenne en images, nous n’en sommes pas ni les propriétaires ni les créateurs, nous ne faisons que transmettre aux autres ce que nous avons vu (entendu, ressenti, perçu, touché) ! Même le peintre (cet artiste-là, plus que tout autre) en est à ce propos, dans la même situation, même s’il fait une chose abstraite, ce n’est que le fruit de son imagination (l’inspiration venue le visiter un moment), Monsieur ! Et moi, permettez-moi de vous dire, artiste « peut-être », on devrait dire « peut-être », mais le premier artiste dans tout cela, c’est la nature, les forces qui s’égrènent tout autour de nous et qui nous permette d’exister ; la plus belle des réalisations artistiques qui soit est celle de la nature, elle n’est pas celle des hommes. Ils ne font que la copier, s’en inspirer (ils sont de sa création, et vous osez en comprendre l’inverse, quelle vaniteuse erreur que vous inflige votre ego mal éduqué, vous devriez le réprimander plus souvent, il mérite quelques fessées !). Ce n’est pas réduire l’activité euh… euh, des hommes à dire cela, c’est un fait ! Ensuite, ce n’est qu’un problème d’ego et de finances, de manières dont on vit entre nous, de marchander les choses que nous voyons, que nous exécutons, car si l’inspiration serait (s’avérerait) exclusivement de notre propre pomme, je n’ose me poser de plus amples questions quand il s’agit de définir qui nous inventa ; est-ce nous-mêmes ? Certains en ont la prétention, ils y mettent des religiosités à travers cela, non, ils vous mentent ! Soyons modestes ! Et je tente moi, une modestie à ne pas être « auteur » d’un récit, d’en être que le transcripteur, et c’est bien suffisant, je ne le monétise pas, même si cela serait (semblerait) tentant, mais à mon âge ? Je révolutionne peut-être la manière, certains vont s’en offusquer, ou voudront récupérer l’ouvrage afin d’y mettre leurs propres droits d’auteur dessus, quelques éditeurs, quelques écrivaillons (usurpateurs) de pacotille, je ne suis aucun de ceux-là, je ne suis qu’un scribe, peu importe sa valeur, peu importe ce qu’il est, ce scribe, ce n’est pas le propos. Le propos, c’est ce qu’il y a dans ce récit et pas autre chose ! Le style, la manière dont ce fut dit peu importe, on prend là où l’on a pu, une quelconque manière de dire, on s’inspira des choses déjà existantes, des autres façons de dire, des ancêtres, des gens qui vécurent avant vous, puisque l’on transmit la chose sous forme d’écriture et de parole, il faut bien que celle-ci s’inspire d’une manière ancestrale, ce qu’il y avait avant soit pour s’en servir afin de servir (déverser) le récit ; ne parlez que du récit, ne parlez pas de celui qui le transmit ! Essayer de comprendre l’argument vous fera peut-être avancer ? Quant à moi, il faut absolument m’oublier, je serais heureux, le jour où l’on ne parlera que du récit et n’en attachera aucune importance à celui qui le réalisa dans sa transcription telle qu’il est actuellement. Je ne cherche aucune gloire, aucun ego à satisfaire, c’est trop dans l’affaire, cet ego-là qui vous tarabuste tant, dont vous ne pouvez vous défaire, enlevez-vous cette idée-là une bonne fois pour toutes, et peut-être, cela ira mieux dans nos manières que nous avons, d’avancer dans ce monde nauséabond. Moi, c’est ce que je vous en dis, et si l’on parle du récit d’accord, je peux encore vous apporter quelques paroles à son sujet, mais de moi, maintenant, ici, tout de suite, plus rien, jamais, jamais !