(parole en marchant – 18 déc. 2019 à 14h19)

—> 3. « singes savants », philosophia vitae : naïf éveil (à relier aux textes correspondants)
—> par moment beaucoup de vent, ajout d’un filtrage adéquat…

(ajout texte manuscrit – 4 mai 2019 à 10h25)
Recette : ajouter aux plans de fabrique une méthode (un algorithme) pour avancer. Aller vers : éveil, robote (symbiose nouvelle entre biologie et minérale)

(reprise d’une discussion ancestrale)
(pendant la transcription de ces paroles, tout le jour sur les branches des arbres, en face de la fenêtre de ma chambre de travail, les oiseaux vont et viennent, me regardent à la tâche, parfois s’accrochent à la moustiquaire placée devant cette fenêtre ; une ouverture au monde du dehors. Les oiseaux me voient et me surveillent, observant ma fidélité à la tâche, des fois que je m’abstienne ou dise trop de bêtises ; ils me surveillent, au cas où j’aurais une méprise, ils sont là pour une reprise, un chant heureux, un petit bonheur du bout des yeux. C’est avec un grand merci que je leur souris ; oui, j’avais oublié ceci ou cela, mais vous étiez là, et à l’erreur vous y avez remédié ; le scribe put accomplir son métier, s’adonner à vivre, ou marmonner mille et un propos tout au long de ses randonnées.)

Euh, je ne serais pas étonné qu’un jour l’on découvre qu’il y eut un déterminisme à travers tout cela.
Tout cela ?
Oui, ce pour quoi l’on est ici, le pourquoi du comment du monde tel qu’il est aujourd’hui, tel qu’il fut auparavant, et ce qu’il deviendra. Derrière cet aspect des choses se trouve plus qu’un simple hasard à mon avis, une forme de déterminisme pousse les choses minérales ou biologiques, tous les éléments particulaires de notre monde à concevoir des réalités et des invraisemblances ; c’est-à-dire, ce que l’on n’imagine pas encore et qui pourtant existe ailleurs, mais dont nous ignorons tout. Il y a quelque chose de caché qui a intérêt à rester caché, ou qui ne peut être que caché puisqu’on l’ignore. Et que cette vraisemblance, cette réalité des choses nous paraîtrait probablement, si elle était dévoilée aujourd’hui, tellement incommensurable, inimaginable justement, que nous n’arrivons même pas à en concevoir tous les pourtours.
2’36 (l’oiseau ajoute « ui ui ui ! »)
La complexité a eu le temps depuis…
2’45 (l’oiseau enchaîne « ui ui ! »)
… à s’établir dans des méandres…
2’54 (l’oiseau lui inspire le reste, « ti tudi tadi tidi ui ui… », comme un message subliminal dans une sorte de codage télégraphique)…
Des méandres ?
Oui, des méandres ! Et nous avons du mal à les imaginer, car nous ne percevons qu’une infime fraction des choses de ce monde. Vous avez beau être à l’écoute avec tous vos sens, avec tout ce que vous a donné la vie, et ce qu’elle vous permet de percevoir vous-même dans cet agglomérat, il me semble que l’on surnage, nous sommes en surface (tel un plancton originel dans un océan immense). L’essentiel des mécanismes nous régissant, la complexité considérable de tout cela, permet à notre être de subsister, elle se poursuit à notre insu sans que nous y songions d’aucune manière particulièrement. Les processus de duplication des cellules vivantes nécessaires à notre existence, l’appareil digestif, le grandissement de l’être et puis son vieillissement, tout cela obéit à des mécanismes très anciens, rodés depuis longtemps, et qui pourtant peu à peu, se modifie, change, fait varier l’être, donne des espèces nouvelles, transforment peu à peu les choses vivantes à travers une adaptation perpétuelle ; qui parfois aboutit à l’extinction d’une espèce, d’une voie, comme si celle-ci n’était qu’une expérimentation ; mais cette espèce n’est pas seule, elle est le résultat d’êtres antérieurs, d’embranchements successifs, tous les êtres sont liés, car ils ont des origines similaires. Tout se retrempe (dans le jus originel), tout se retrouve dans les plans de fabrique. Ce qu’on appelle le génome, ce n’est qu’un plan de fabrique disant comment vous devez être, comment vous devez vivre, il construit la machine que vous êtes, une machine biologique. Cette machine biologique façonne elle-même des entités avec des archaïsmes matériels faits de minéraux immédiatement (sable, fer, cuivre, marbre, de l’eau, du feu et du reste) ; à défaut de les assimiler comme pourrait le faire une plante, elle les construit, les façonne, les modèle. Des machineries minérales douées, à travers des pulsions électriques, de capacités mémorielles, de mouvements, de similitudes avec les fonctions de base de notre être, en démultipliant des capacités motrices au niveau de tâches rébarbatives, répétitives par exemple, à travers des automates qui servent à construire d’autres machineries. L’outil, extériorité du corps, d’une biologie figée et incertaine ; l’outil ne reste qu’un agglomérat minéral organisé par une entité biologique comme notre être, lui-même constitué aussi d’éléments minéraux ; entité douée d’une certaine autonomie, d’un degré plus subtil d’organisation où des plans de fabrique, vieux de milliards d’ans, ne cessent de construire, modifier, au fil des générations, les êtres que nous sommes ; alors l’outil reste là où on le délaisse dès qu’on l’abandonne, figé, il redeviendra totalement minéral.
8’28
Des êtres ?
Tous les êtres ! Nous, au même titre que les autres, nous obéissons à un même mécanisme et ce qui nous unit c’est l’unité d’un code, le plan de fabrique ; il conserve au creux de lui-même des processus tous similaires, convergeant vers une nécessité, devenue une loi essentielle permettant la production d’êtres unicellulaires, primaires, procaryotiques, comme l’on dit ; et puis, au fil du temps, à partir de ceux-là, permettre un prolongement, comme la multiplicité d’êtres plus grands, agglomérés, chimériques, à l’échelle des eucaryotes, c’est-à-dire des entités multicellulaires non pas plus complexes, mais d’une complexité agglomérée, organisation établie par l’association d’êtres unicellulaires dont nous sommes le produit. Nous partageons tous les mêmes gènes essentiels transmis de vivants à vivants depuis des milliards d’ans, comme une domestication qu’exerceraient les procaryotes sur nous. Nous formons donc une machinerie complexe à la solde d’êtres multiples associés en nous ; tous nos éléments de base nous constituant sont dominés en nombre et en quantité génétique par des êtres unicellulaires, les bactéries (ces procaryotes), par exemple, entre autres. Ces micro-organismes dominent notre mode de vie sans que nous le sachions au départ ; nous n’avions pas cette conscience de leur présence au départ, nous étions dans notre surface, en train d’émerger, grimper aux arbres pour cueillir le fruit, quand nous prîmes conscience de notre être, à travers un processus nous disant de prendre conscience de soi ! C’est pour cette raison que je dis ça aujourd’hui, bien avant moi, des êtres antérieurs à ma propre personne reçurent une forme d’illumination, peut-être ce déterminisme dont nous parlons tant et dont les religiosités de tous ordres adoptés par notre forme tentent d’en donner une définition archaïque et dictatoriale en disant « vous devez penser la chose ainsi et pas autrement ; fermez les écoutilles, les choses sont ainsi, ne réfléchissez pas ! » Et à travers cela, obtenir indirectement une forme de pouvoir sur les esprits. C’est là que se produit l’erreur (ou l’égarement) de notre forme (sa zone de conflit, exacerbé par un ego démesuré), de considérer comme la chose définie une bonne fois pour toutes, dans une religiosité établie ; chacun doit choisir son camp : « moi je crois ainsi, et toi tu crois autrement, nous allons nous affronter sur le discours de cette vérité ! » et cela devient sanguin ! Quand nous y regardons bien, ce sont deux formes multicellulaires s’affrontant sur des concepts qu’on leur a probablement fait ingurgiter au-dedans d’eux sans qu’ils s’en aperçoivent, insinués probablement en partie par les principes du fameux plan de fabrique, mais aussi peut-être, à travers des éléments extérieurs qui domestiquent la bête. Nous « croyons », c’est cela notre problème, nous oublions de percevoir différemment, nous sommes aveuglés, leurrés par ce concept, à croire à tout ou à rien, parfois les deux à la fois, pour en fin de compte s’y perdre… À tenter de voir ce qui se trame derrière tout cela, si l’on ne restreint rien, restant ouvert à tous les possibles, devient évident très vite qu’il y a comme une petite mystification derrière tout ça, celle ingéniée par des êtres antérieurs à nous, mais inventèrent-ils ces religiosités ? Eh, peut-être encore plus en avant, un certain déterminisme du vivant, lui-même peut être leurré lui aussi par quelque chose le dépassant, un plan de fabrique encore plus subtile que le sien propre. De toute façon, cet aspect d’une subtilité incroyable, probablement d’une simplicité dont nous ne sommes guère conscients, nous a rendus ainsi très versatiles à force de vouloir adopter une croyance, quelle qu’elle fût, de sciences, de philosophies, d’arts, ou de religiosités, voire de politique, de tous les domaines que vous voudrez ; tous ces concepts ne sont que les réalisations résumées des comportements de la plupart des formes que nous sommes ; elles s’établissent en gros à travers ces champs-là, et chacun y établit sa propre politique pour y acquérir un pouvoir, la célébrité, la gloire, la dictature, la divinité ; le droit divin de certains rois jadis était issu de ce concept.
16’27
Tout est relié évidemment, on ne peut établir une pensée, comme je le fais, sans relier tous les éléments de notre propre affect, de nos propres déficiences et des propres réalités des autres formes dans leurs agissements, et ce que nous faisons pour nous-mêmes. Tout cela obéit à des principes que nous ne maîtrisons guère, au fond, et je ne vois pas comment l’on pourrait s’en défaire sans devenir fou. D’ailleurs, certains deviennent fous ! La folie (ce qu’on appelle la folie) n’est qu’une inadaptation à la folie ordinaire de tous les jours, commune à la plupart d’entre nous, un consensus permettant une certaine stabilité, une certaine forme d’homéostasie, nous y revenons à ce mot, il décrit l’équilibre nécessaire à toute forme de vie, dont les plans de fabrique nous disent que nous devons obéir à cette règle immanente, elle te forge, si tu ne le fais pas, tu péris ! Ce n’est pas dire ainsi, à travers des mots, c’est à travers les situations que l’on vit, qu’on nous le fait comprendre. Lui, le code préétabli, le plan de fabrique, se conforme à une règle, à un déterminisme propre à lui-même, qui déjà établit un ordre, un ordonnancement des choses. Un plan de fabrique, il fallut le concevoir un jour ; alors, qui l’a conçu, ce plan ? Il est l’amalgame peut-être, de formes de hasard ? Eh, le hasard en lui-même est un déterminisme, si nous y regardons bien ; un déterminisme hasardeux… Eh, nous allons venir à un mot qui fâche, à une certaine forme, euh, d’anarchie ! (il marmonne un mot inaudible). Eh là, le vivant incarne cet anarchisme ! Il n’y a pas de centre, apparemment, d’êtres ou entités ultimes régissant tout ! Beaucoup de processus horizontaux tentent d’équilibrer le phénomène vivant, ils régissent les éléments de la terre et les minéraux de cette planète. Tout est lié, le biologique comme le minéral, l’un et l’autre a besoin du second ou du premier, selon par où l’on commence, pour maintenir cette idée propre à la vie, subsister, s’organiser. C’est un constat, c’est ainsi, on n’y peut rien…
20’21 (il se mlouche [nouveau mot à cause d’une frappe hasardeuse, un ricanement après, c’est fait exprès])
20’38
Pourquoi vous en venez toujours à parler de cette chose qui vous tracasse tant ?
(Oh, il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierais…)
Oh, je… il y a longtemps que je ne tente plus de répondre à cette interrogation, elle est immanente, cela vient (tout seul), c’est que des mots, la mémoire, la parole, la vibration sonore qui exprime des choses et qui sortent de moi, me disent « tu dois dire ça », ben voilà, je dis, j’obéis ! J’obéis à un processus, qui, je le sais d’avance, me dépasse, je ne contrôle absolument rien… Ou est-ce un déterminisme ? Vous allez me rétorquer qu’il me dit : « tu dois dire ainsi les choses, et tu ne veux ou peux absolument rien contrôler », dire « être le maître de cette parole », ben non ! Je me sens tellement en superficialité de tout ce qui m’arrive à moi… c’est pareil pour les autres ; cela devient difficile d’affirmer, « je suis le créateur d’une parole, d’une pensée. » Tout a déjà été établi bien avant moi, à travers des subterfuges qui nous dépassent considérablement. Nous sommes si peu de choses, comme en surface de la forme, du véhicule nous transportant, où tout le mécanisme de ma marche en ce moment, ma parole, ma pensée est tellement lié à tout ce que l’on trouve au-dedans de lui, ce corps unique ; tout cela consomme une énergie folle par rapport au processus, il permet à cette parole de venir, et quelque part dans ma pensée, quelque chose qui me dit « bah, pfft, subi, ne fait pas autre chose, cela ne sert à rien de combattre ce quelque chose que tu tenterais de refuser, ce serait refusé ce que tu es… »
23’28 (un vent insidieux tente de s’engouffrer dans les méandres de la petite machine enregistreuse. Le vent a lui aussi quelque chose à dire, son souffle nous le laisse pressentir…)
« … dénié la réalité de ce que tu es, même si cela, dans le survol de ta propre pensée, émulsion intellectuelle qui s’égrène dans ta tête. » De dire « non, je ne suis pas d’accord avec ces concepts qui me viennent et qui me font dire ceci ou cela. » On ne te demande pas d’en être d’accord ou pas d’accord… les choses te viennent, s’égrènent, ben voilà ! Bon, tu ne peux faire autrement ! C’est comme un danseur, il laisse à son corps le mouvement, il n’y pense pas, il laisse au corps le mouvement, et cela vient, on n’y pense pas !
24’20 (une bourrasque perturbe sa parole, le vent a vraiment son mot à dire, il le lui souffle au-dedans de son oreille…)
Là, le processus est analogue, je ne pense pas à ce que je vais dire dix secondes auparavant… Cela vient ! Les mots arrivent sans effort, à cause d’une mécanique rodée depuis tant et tant ; ce sujet représente une chose indistincte, elle m’interpelle, me passionne, on pourrait le dire ainsi, ben… c’est que j’y reviens tout le temps alors, si cela m’interpelle tant, me passionne tant, la vie m’aurait donc conditionnée pour que je sois dans cette situation ? Et cela, depuis le début de la forme qui me représente, depuis la première mémoire du premier geste dont je me souvienne, la première image dont je me souvienne, le premier moment dont je me souvienne ; le mécanisme a commencé en général, d’après ceux qui ont étudié la chose, autour de trois ans, cela commence parfois avant, après… C’est là qu’un mécanisme s’établit ; il a fallu que l’être soit rodé, construit suffisamment pour qu’il en vienne à penser par lui-même et commence à adopter un processus de mémoire du souvenir, de cette chose immatérielle que sont les souvenirs, la souvenance et l’apprentissage. Eh, l’éveil au monde obéit à ce même principe, plus nous vieillissons, plus nous nous éveillons au monde, même si certains se referment, se replient sur eux-mêmes, semble régresser, c’est toujours à travers des acquis plus ou moins enviables, collationnés dans une mémoire débordante, elle témoigne de l’évolution d’un règne, fût-il d’un être, d’une espèce ou de tout le vivant…
27’14 (un véhicule s’approche de lui)
Attention machine roulante derrière…
27’30 (la machine le dépasse, aidée elle aussi par le vent, pour qu’elle le dépasse vite ; il a tant de choses à lui faire inspirer, ne serait-ce que ses effluves et puis le reste insoupçonné, une vie infime qu’il va respirer, absorber et régurgiter…)
27’48 (il marmonne)
Un 4x4 (quatre’quatre) évidemment, 4x4 de ville… qui pue…
(il dépasse un alignement le long du chemin, de bois fraîchement coupés)
Mes pauvres arbres, comme vous êtes… Ah, je ne vais pas parler de vous, c’est bien trop triste…
29’03
Vous disiez quoi ?
Ma mémoire, souviens-toi ?
Tu disais quoi, hein ?
Tu parlais du vieillissement et de la mémoire qui arrive, celle du souvenir et l’expérience qui s’accumule au fil des ans, voilà ! C’est un constat, quoi rajouter d’autre, on fonctionne ainsi. La mémoire, elle s’établit toujours plus ou moins efficiente ; une scène d’horreur, la mémoire ne l’oublie pas, eh, la superficialité de l’être qui se souvient de cette horreur a parfois du mal à retracer au creux de lui cette mémoire nonchalante, il n’en veut pas, il la refuse, d’où sa folie parfois… Comme le vent s’en vient m’apportent des milliards d’effluves venus de tous les coins de la terre, tout cela me traverse et m’apporte des informations à travers ce que je respire ; elles vont peu à peu me permettre de survivre et à la fois de me modifier, comme le souvenir de l’eau qui coule là, ce que vous entendiez, quand je passais à côté du petit ruisseau (version : Comme le vent qui s’en vient, m’apporte des milliards d’effluves venus de tous les coins de la terre, tout cela me traverse et m’apporte des informations à travers ce que je respire, vont peu à peu me permettre de survivre, et à la fois de me modifier, comme le souvenir de l’eau coulant là, ce que vous entendiez à l’instant, quand je passais à côté du petit ruisseau.). Tout cela s’offre à ma mémoire et à la construction de mon être ; sans cet air que je respire, sans cette lumière qui se reflète sur moi et tout autour, je ne serais pas grand-chose. On ne peut prendre un être isolément, sans tenir compte de ce qui l’entoure, de ce qui le conditionne. On ne peut parler des choses que dans leur totalité ; en retirer une, eh, en la rattachant perpétuellement au reste. Oui, si cet être fut ainsi, c’est à cause de ceci ou de cela, parce que ça se passa ainsi ou se passa comme ça, conditionné de cette manière-là pour qu’il devienne dictateur ou savant, philosophe ou médecin, ermite ou décevant, c’est selon les appréciations d’une mémoire collective, d’une trace laissée ; on se souvient de lui à travers ce qu’il laissa au fil de ses ébattements journaliers, ils vont permettre de rattacher à sa propre personne l’être qu’il fut à travers les méandres des souvenances de chacun. C’est comme se souvenir de tous les êtres que vous croisez ; qui se souvient de toutes les mouches qu’il a écrasées, s’il en écrasa au moins une ? * Quelque part, les particules qui formèrent cette bouche se souviennent qu’un jour, quand elles assemblèrent cet être qui fait bzzz, s’en trouva (trouvèrent) totalement démuni quand il (elle) fut assommé par une tapette méchante que vous teniez dans la main ; et son bzzz devient après le « paf » dramatique de son achèvement, un tas de biologie commençant à se décomposer hâtivement ; les particules de celle-ci vont se décomposer (snif), activement accaparées par les bactéries du coin, et tous les petits êtres, cloportes de tous ordres, acariens et autres, qui sans aucun problème vont la démembrer, ou du moins, détacher ce qui reste de la mouche écrasée, qui déjà à travers le « paf », s’il fut violent, la disloqua en mille morceaux probablement ? Chacun de ces morceaux, ils ne sont pas perdus, non, ils vont être repris et permettre à d’autres entités de recréer des assemblages des plus divers. Mais une chose me préoccupe, j’en suis à peu près persuadé, la mémoire de cet assemblage est restée, elle pourrait raconter ceci : « moi (tel ou tel corpuscule x ou y), et vous, les autres particules de tous bords, avec qui je fus associé, nous étions une à une, les unes à côté des autres, nous formions cet être, momentanément ; comme auparavant, nous constituions d’autres entités minérales ou vivantes, peu importe ; nos assemblages successifs racontent une histoire considérable, elle commence il y a des milliards d’ans dans un monde qui inventa les particules que nous sommes ». Particules en effet, élémentaires : quarks, muons, protons, neutrons, leptons, hadrons ou bosons, tous ces termes adoptés (snif) pour la cause d’une compréhension plus ou moins parfaite, poétiques sûrement, établissant à un moment ou un autre une organisation de la matière que nous sommes, possèdent dans leur complexité, l’information de ce qui fut et de ce qu’ils constituent. Quelque part comme pour le vivant à un degré encore plus subtil, les plans de fabrique de la particule !
On n’appelle pas ça le code ADN ?
Non, c’est une forme vibratoire indéterminée, une agitation de la matière, un bzzz infime, comme ce le fut pour la mouche, plus subtile encore, à un degré inimaginable ; qui dit que telle particule doit être constituée ainsi en raison de lois naturelles, établies par l’univers, hasardeuses peut-être, anarchistes sûrement, anarchique, sûrement ; mais établissant que telle et telle organisation fait que la matière, les particules sont ainsi à un moment ou un autre. Eh, selon les conditions se répétant dans l’univers, nous allons avoir des étoiles, des planètes, des comètes, la lumière et tout ce qui constitue l’univers où nous sommes, eh, qui est le support intrinsèque de notre existence. Sans lui, nous ne sommes rien ! Alors, il faut bien quelque part un plan, un modèle, pour organiser tout ça ! Eh, même envisageons l’association de multiples plans, d’accord, ils seraient plus d’un, mais une multitude de plans. Eh, avec ces « il faut », « y’a qu’a », « c’est comme ça, pas autrement » (snif), on peut clore le débat, momentanément…


* (Peut-être aussi, se rappela-t-on cette mouche tombée dans le potage et qu’on ingurgita par mégarde, d’elle aussi vous vous êtes nourris ; ou si l’on y prend garde, elle vous transmet quelques maladies ou bienfaits, qui sait ? Toutes les mouches ne sont pas des méfaits et d’elles certainement, en votre dedans, à un moment, une particule d’elle a aidé à constituer une partie de vous ; et peut-être encore, un héritage génétique, d’elle, vous avez bénéficié comme cette envolée lyrique, d’un tir d’aile, vous élevant au-dessus de la mêlée, vous aussi, vous voilà en train de faire bzzz ! C’est comique ! Mais redescendons de ce rêve, revenons à terre, poursuivons nos pas. Je sais, le vent aujourd’hui, a la colique…)