(parole en marchant – 7 nov. 2019 à 13h51) [S] (??)

—> 2. « petit chemin » : après la tempête

(Un léger vent murmure entre les branches des arbres)

Parfaitement conscient d’avancer dans un monde imparfait, parfaitement conscient de ses propres limites, que parfois l’on mélange un peu tout, l’on confond… À ne pas être d’une intelligence suprême, ayant ses limites comme tout être, cela ne nous empêche pas pourtant d’avancer et de considérer les choses, d’appréhender le monde à la manière du scientifique peut-être, du philosophe peut-être, de l’artiste peut-être, de tout mélanger. Mon art justement, serait de tout mélanger, rien n’est constant, tout est relié ; donc aucun élitisme ; aucun élitisme en quoi que ce soit ni d’une science ni d’une philosophie que je rejetterai de toute façon, aucune discipline, l’on parle, c’est tout ! À cette parole, aucun droit d’auteur (snif), elle est libre, enfin, aucun formatage, aucun copyright ! Surtout pas ! L’erreur fut naguère de rentrer dans le moule, pour s’exprimer avec les codifications d’usage, délétère cela ! On supprimera bien vite les arrangements de cette audace ! De ce mécanisme, il n’y en aura pas, on est ouvert à toute envergure ; on sera pillé, déformé, et récupéré par des opportunistes de tous bords, l’on s’en doute, on ne se fait aucune illusion sur le genre (et les agissements) des formes qui me ressemblent.

Que l’on pille, eh ben, alors ? C’est pas grave, pillez, pillez ! Je ne me fais aucune illusion, et n’apporte d’ailleurs aucune réelle révélation de quoi que ce soit, seulement une façon de voir, d’appréhender le monde tout en étend conscient de ses propres limites, chose que ne font peut-être pas certains, qui prétendent avoir tout compris, selon la philosophie des anciens, des classiques, etc. Balivernes, tout ça ! Certes, ils l’ont perçu depuis des millénaires, certains faits, certaines choses, certaines attitudes pour la plupart, elles n’ont pas beaucoup évolué. C’est un fait, c’est acquis, c’est perçu par tout le monde, aucune référence à aucun de mes semblables de naguère n’est citée explicitement, cela fait partie des acquis communs d’une humanité, quelle qu’elle soit, personne n’en est l’auteur, il n’y a pas d’auteur, il n’y a que des accaparements, il n’y a pas le propriétaire d’une parole, cela ne sert à rien, sinon, à satisfaire un ego, une financiarisation momentanée d’un discours que l’on veut littéraire ou d’une quelconque disciple, avec des œillères, donc. De toute façon, point de cela, ici, on flirte avec tous les genres, même si parfois l’on parle en rimant quelque peu, on n’en fait pas une discipline, une prétention politique, la poésie fait partie du vivant, elle n’est pas humaine (exclusivement). La nature ? Qu’on la laisse tranquille (oh ! Et puis même, ce mot de « nature » ne veut pas dire grand-chose, sinon à distinguer notre « nature » propre de la « nature » elle-même, aberration de l’esprit) ! Quand nous y sommes au-dedans, puisque nous y sommes au-dedans, on n’est pas en dehors (snif) ; si nous vaquons à notre tâche sans avoir des prétentions débridées de vouloir tout accaparer, la nature a sa propre intelligence faite de tous ceux qui la composent, y compris nous ; elle n’a pas forcément besoin de nous, sa beauté, sa poésie même, celle de ces paysages et des êtres qui y cohabitent, est suffisante. Elle n’est pas joviale, et toute rose non plus, elle ne cesse de se tromper, de s’égarer, comme elle le fait aussi pour nous. Nous nous égarons beaucoup et nous n’osons pas nous l’avouer, car notre ego est démesuré. Alors, réagissons, élevons un peu le débat, si vous voulez un débat, dites les choses comme elles sont, ne vous voilez pas la face et mettez votre ego de côté ! Un petit peu, beaucoup même, ça vous fera du bien, vous verrez ! Avec « moi », j’essaye tous les jours, et il m’insupporte ce « moi » abominable, je ne sais pas quoi en faire, il m’agace, me turlupine, me force à une solitude débridée pour ne pas l’exprimer vis-à-vis des autres, qui eux aussi sont soumis aux mêmes lois, aux mêmes règles de cet ego terrible, cassons cela ! Nous remettre en cause globalement dans nos agissements pénibles !

Vous êtes énervé, aujourd’hui ?
Oui, très énervé ; c’est risible, c’est humoristique, j’ironise sur moi-même !
Vous utilisez des mots forts ?
Oui, disons les choses comme elles sont ! Si l’on ose trop timide, si l’on est trop timide, cela ne sert à rien ! Avançons, cassons les limites enfin (le vent monte). Ici, quand j’ai commencé ma promenade, je me suis dit : « tiens, il faudrait que je puisse avancer sans me trouver à déblatérer toutes ces sortes de choses », ce que je suis en train de vous dire ; ben non, je n’y arrive pas ! C’est pénible, c’est insupportable ! J’aurais dû oublier la machine enregistreuse, ouais !
(le vent enfle, il doit parler fort)
C’est comme un geste inoxydable, on ne peut l’en empêcher et mon humeur monte avec le vent qui s’exprime en ce moment, il rugit, il rumine, il m’envoie ses effluves, il me dit « attention, je vais t’envoler si tu ne prends garde ! »
(une bourrasque l’entoure quelques instants et s’en va)
8’42 (snif)
Voilà où nous mènent nos humeurs…
Vous prenez le chemin que vous n’appréciez pas, vous risquez de rencontrer ce chien débile qui vous gêne ?
On prend le risque !
Pourquoi, il est débile, ce chien ?
Parce qu’on le voit bien, il est éduqué pour tuer, pour être une arme. On tient compte de sa mâchoire, de son aboiement, et avoir infiniment de psychologie pour comprendre le comportement de la bête, ce que je ne possède pas complètement. Eh, posséder le geste adéquat que l’on n’a pas tout le temps, c’est ça le problème ! On n’a parfois pas le temps…

de 10’06 à 10’13 (un oiseau le remarque et chante sur le rythme de ses pas, « tsii tsii tsii ! » (??))

(parole en marchant – 7 nov. 2019 à 14h03)

—> 2. « petit chemin » : après la tempête

Et l’on n’a parfois pas le temps, la pensée vous oppresse, vous devez mettre dans la machine qui enregistre, votre prose, des propos adéquats, on ne souhaite pas être perturbé à ce moment-là. Alors, l’intrus pendant ces moments-là, quel qu’il soit, chien ou humain, il vous apporte une déconvenue momentanée, les oiseaux et les habitants de la forêt le comprennent bien, eux sont pour la plupart si petits, ils rient de vous, votre pesanteur ne vous permet pas de vous élever ; l’oiseau, lui, quand il devient adulte, en perdant l’innocence de l’enfance, il s’envole tout bêtement et s’élève au-dessus de la connerie suprême, celle de rester à deux ou quatre pattes à patauger sur terre, peu importe, le nombre de pattes, d’ailleurs. « Attrape-moi ! », qu’il dit ; il n’y a que ceux armés d’un fusil, ce machin qui fait « pan pan ! », ils peuvent l’abattre, et encore, il ne doit pas être trop petit, l’oiseau ; et derrière le fusil, celui qui appuie sur la gâchette doit avoir un niveau de conneries suffisantes pour l’abattre, l’oiseau. Voilà ce que je vous dis, moi, dans cet insupportable délit de l’être (que nous sommes). Ce que l’on fait à la nature, en disant « c’est à moi, j’ai le droit de tout tuer ! », imbécillité de l’esprit !… L’on y trouve, ici… Ah ! Un arbuste est tombé, il fait une barrière, petite barrière fluette, un Hêtre arraché probablement par une bourrasque, par le vent. Adieu petit Hêtre ! Tu fis une montée trop fluette, tu as poussé trop vite et le vent t’a attrapé, il t’a dit « tu es trop audacieux » et le vent le fit craquer en son milieu pour que s’abatte au sol ce Hêtre malheureux, eh, établir cette barrière fugitive d’un moment que les hommes s’empresseront bien vite de dégager, oublieux de la créature qui vient de s’éteindre. À moins que de son tronc, reprenne un feuillage, c’est possible ? Ses racines délibèrent en ce moment et se disent « est-ce valable de perdurer ici, à l’emplacement où nous sommes apparus, où notre graine a été semée ? » Il se pose cette question, l’arbre abattu par le vent. Il était sous le couvert des grands chênes, ou de ses semblables, pour chercher la lumière évidemment. Il a pris le risque de monter vers le ciel plus vite que ses semblables, peut-être grâce à des nutriments adéquats, au moment où il le pouvait ; mais son audace l’a pris de court, il a pris un risque, et le vent a interrompu cette audace, justement (snif).

(parole en marchant – 7 nov. 2019 à 14h09)

—> 2. « petit chemin » : après la tempête

Le vent me dit « dégage ton front capiteux ; enlève ce couvre-chef qui obture le haut de ton crâne, que j’y déverse mes effluves ! » « Mais non ! » lui dis-je, « j’y ai froid là-haut, il faut que je réchauffe ma caboche ! Il faut que je réchauffe ma caboche ! Ton vent audacieux va m’enrhumer, j’aurais froid de toutes parts ; j’ai besoin de le réchauffer ce crâne, concentrer toute l’énergie que j’ai accumulée à cet endroit, à cet endroit ! » Alors, ton vent capiteux, tu peux te le foutre où tu veux !
Ah ! Il a compris, il cesse, il dit « bon, d’accord, je m’en vais ! »…
Il revient avec une brise légère, il m’amène la rumeur de la route tout près. Mais je ne me découvrirai pas pour autant. Tout au plus, je lèverai le front, je le découvrirai légèrement, celui-ci, en relevant le bonnet (snif), mais sans l’ôter pour autant ; même si une sueur me gratte le haut de la tête par moments, d’y apporter une froideur n’y suffira pas, je serais contraint de l’essuyer tout de suite. C’est là qu’il m’apportera sa bourrasque opportune. Ah non non ! Je ne me glisserai… je ne m’y laisserai pas… pas prendre…
D’inutiles propos que j’enregistre encore là, dans la petite machine, que l’on devra transcrire encore, aah !
Alors, au chemin, tu tournes à droite ou à gauche ? Vas-tu voir l’ancêtre ?
J’ai moyennement envie, rien ne me dit que cela s’avère nécessaire, sinon entrer dans un rituel des bonjours, bonsoirs, c’est moi que v’là ! Dans ce rituel où tel un croyant, je lui dirais « pardonnez-leur, ils ne savaient pas ce qu’ils font (faisaient), quand ils te coupèrent naguère ! » (snif)… Mécréant que je suis, je ne vais pas rentrer dans cette religiosité-là, justement, même si le lieu s’y prête, quitte à fuir cette opportunité-là, du rituel obligatoire que l’on se donne ; car rien ne vous le demande. Lui, l’arbre, il s’en fout, il est coupé, même si ses racines semblent être des garde-fous pour la progéniture (les progénitures) qui sévit autour de lui, comme aide-mémoire, comme l’on dit, elle reste encore en vie, eh, aucune pousse ne sévit sur son tronc découpé, son cycle est déterminé.
(le vent se lève à nouveau, dans une bourrasque passagère)
Ce sont les autres, tout autour, qui prennent la relève. Et quelle relève, ils résistent… ils résistent…

(parole en marchant – 7 nov. 2019 à 14h34) [S] (??)

—> 2. « petit chemin » : après la tempête

Le Geai, au loin, me dit de raconter un peu de la forêt, et elle me dit : « apprends à me connaître, et je te dirai tous mes secrets ; mais attention, en apprenant à me connaître, tu devras accepter ce que tu y verras sans pour autant chercher systématiquement à tout accaparer rien que pour toi ; apprends à me connaître et je te raconterai… » Depuis que je raconte cela, par-dessus la rumeur de la route que le vent m’amène peu à peu, quelques oiseaux gazouillent pour m’amener une partie de cette réponse… (snif)… Tout à l’heure, j’ai croisé des étrangers (étrangères) de celle-ci, recherchant des champignons, le Geai me dit « attention à ce que tu vas dire », il a bien raison, devrais-je me taire ? Ils cherchaient des champignons, le temps était un peu passé et il fait un peu froid. Je leur dis cela (snif), ils me demandèrent « où sont-ils, ces champignons que nous cherchons tant pour manger ». C’était des gens modestes, ils cherchaient à manger, mangeaient pour combler leurs faims. Je me dis… je ne leur affirmai pas la nécessité d’apprendre de la forêt, pour savoir où ils sont la plupart du temps, moi-même, ne le sachant qu’approximativement… ne le sachant qu’approximativement (snif) ; je leur dis que je ne leur dirai pas où ils sont ces champignons-là, ce qui les fit rire, déçu d’une opportunité (snif), d’une information dévoilée. Je leur souhaitais bon courage dans leur recherche ; ils (elles) venaient de si loin, de l’autre côté du grand fleuve (celui) qui sévit dans notre région. À l’échelle de la planète, ce n’est pas une grande distance, en effet, mais à pied, cela fait des heures de route, une ou deux journées peut-être ? Nous nous quittâmes à travers un sourire mutuel de bonne courtoisie à travers des « au revoir » coutumiers, dans la tradition des gens de par ici.

4’09 (il s’arrête, il est essoufflé ; au loin, un oiseau lâche un chant très haut perché, entre deux respirations de l’homme, quelques « tuite » à des fréquences élevées de 6,7 kHz à 8,8 kHz)

entre les deux respirations, pendant 2 s, le chant subtil de l’oiseau loin… (??)

Je t’ai dépassé mon petit Hêtre du bord du chemin ?
(celui qu’il croise souvent lors de ses promenades)…

4’25 (il reprend sa marche)
Je suis près de la pierre de l’arbre (celle qu’il remarquait à chacun de ses passages)… Ah ! Ils l’ont prise cette fois, la pierre ; elle n’est plus là… (snif)… Ah ! Était-ce celle-là au milieu du chemin, un plus bas, je ne sais ? Un enfant l’aurait déplacé, je laisse l’affaire, je ne la remettrais pas en place…
5’37 (il est de plus en plus essoufflé)
Le soleil amène… amène une belle lumière, ah… le soleil amène une belle lumière, aujourd’hui… Les champignons que je croise sont tout rabougris, le temps est passé, il ne dura qu’une quinzaine de jours ; le froid peu à peu s’incruste partout. Le froid salutaire, sanitaire tout !
6’49
Verrais-je ton éclat à cet instant où j’eus la révélation d’un rayon lumineux magnifique, fugitif, d’une seconde (peut-être deux), le verrais-je encore une fois avant de périr ? Nous rêvons tous d’une illumination (sniiif), qu’elle vienne à nous ; certains entendent des voix, d’autres des lumières, des croyances, alors que ce n’est qu’une manifestation hasardeuse de l’univers, où des hasards nous apportent des moments magnifiques (snif). C’est comme les éclipses aux temps anciens quand on ne les comprenait pas, tout de suite on émit (inventa) la croyance d’une quelconque divinité qui apportait quelques présages. Eh, quand nous comprîmes cette mécanique, le côté magique disparu peu à peu (il stoppe sa marche, son essoufflement est plus marqué) ; mais il n’est pas interdit de s’émerveiller devant une des beautés de la nature. Quand ces moments nous émerveillent, justement, il faut juste s’en contenter, parce qu’ils nous ont apporté une joyeuseté, un réconfort momentané parfois salvateur, vivre un instant, une seconde, ce moment-là pour survivre un peu plus longtemps demain, content d’avoir vu, entendu, ressenti ce moment d’extase ; être prêt à cela, être capable de s’en émerveiller. Eh, le moment dont je vous parle, à cet endroit où je suis, où je m’arrête, ne dura en effet qu’une seconde ; mais il m’apporta une réjouissance pour des mois entiers, des années entières, jusqu’à ma fin, à me réjouir de ce moment fugitif, de l’avoir vécu, et c’est suffisant comme jouissance à mes yeux, plus que tout autres…

(le vent apporte une virgule à cet entendement).
Voilà, paf ! Dans la gueule (il rit)… Excuse-moi, je ne peux m’empêcher…

(parole en marchant – 7 nov. 2019 à 14h47)

—> 2. « petit chemin » : après la tempête

Au bord du chemin, j’ai vu des branches (mortes) tombées (arrachées) par le vent (des arbres alentour), formant presque une croix, je les ai rassemblées pour parfaire cette croix, afin d’apporter un mythe… (Un Geai « criii criii criii ! » trouve cela amusant) Une petite croyance locale, fugitive, pour le passant qui croisera ce dessin (symbolique), ce placement opportuniste, afin de lui dire… de lui faire dire « tiens, le hasard ? Ou est-ce que l’on veut me dire quelque chose en accumulant ces branchages de cette manière, est-ce une plaisanterie, est-ce un signe, un signe cabalistique ? » De penser à susciter telle réflexion, me réjouit d’avance, on se contente de peu, me direz-vous. Mais savez-vous, les religiosités commencèrent probablement, certaines, par ces opportunismes-là, d’un hasard de la nature… dont on use abusivement à ses propres fins, opportunistes, disais-je… En effet, opportunistes !
Les Merles se sauvent devant moi, à moins que ce soient des Corneilles, je ne sais, je n’ai pas une bonne vue ?
Elles sont en couples, des Corneilles, je suppose, j’entendis leurs « croâ, croâ ! » si caractéristiques… Au-delà des croyances, le chemin se termine dans le silence !

Sonagrammes audiométriques :