(parole entre deux sommeils – 5 nov. 2019 à 0h23)

—> 3. « singes savants », philosophia vitae : le monde est trop vaste & se tromper tout le temps
—> version corrigée

Le monde est trop vaste ! Vous vouliez, vous voudriez être le sauveur de quoi, d’une espèce (d’un peuple), d’un clan, d’une caste ? Vous ne pourriez sauver qu’une partie si cela était possible, jamais une totalité ; « le monde est trop vaste », c’est ça que vous diriez à un dieu possible ? Il y a que la vie se fourvoie dans l’expérimentation qu’elle fait de nous, entre autres. Mais, de tout temps pour toutes les évolutions qu’elle eut, à tout moment la vie s’est fourvoyée tout le temps, eh, chaque fois sans s’interrompre, elle ressaya, tenta autre chose, dans un domaine, dans une direction, un chemin, une voie possible. Et à travers l’essentiel de son comportement, de tous les êtres vivants que compose le vivant justement, la grande majorité, ils se sont fourvoyés, se sont trompés, ont abouti à des embranchements qui se sont éteints. Le vivant a gardé l’expérience de ces échecs répétés ? Ce n’est pas si sûr ? Cela n’a pas empêché la vie de sans cesse se diversifier, se propager, d’insister. Eh bien, qu’elle se trompe, s’égare probablement avec nous, n’est pas bien grave, elle s’est déjà trompée avec d’autres et elle se trompera encore avec de futurs êtres qui n’existent pas aujourd’hui, mais seulement demain. Et d’erreurs en erreur, elle réussit parfois, justement, à produire quelques embranchements nouveaux. D’erreurs en erreur, elle arrive pourtant à perdurer en se trompant tout le temps très souvent, c’est cela que l’on doit retenir ! On apprend par ses erreurs, on n’apprend jamais par ses réussites ; la réussite ne représente qu’un instant simplement, à travers les multiples erreurs que l’on a faites, un instant seulement où nous réussissons, où nous ne nous trompons pas, nous ne faisons pas d’erreurs, ces instants-là sont rares ! Ils sont à retenir, car ils permettent d’avancer. Et d’erreurs en erreur, et de persévérance en persévérance, on avance tout de même, le chemin se poursuit, on ne sait pas où l’on va, mais on avance. C’est ça que l’on trouve dans la chose vivante. Nous ne sommes qu’une étape, prenons-le comme cela.
Alors, qu’y a-t-il à sauver ?
Mais rien ! Seulement apprendre à se tromper de moins en moins, car, ne l’oublions pas, ce gâchis énorme que constituent les maladresses, les échecs de toutes les existences vivantes ayant vécu sur terre, représente un gaspillage énorme d’énergie. Et d’erreur en erreur, comprendre que pareil gâchis ne peut se perpétrer indéfiniment. Quand toutes les choses existentielles sur cette planète auront consommé toute l’énergie qui y subsiste, la possibilité de transformer la matière pour en exprimer l’énergie qui nous permet d’exister, là, le vivant disparaîtra probablement. Les assauts du soleil de par son rayonnement ne suffiront plus à alimenter la machinerie, il n’enverra pas suffisamment d’énergie ; de nos erreurs, nous devons apprendre, pour survivre !
C’est ce que nous faisons, nous ne cessons de le faire, certes, mais pas suffisamment. Les erreurs sont celle du vivant, nous sommes créatures du vivant, et certains d’entre nous expriment une erreur complète (sans espérance de changement). On sait que ces êtres n’arriveront à rien, comme un dictateur dans sa paranoïa à détruire ceux qui s’opposent à lui, cet être disparaîtra en créant le désastre autour de lui. Toute sa vie, il n’aura été qu’une erreur * (de l’histoire, ajoutée aux autres), même si parfois il permit quelques réussites, malgré tout, l’essentiel de son existence produisit des erreurs dans son acharnement à persévérer dans sa dictature et la destruction de ceux qui s’opposent à lui ; « Quelques gâchis », diriez-vous ! On schématise évidemment. Toutefois, tout tient dans ce schéma simpliste où résident toutes les variations possibles, entre ces deux extrêmes, une personne souhaitant simplement subsister pacifiquement et à l’autre bout, un forcené désirant absolument dominer le monde. Il y a entre ces deux extrêmes, tout le panel du vivant. Le fauve, lui, rugit et tue la Gazelle dans la savane, parce qu’il n’a pas d’autres moyens d’exister. On lui donna des crocs et au-dedans de lui on lui dit « tu vois la Gazelle, tu dois la manger ! » Une force insidieuse le lui insinue, sans lui dire ouvertement « tu agis pour réguler les espèces qui vadrouillent et prolifèrent autour de toi » ; mais, pour que cela fonctionne, de Lions ou de Panthères, il n’en faut pas trop, et de Gazelles, suffisamment ! Quand elles sont trop nombreuses, le Lion est là pour la réguler, il aide à préserver d’autres espèces vivantes telles que les arbres par exemple, qu’elles amoindrissent en dévorant leurs jeunes pousses ; c’est pareil pour tous les prédateurs, « ils régulent ! » Ils ont été faits pour ça ! Le déterminisme du vivant y est pour quelque chose (cet aspect n’est pas vain à exprimer, tout est relié, dans une tentation sans cesse rompue). C’est une expérience en cours, on apprend ! On apprend à trouver un équilibre quelque part, en mélangeant des ordonnancements de quelques êtres multicellulaires, ces eucaryotes que la vie propagea (je dis « on apprend », c’est le vivant en chacun de nous, il apprend de ces expériences bonnes à mauvaises, et tente de le mémoriser). Eh, de tentative en tentative, on voit comment ça fait, tel ou tel comportement, telle ou telle évolution d’être à être, c’est ce qui se passe depuis tout le temps. Depuis que les organismes vivants sont multicellulaires, la complexité s’est accrue. Les êtres unicellulaires ordonnancent tout en quelque sorte, car ils sont partout, ceux-là, ou celle-là, les bactéries dont on parle, pour l’essentiel, ou les archées (très proches). Des êtres invisibles pour la plupart des êtres comme nous, ils sont pourtant terriblement nombreux au-dedans de nous, ils ordonnancent, elles ordonnancent tout. À chaque instant, elles nous permettent d’exister, à chaque instant, chaque seconde passée, sans ces organismes unicellulaires, nous ne serions rien, car de toutes les parts nous composant, elles en font partie **.
12’00
Alors, posons-nous cette question : « à quoi leur servons-nous si nous sommes autant colonisés par des êtres aussi infimes ? »  Elles contiennent ces bactéries, chacune d’elles, les éléments qui permettent notre fabrication, notre évolution et aucun être multicellulaire ne semble en être dépourvu ! Considérons cette évidence : les êtres unicellulaires, les procaryotes, les bactéries nous composent en grande partie, elles sont partout, terre, air, océan, il n’existe pas d’endroits connus où leur présence serait nulle. On devrait se poser des questions, mais on ne se les pose pas suffisamment ; oh, elles ne sont pas nos ennemies la plupart du temps, elles nous permettent seulement d’exister, ni amies ni ennemies, trouver de simples équilibres dans l’histoire où l’on se démène, c’est ce que tente le vivant ; mais il n’arrive jamais vraiment à l’atteindre, tant la diversité des êtres est extrême.
13’34
En en venant à concevoir tout cela, je ne me pose plus la question de la pérennité d’une humanité, partie du vivant dans son entier, nous survivrons ou pas, peu importe ! Notre éveil, s’il arrive un jour, devra nous le faire comprendre, et ça, j’en suis fermement persuadé, tout comme existeraient d’autres entités différentes de nous, me semble évident ; et puis ne pas concevoir le monde des hommes en dehors du vivant, car nous sommes une infime partie de ce règne, une excroissance comme une autre, le vivant, la vie, peu importe le terme ; nous devrons apprendre à prendre, justement, conscience de ce fait précis et clair. Apprendre à concevoir le monde que nous accaparons et que nous « croyons » être le maître partout où nous allons, est justement dans un seul mot, qui pour moi, apporte une suspicion. C’est le terme exprimé à l’instant, quand je dis nous « croyons » à ceci ou cela, tout le stratagème se situe à cet endroit, de « croire », nous sommes des êtres croyants par nature, parce que nous avons été programmés dans ce principe de croyances, pour mieux nous mener (un héritage du passé). Il devient facile de mener les hommes à travers de quelconques croyances, toute l’humanité n’a cessé d’évoluer à travers ces croyances, religieuses ou non, d’ailleurs, de tous ordres politiques, scientifiques, philosophiques, spiritualités de tous ordres (toutes natures). Nous mettons des cases, des boîtes pour chaque domaine d’expression, mais tout est mélangé ! En fait, elles n’existent pas ces cases, c’est une illusion du langage, une simplification abusive, tout le problème est dans cette croyance que nous avons de nous. Tant que nous étions des peuplades isolées, cela n’avait pas beaucoup d’importance, cela nous permettait d’exister, et tranquillisait notre esprit, afin de nous stabiliser ; ce qu’on appelle l’homéostasie, vous savez, ce comportement, ce programme, ces algorithmes génétiques, ils permettent à un être de trouver les éléments de sa stabilisation, quels qu’ils soient. Et la croyance fait partie de ces éléments stabilisateurs, même si dans l’évolution de nos comportements, certains prirent conscience des attraits que pouvait apporter une croyance, comme de l’utiliser à leurs propres fins, amener à des croyances liées aux choses qui nous dépassent, suprêmes, les forces de la nature ! Et à travers ce leurre bien compris du vivant, en ajouter un autre, le sien, pour asseoir un pouvoir, quel qu’il soit ; puis, armé de ce subterfuge, de croyance en croyance, de quelques domaines qu’elles soient, tente de dominer, d’accaparer le monde.
18’21
Oh, quelques êtres avaient bien compris ce mécanisme depuis longtemps, certainement, sans en abuser ni en profiter ils tentèrent surement de le dépasser. On parle peut-être d’éveil au monde, la perception de ce que le monde est ; et cet éveil, cette compréhension que l’on peut avoir du monde, effectivement, n’est pas forcément une vision idyllique des choses ni merveilleuse (ni mauvaise). Le vivant est pour l’essentiel (si l’on tente de résonner lucidement) construit d’êtres imparfaits, ayant à résoudre des problèmes qui les dépassent complètement et en se trompant énormément ; malgré tout parfois, dans certains domaines, des symbioses s’établissent, c’est-à-dire des équilibres, des harmonies. Mais, dans toutes symbioses, existent des meurtres, des attentats, où un être tente de dominer ; comme dans la forêt, profite d’une faiblesse, par exemple, elle est stabilisée par des champignons, des insectes ; où ces mêmes insectes si certains ont tendance à répandre des virus, des maladies, ils vont être à leur tour stabilisés par le champignon par exemple, il va procurer à l’arbre les éléments nécessaires à la résorption de ce déséquilibre en lui apportant les substances nécessaires à sa guérison, dans une entente bien comprise : je te donne des sucs, tu me donnes des médicaments. Et si la forêt arrive à se maintenir dans cet équilibre précaire, on parle alors d’une symbiose, mais toutes symbioses restent fragiles. Et la symbiose du vivant dans son entier ne représente qu’un possible, momentané, local ! Mais jamais dans son entier, je ne le vois pas ? Eh, les sentiments (affects) que nous mettons là-dessus, l’amour, la haine, tous les sentiments humains ne sont que la conséquence de cette tentative de symbiose sans cesse avortée que le règne du vivant ne cesse de tenter de réaliser sans y arriver véritablement ; car si le monde un jour devenait parfait, aurait-il besoin d’exister ? C’est ça le problème, la perfection, cela ne se peut pas, ce n’est qu’un but à atteindre, rien de nouveau ! Comment voulez-vous, on s’ennuierait énormément si nous étions tous parfaits ! C’est parce que nous sommes imparfaits, justement, tous autant que les autres, autant que nous sommes, même si certains semblent réussir mieux que d’autres, ils la réalisent tous, la petite maladresse du moment ; nous l’accomplissons tous, en produisant beaucoup d’erreurs tous les jours. Mais des petites erreurs, la plupart du temps ; les plus grosses erreurs vont nous atteindre, nous faire mourir plus vite, nous mettre en cage, apporter la haine vis-à-vis de nous ou l’inverse, trop d’amour, un déséquilibre de toute façon.
Non, l’équilibre de cette symbiose est extrêmement précaire, presque impossible à réaliser. Et pour notre espèce, il est certaines perceptions que je peux avoir aujourd’hui, qui ne sont pas tout à fait acquises, que j’ai besoin de laisser mûrir pour pouvoir les exprimer réellement. Je me doute de quelque chose de plus précis, de plus clair et limpide et de très simple dans le principe qui nous meut, qui nous fait avancer, j’y reviendrais ! Car voyez-vous ce qui est extraordinaire à mon sens, c’est que dans ces réflexions que je puis avoir, je ne suis que du vivant se posant la question de ce qu’il est, et des principes essentiels qui le font exister ; à tenter de comprendre le pourquoi du comment de tout ce qui se passe en ce moment et qu’il se trouve là, à un moment du temps qui passe, un point indéfini de l’univers, à un stade de développement tout aussi indéfini ; à s’interroger de ce qu’il fait là, à se poser toutes ces questions. Mais qui toutefois tente d’en résoudre quelques-unes, afin de discerner toute cette mécanique qui nous engendre. Pour quelle raison ? Je n’en sais rien du tout ! Le fait est que je me pose ce genre de questions, questions éternelles, dirions-nous, sans être le premier à se les poser ni le dernier. Je ne traverse qu’une longue continuité de cheminements, d’errances, de questionnements, de résorptions de choses momentanées pour tenter de nous faire avancer, eh, de ça, je n’ai pas à le monnayer, s’il fallait l’écrire totalement, le distribuer, le vanter pour dire « j’ai tout compris » ; c’est loin de là, tout ça, c’est cadeau, donné à la communauté du vivant plus qu’aux hommes.
27’06
(soyons un peu prétentieux)
Je ne raisonne désormais qu’en tant que vivant, non plus en tant que représentant d’une espèce. Je suis dans ce principe de raisonnement, totalement déconnecté de cette tentative de suprématie qu’ont mes semblables, les formes qui me ressemblent, à vouloir dominer la planète. Ce leurre (originel que nous inspira le vivant), aujourd’hui, me semble dépasser, et le plus terrible, ce sera justement d’apprendre à le dépasser (déconstruire). Beaucoup vont s’y acharner, vont mourir à cause de cela, plus que d’autres. Moi qui suis déjà assez vieux, je ne verrai pas ces temps futurs, je ne serais plus là. Mais, peut-être, dans l’existence qui m’accueillera, probablement après celle où j’habite actuellement, j’aurais peut-être l’opportunité d’approfondir la compréhension de notre misère, là où elle nous a amenées.
Dans un confort précaire et momentané, je dis tout cela sans être d’une richesse incommensurable, un pauvre être dans une vieille bâtisse toute pourrie. Je suis aux yeux de la plupart des êtres qui m’entourent, un être un peu minable, sans envergure. Eh, que l’on pense cela de moi, ne m’importe guère, je le sais très bien, ce que je suis. Eh, comme je ne cherche aucune gloire à satisfaire, je laisse dire ceux qui avanceront quelques suppositions de cet ordre… Mais je m’égare ! Ce que je suis en tant qu’entité vivante n’a pas d’importance, ne représenter pas grand-chose, être infime me satisfait amplement.
30’56
J’ai fait une promesse de déverser tout ce qui me venait, de le transformer, de le transcrire et de l’inscrire sur des supports, pour le transmettre comme une mémoire qui s’accumule, ajoutée aux autres. Eh, dans ce principe, ce que vous entendez… ce que vous entendez, en fait parti ! On est, en effet, peu de choses et ce qui me satisfait au jour d’aujourd’hui, c’est le chemin parcouru de l’enfance à aujourd’hui. Je sens ma parole quelque peu avancer, ayant progressé, nous dirions plutôt. Je ne sais si je suis dans un processus d’éveil, mais une chose est certaine, c’est que cette perception plus fine des réalités du monde ne (me) rend pas les choses merveilleuses, loin de là ! Elle nous remet à notre juste place, comme je vous le disais il y a peu : ne représenter rien, de l’accepter ainsi, me satisfait amplement. Pourquoi devrais-je donc tenter de dominer mon entourage, qui ne sera de toute façon que momentané ! Elle, cette domination ne sera que momentanée, de toute façon, elle m’apportera des désagréments inutiles, quelle énergie superflue devrais-je dépenser pour atteindre cela. Il faut y être doué, et même en y étant véritablement doué, l’énergie consommée sera tout de même un grand gâchis. L’énergie, j’y reviens, celle qu’il me reste à consommer pour subsister encore quelque temps n’est dorénavant que dans la réalisation de cette mémoire. D’aller jusqu’au bout du possible de ce que me permettent mes neurones, ma construction momentanée ; d’en extirper tout ce qui lui vient, et dont j’en suis certain nous est insinué peu à peu, brique par brique. Dans cette érudition, fort possible que l’on se moque de nous, que l’on se rie de nous, en nous insinuant à travers quelques codes génétiques, quelques pensées mirifiques, des suppositions, des réalisations qui parfois permettent de bâtir des machineries qui fonctionnent. Eh, que parfois aussi nous font produire de véritables bêtises, des acharnements idiots et stupides, comme la fabrication d’armes de tout ordre en est un exemple désastreux !
36’18
Je disais, « je me sens insignifiant et peu de choses ! » Oui ! Beaucoup se considèrent comme des êtres importants accordent une valeur, un prestige ou tentent de l’avoir, et dans ce leurre souvent imposé, ils se présentent à nous comme des chefs éminents, à qui l’on doit obéir, je n’y vois que d’autres égarements. À ce sujet, j’ai cessé effectivement de m’égarer dans ce stratagème de la renommée, à quoi cela me servirait-il le prestige, la gloire d’une réalisation artistique ? J’ai tenté de réaliser cette mémoire, en faisant un ouvrage dans ce sens, mais très vite, je m’aperçus de l’ampleur de mon égarement, ce n’était pas la bonne solution. J’ai changé la pratique, je l’ai affinée, et la parole que je donne en ce moment n’est que la conclusion momentanée d’un processus en cours. Il se terminera le jour où je n’aurais plus rien à dire ; en gros le jour où je ne serai plus, ce sera terminé, c’est tout ! *** Je ne perçois décidément plus ce parcours comme la réalisation d’un ouvrage de papier qu’on appelle un livre, même s’il est constitué de plusieurs milliers de pages. Il prendra peut-être cette forme, ou ne sera qu’une mémoire numérisée dans les machines électronisées, diffusée à travers les réseaux du même nom, tout autour de la terre et dans le monde des hommes, croit-on ? Voilà le mot, « croit-on ? »
39’11
Eh, nous qui sommes constitués de milliards et de milliards d’êtres bactériens, vous vous imaginez qu’elles n’ont pas conscience de ce que nous faisons, et que quelque part elles jouent un grand rôle dans notre comportement, dans le processus de notre digestion, et avant, de ce que l’on mange, cette addiction vitale. Si nous nous égarons, c’est qu’elles s’égarent avec nous, ou qu’elles tenteraient une expérience à travers l’ingestion d’une nourriture addictive, de sucre, ou d’une drogue vous ayant rendu dépendant. Beaucoup naissent et meurent ensuite, se dupliquent dans un processus d’organismes unicellulaires sans nous demander notre avis ; cela se passe à notre insu au-dedans de nous, notre perception propre reste extrêmement réduite, parcellaire, ne voyant guère plus loin que la satisfaction et la survie de notre espèce propre.
40’12
Le vivant a bien compris que pour concevoir des choses dans une complexité plus grande qu’elles l’étaient à ses débuts, il devait construire des organismes avec des fonctions suffisantes pour atteindre une certaine perception du monde où nous sommes, c’est-à-dire notre entourage proche, la planète ensuite, l’univers enfin… Comme nous l’avons fait dans les temps préhistoriques, nous ne concevions que le monde très local et nous avons appris à parcourir les mers, les montagnes, les continents ; nous allons tourner tout autour de la terre et nous nous sommes envolés dans les airs, dans l’espace, atteins la lune, mars et les planètes (plus lointaines). Mais le monde est bien plus vaste, et nous ne sommes, dans ma perception, que l’instrument, l’outil, que réalise le vivant à travers toutes ces machineries (que nous croyons inventer issue de notre génie exclusif, alors qu’une vision plus modeste serait d’admettre que ce n’est que le vivant en nous, le véritable inventeur de ces mécanismes). Alors, cet être multicellulaire que nous sommes, agité par la tentation de voyager en dehors de la planète à un moment ou un autre, ne comprend-il pas que ce sera la vie en son entier, elle s’en ira de celle-ci, la planète où nous sommes nés. Elle partira avec notre forme existentielle ou une autre, peu importe, la vie n’en est pas à quelques millions, voir dizaines de millions d’années près.
Nous ne pouvons évidemment tout appréhender en un seul regard, en une seule pensée, dans cette multiplicité de choses abordées à travers cette mémoire qui se produit en ce moment, où la petite machine enregistreuse collationne fort aimablement tout ce que je puis dire, ou du moins, je l’espère, sans transformer quoi que ce soit ; les vibrations sonores que j’émets représentent un message que la vie se fait à elle-même, à travers une entité multicellulaire comme la mienne. Voilà ce qui se passe en ce moment, c’est d’une banalité déconcertante ! Mais, chose qui m’intéresse, ce petit détail croustillant me permet de vouloir approfondir la question. Donc, à bientôt ! Et je laisse la mémoire se poursuivre et se répandre à travers ce qui vient d’être dit.


* La vie expérimentant ce possible comportement délétère encore une fois, comme si elle tentait d’éprouver l’éventualité d’un avenir pour ce genre d’être, une perte de temps, à nouveau, pourquoi ? Que de gâchis, que de misère, que de tueries pour une telle expérience ?

** Chacune de nos cellules vivantes, depuis le début, contiennent des bactéries archaïques, les mitochondries, et 90 % des cellules vivantes nous constituant, sont bactériennes, principalement dans le tube digestif, la peau, etc.

*** (ajout du 7 nov. 2019 vers 19h) Pour résumer sur ce point, cet ouvrage en élaboration n’est que la péroraison de toute part du vivant s’exprimant de ma carcasse à travers de multiples expressions ; imitations des formes me ressemblant à bon ou mauvais escient, certains aspects représentent des tentatives d’appréhender le monde différemment ; cela mérite probablement que l’on s’y arrête un peu, c’est selon ce que vous en retiendrez, rien, peu ou beaucoup, à votre appréciation, cela n’est plus de mon ressort, j’ai effectué assidument mon travail comme j’ai pu, à la mesure de mon entendement. À vous de faire le vôtre, de le lire, l’ouvrage, ou de l’ignorer.