(texte manuscrit – début juin 2020, vers le 15 juin)
—> ajoutements, tragicomédies, [dialogue] mort, vie

Dialogue, à la question :
On m’accuse, mais qu’ai-je fait ?
Attendez, nous allons vérifier la cause de cette accusation… Effectivement ! Un dossier existe bien à ce propos, l’on a écrit au sujet de vous… Voyons voir ce qui est écrit ?
Alors ?
Permettez que je lise plus avant… oui, l’on vous accuse bien !
Mais de quoi ?
De quoi l’on vous accuse ?
Oui !
Eh bien… voyons voir, quoi quoi quoi ?… Oui ! Voilà ! Vous êtes accusé « de vivre ! »
De vivre ?
Oui !
Je vis, donc ?
Il se pourrait bien, puisque vous me parlez… c’est cela « vivre », entre autres…
Mais vous aussi, vous visez bien vous aussi, il y a de la vie en vous…
En effet ! Je vis comme vous, mais l’on ne m’a pas accusé du fait ! Vous, par contre, c’est un fait, dont vous êtes accusé !
Et comment je dois comprendre cela ?
Comme vous voudrez !
Je suis accusé de vivre, et l’on va me condamner pour cela ?
Euh ? Voyons voir… Oui ! une condamnation a été promulguée !
Et ?
Euh… vous êtes condamné à « mourir », à mourir à force de vivre, l’on meurt ! C’est écrit ici ! (Il lui montre la sentence)
Mais… vous aussi, vous mourez un jour, comme moi ?
Oui, peut-être, mais je n’ai pas été condamné, moi !
Pas une autre peine ?
Euh ? Je lis, tatata… non ! « Mourir », c’est tout !
Il y a une date, pour la mort ?
Ah ! Euh… je vois rien là-dessus. Probablement, quand vous aurez trop vécu, vous mourrez ! C’est déjà pas mal comme diagnostic ?
Mais, c’est idiot ce jugement ?
Oh ! Vous savez, moi, je ne fais qu’enregistrer les actes, les sentences, les procès-verbaux et tutti quanti !
Je suis condamné à cause de mon existence ? (Alors, pourquoi m’avoir fait naître, dans ce cas ?)
Euh ! Vous savez, je crois, bien que vous n’ayez pas le choix ; là, à force de vivre votre assemblage va s’user et l’usure apporte un dépérissement, une dislocation ensuite, et des recomposements après ; c’est très commun tout ça. La seule chose qui reste, ce sont vos traces, et les mémoires d’une souvenance de vous et de vos agissements ; à celle-là il n’existe qu’une alternative : l’oubli, ou la souvenance, et toutes ses remembrances dans une variation inexorable, l’interprétation de ces traces à votre avantage ou à votre détriment, c’est selon…
J’ai rien compris à ce que vous me dîtes. Vous devez utiliser des mots inadéquats, je m’égare dans vos propos ?
Mais non ! C’est inscrit, là, voyez ! (Il lui montre)
Oui, mais c’est votre interprétation, ça ! Ce n’est pas la mienne…
Je ne fais que lire ce qu’il me vient à dire ! J’ai aussi une mémoire à déverser, nous varions sur ce point, le monde est multiple et les points de vue s’ajoutent et se ressemblent, ils cohabitent. Vous devrez traduire, toujours traduire ! Voulez-vous un interprète, un traducteur, un convertisseur, un transducteur, un pont, une passerelle, un lien ?… La machine peut vous aider, appuyez sur le bouton des demandes pour qu’elle vous réplique !…
Que voulez-vous que je demande : une révision du verdict imposé ?

(ajout)
Que je meure demain, inexorablement c’est certain ? Non, ce n’est pas cela, c’est la condamnation qui m’insupporte ! Pourquoi vivre, si c’est pour mourir ensuite ? En disant cela, je le sais bien, j’élude une partie de la question, j’omets un propos plus savant, un propos (que tiendrait des philosophes) de philosophes évidemment. Enfin, quoi, qui peut répondre à cette question quand on ne possède pas tous les éléments pour y répondre ? Nous ne naissons pas par le désir de nous-mêmes, mais par une volonté extérieure à ceux qui nous ont engendrés, nos parents biologiques, eux-mêmes furent soumis à la même logique, noyée comme chacun dans une mouvance qui nous dépasse tous. Condamné oui ! à vivre, d’accord, et puis s’en aller ensuite, que l’on soit d’accord ou non c’est du pareil au même, la vie est un éternel recommencement, on ne sait guère quand cela commença ni comment cela se terminera ? Nous ne faisons que changer de forme avec les mêmes briques, avec les mêmes éléments nous occupons des espaces à chaque fois tous différents, en taille, en petits ou en grand, c’est du pareil au même, condamné à vivre, oui ! Et puis après, quand tu changes de forme, ton esprit, que devient-il, lui ? (il meure avec, se transforme aussi, qu’en sait-on ?)