(texte manuscrit - début 2017)

Mots qui s’assemblent, puzzle de la mémoire à recoller.

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Depuis le jet de cette ferraille, à trois ans, deux réalités cohabitaient, celle sans intérêt d’un petit d’homme et celle d’un autre, apparu à peu près à la même époque et qui suivra sans cesse le parcours du premier. L’existence du second ne prendra effet que dans la perception de sa présence. Véritablement dans un dédoublement subtil du premier, il s’en aperçut qu’à la fin de sa vie. İpanadrega est le second ?
Il s’excuse par avance d’avoir parasité celle du premier et comme celui-ci semblait désœuvré il lui proposa de transcrire sa propre aventure, son parcours, en réaliser la somme de tous ses songes. Le premier le savait, il apparaissait conscient de sa médiocrité et voulu bien qu’İpanadrega l’inspire et lui fasse écrire une œuvre mémorable, qu’il puisse en être fier. Mais, le premier sans orgueil ne souhaitait aucune tromperie et désirait que l’on dise toute la vérité (à moins que cela fût exprimé par le second, on ne sait plus très bien). Le second en resta d’accord, et imperceptiblement accepta ce contrat d’une parole donnée comme gage sincère ; put commencer ainsi l’histoire tant racontée. Des mots furent posés pour formuler à la fin un vaste livre.
Ce livre évoque la description de ce parcours, on ne vous demande nullement d’y croire, rien ne vous y oblige, mais pourriez-vous l’éprouver à travers vos songes et les comparer, et éventuellement en établir une synthèse pour au bout du compte l’ajouter à une histoire universelle, comme une brique, une trace, la boucle serait ainsi fermée ?

Vous l’aurez compris, le premier apparut aux yeux de tous comme l’auteur, mais ici à travers ce dit-là, il atteste qu’il n’en reste rien, il n’est qu’un passeur, un faiseur de mots. Il le signe timidement avec embarras cet ouvrage, pour se conformer à l’usage ; mais il hésite, il ne se sent pas faire partie de ce groupe d’hommes que l’on appelle « écrivain », non, cela lui échappe totalement. Son talent propre et relativement médiocre et ne suscite que peu d’intérêt. Non, encore, il fallut le hasard de cette vibrance qui lui fit rencontrer İpanadrega, pour qu’une inspiration véritable prenne jour (essor).
En fait, ce discours, il essaya de multiples façons de le transcrire et lui échappait l’accroche authentique. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que les mots s’imposèrent à lui avec une évidence remarquable.
À la fin de celui-ci, le premier redeviendra médiocre et disparaîtra, son empreinte propre n’ayant, nous l’avons déjà dit, que peu d’intérêt. Seul importe la trace laissée et celle-ci se nomme İpanadrega ! Le reste d’eux demeure alors futile…