(parole entre deux sommeils – 15 janv. 2020 à 2h24)
—> ajoutements, tragicomédies
—> lecture du texte « solitude et silence » (texte électronisé – 20 sept. 2019 vers 20h30)
Il entre, il est sur une scène, mais il ne le sait pas encore, il ressent un grand silence, mais comme une présence indéfinissable…
(il relit de tête ce qu’il vient de lire à haute voix, ne s’en satisfait guère et reprend…)
Il entre, il est sur une scène, mais il ne le sait pas encore, il ressent un grand silence ; et comme une présence indéfinissable ajoute un doute léger, léger…
(il note quelques corrections sur un document)
C’est vrai qu’il est un peu sourd, et un chuintement délicat, celui-là, il ne l’entendrait pas ; un mouvement peut-être, la grandeur du lieu, la résonance de sa voix si elle faisait un écho, il comprendrait que la salle où il vient d’entrer atteint une dimension insoupçonnée. Il est entré et ne dit toujours rien, il se déplace de long en large dans le faisceau de l’éclairage précaire du lieu. En effet, à cause de cela, il ne peut apprécier la grandeur de celui-ci, la lumière n’atteint qu’un pan de mur, les autres côtés apparaissant bien obscurs ou trop loin de l’éclairement. Cet éclairage est près de la porte d’entrée et laisse voir une table, une chaise où il s’assoit ; il regarde dans le noir, là où il ne peut pas voir l’absence d’une cloison, mais cela ne le dérange pas. Il n’a pas idée de s’engager plus loin, il écoute, il hume l’air du lieu en levant les yeux, tente d’en apprécier la profondeur. Il a la sensation d’une présence, peut-être quelques respirations, des mouvements d’habits comme ces froissements dès que l’on s’assit, le grincement d’un siège, le grattement d’une tête à cause d’un pou furieux, peut-être un bâillement ou deux ? Une solitude toute relative semble occuper les lieux…
(il reprend)
une solitude toute relative semble occuper les lieux ; le reniflement de la bête (lui) perçoit quelques effluves, des transpirations, peut-être des respirations nauséeuses ?
(il inscrit sur une feuille quelques notes, une inspiration ?)
Il n’a pas la présence d’esprit de s’aventurer en dehors du point de lumière qui l’illumine si pauvrement, il goûte à cet éclairage digne d’un apaisement, il réfléchit en observant vaguement les lointains que pourrait lui apporter l’invasion… que pourrait lui apporter une évasion de ce noir nonchalant ? Une lumière vide susciterait… susciterait… Une lumière vive susciterait trop d’im… d’animation.
Une lumière vive susciterait trop d’animation, trop de freins à son imagination, trop de choses à observer ; l’absence de détails lui offre un apaisement, oui, ne penser à rien, voilà ce qu’il savoure ici, à ne s’inquiéter de rien, ne pas dire « y a-t-il quelqu’un ? » De cela, il n’a pas envie ; ils seraient des milliers autour de lui qu’ils n’ajouteraient rien de plus à son ennui, sinon quelques rêveries de passage. La solitude a un vilain défaut, elle occasionne quelques propos, quelques pensées que l’on n’aurait pas si nous étions à la lumière, ouvertement assis auprès de gens avec qui l’on ne désire aucune conversation. Il y a la pause du midi, il y a aussi la pose de l’ennui et d’une pensée absente au-dedans de lui, cet ennui sans fard, sans prestige ; un petit ennui tout riquiqui, à peine de quoi faire pipi ni même fumer la pipe dans son lit, parce que cela rime bien avec les propos précédents de la phrase ? Ce qui lui vient est sans détour, il serait donc tout seul dans une pièce immense où lui seulement, recevrait du haut vers le bas, cet éclairage médiocre et malgré tout… et malgré tout apaisant, estiment-ils. Quant à savoir pourquoi il ne serait pas tout à fait seul, doit-on s’en inquiéter, faut-il demander que l’on éclaire plus amplement la salle ? Ce questionnement n’a aucune raison d’être en ce moment, il est seul parce qu’il le désire. Vous seriez autour de lui entassés comme dans une fourmilière en activité, il resterait planté là dans l’ignorance absolue de vos déplacements méticuleux lui apportant une phéromone ou deux, il aime bien le chiffre deux, ce chiffre du binôme où tous les couples vont deux par deux, rarement trois par trois ni quatre par quatre, encore moins un par un.
Le lieu est pourtant habité de multiples êtres et pas seulement de formes lui ressemblant, on pourrait ajouter une mouche et quelques moustiques, peut-être un papillon de nuit dans le renfoncement du lieu posé sur le mur attendant un moment de tranquillité pour s’envoler ; dans les commissures des angles sûrement quelques cloportes attendent le foisonnement de quelques pourritures champignonneuses pour une méditation du soir… pour une médication du soir (c’est connu, les champignons sont à la base des plus fertiles guérisons de l’histoire, une forêt vous en dirait tant à ce sujet, mais cela nous éloigne de notre propos initial).
Nous ne parlerons même pas d’une multitude de bactéries dans l’air, par terre, partout, sur et au-dedans de tous ; mais de cela aussi il n’en a cure, il n’y pense même pas, il a oublié l’idée de toute présence ici, il écoute seulement le silence, puisqu’il n’entend véritablement aucun bruit identifiable, il se comporte comme s’il était authentiquement seul ! Le contrôleur de sa solitude, s’il venait à passer à cet instant, il lui demanderait un certificat d’authentification tamponnée assidûment pour certifier son état de solitude, absolument !
Mais là encore, nous nous écartons du sujet. Il entra dans cette pièce aux dimensions inconnues ; il s’est assis sur la chaise les bras accoudés sur la table ; il regarde au loin et se demande toujours pourquoi il ne voit pas plus loin, serait-ce à cause de ce noir intense occupant toute la pénombre presque tout autour de lui. Serait-ce ce manque de luminescence ou sa capacité déficiente d’observer dans le noir quelques réflexions d’une lumière diffuse ? Que devrait-il penser, d’ailleurs, il se l’imagine, que devrait-il penser ? À tout un tas de choses, hélas, il n’y arrive pas, il n’arrive… à mettre… il arrive… il n’arrive à mettre des mots… il n’arrive pas, il n’arrive pas !… pas…
(il marmonne et semble corriger le discours de sa propre description)
Il n’arrive même pas à mettre des mots à toutes ses pensées, mêmes pas, même pas…
(il corrige à nouveau le discours)
Il n’arrive même pas à mettre des mots à toutes ses pensées, pour la simple raison qu’elles ne l’intéressent pas ; il voudrait être dans… il voudrait être dans un ailleurs indéfinissa… ah ben, j’ai enlevé tous les mots… indéf…
(en marmonnant, il corrige encore une fois)
Il voudrait être dans un ailleurs indéfinisse… il voudrait être dans un ailleurs indéfini dont il ignore la logique, son affairement ressemble à une paresse magique clouée là pour le bien de ses méninges, où son corps a cette paresse…
(il corrige à nouveau)
enlevons paresse… cette langueur… son corps a cette langueur…
(ajout manuscrit, la machine enregistreuse n’ayant plus d’énergie, elle n’enregistre plus rien et s’éteint, le reste est ajouté de mémoire)
Comme pour lui ôter toute envie d’une autre vie, la nécessité d’un apaisement rudimentaire, une mise en scène sommaire. Malheureusement pour lui, l’écriture de ces phrases dénote d’un pareil accoutrement. Derrière eux, le scribe de ces mots a bien une idée, et il ne sait pas encore véritablement laquelle…
(mise au propre)
Que devrait-il penser d’ailleurs, il se l’imagine ? Que devrait-il penser ? À tout un tas de choses, hélas, il n’arrive pas. Il n’arrive même pas à mettre des mots à toutes ces pensées, pour la simple raison qu’elles ne l’intéressent pas, il voudrait être dans un ailleurs indéfini dont il ignore la logique, son affairement ressemble à une paresse magique, clouée là pour le bien de ses méninges ; oui, son corps à cette langueur, comme pour lui ôter toute envie d’une autre vie, la nécessité d’un apaisement rudimentaire, une mise en scène. Malheureusement pour lui, l’écriture de ces phrases dénote d’un pareil accoutrement. Derrière eux, le scribe de ces mots à une idée, et il ne sait pas encore laquelle…
Que de mots pourrions-nous assembler encore à propos de cette situation ?