(texte manuscrit – 2 août 2019 à 13h50)
—> 3. « singes savants », considérations philosophiques :
Dès que nous prîmes conscience de tous les chants de la nature, nous devînmes plus descriptifs, en usant de notre savoir technique sur les sonorités ; nous n’avons pas inventé, elles étaient bien là et nous nous ingéniâmes à les décortiquer sans pouvoir les entendre, ne voir que leur image sonore qu’elles me laissèrent. Bruit de la terre, bruit du vent, bruit du ver de terre et de la libellule en grand ; le grillon épatant, le bzzz de la mouche ou du moucheron, c’est selon la taille ; le monde est fait de bruissements inconnus, la plupart loin de celui des villes, ses bruits tonitruants et sans mesure. Ici, malgré les cultures aux alentours, toutes empoisonnées sans détour, il reste quelques havres de paix, dans un silence raisonné par le vent et l’air du temps ; orages, pluies, éclairs, et lumière qui luit entre deux stratus la nuit, la lune qui réfléchit une lumière, celle de nos vies ; apportée tout le jour par l’étoile, sa lumière et sa persistance, sans ennui aucun, que ferais-je sans lui ?
Usant des technologies du moment, machines enregistreuses et algorithmes transposant les choses mémorisées ; novice et pourtant expérimenté d’un savoir déjà ancien à l’échelle de mon existence, je décris et annote les images sonores ; en faire toute une musique de ces découvertes (l’écrire comme une partition, inventer une scénographie des sonorités) ; prouver à la face des ignorants, ceux de formes identiques à ma personne, qu’il existe bien un monde autour de nous, et même en nous, en prendre plus amplement conscience, ne pas en avoir peur, mais au contraire l’ingurgiter au-delà des craintes ; arrêter donc de ne parler que de vous, ne plus s’affabuler soi-même avec cet ego, il vous submerge affreusement. Vous aurez beau tintinnabuler de la tête, refuser toute entente après vous être sustenté pour ne pas crever de faim, osez redécouvrir ce monde étonnant qui vous habite, ou que l’on habite (c’est selon les dedans et les dehors de soi) ; permettre à nos vies la possibilité d’un éveil en dehors de nos mythes, de nos religiosités désuètes et guerrières, faire la paix en vous ouvrant au monde et arrêter donc de faire tant d’enfants ! Vous leur amenez un enfer dans le nombre, c’est aberrant ; raisonnez-vous, soyez grands et avancez élégamment en remerciant, comme une prière à la vie, ceux que l’on mangera, plantes, animaux, insectes, ceux par qui l’on vit, ceux-là mêmes qui nous prêtent vie. Sinon, dans un sort inexorable des enfantements, les nouvelles existences, si elles ne s’adaptent, perdent toutes subsistances qui les animent, s’étiolent et meurent sans descendance, la vie provoquant un avortement terrible. Nous sommes condamnés à nous éveiller pour ne pas périr, c’est dit ! (D’une autre manière)…