(texte manuscrit – 12 mars 2020 à 10h50)

—> 3. « singes savants », philosophia vitae :

« il veneto scribus écritus solicitus »
« fini scribo scriba videt »
« scriptor videt ad scribe vitae »
« et scribe super conspergitur vita, vitae »

Que cherches-tu à dire, dans cette langue ancienne que tu ne maitrises pas ?
Oh, rien que la nature de ma tâche, ma mission… s’il en est une, la résumer en une courte phrase emblématique ?
« Le vivant inspire à un scribe une écriture sur la vie »
« La vie inspire à un scribe une écriture sur elle »
« La vie dit à un scribe d’écrire sur sa raison d’exister »
« La vie insinue à un scribe d’écrire sur sa raison d’exister »
« La vie insinue à un scribe l’écriture de sa raison d’exister »
« Le vivant insinue à un scribe l’écriture de sa raison d’être »

Du vivant, vous n’en voyez que la partie animée, alors qu’au-dedans de chaque morceau de ce vivant, reste inanimé (stable), mais immanent, un code, un plan de fabrique lâchée là par hasard ou opportunément, laissé là pour attraper comme un virus une part de matière et tenter un assemblage ; tenter de l’animer ensuite, en prendre une part docile, la domestiquer et s’en servir ensuite pour approfondir les déplacements prochains, d’éventuels accaparements momentanés ; de toute façon, laisser une trace avec la nécessité qu’elle soit reconnaissable d’entre toutes ; le code, le langage, l’illusion d’un déterminisme d’une mémoire en toutes choses, s’imprègne dans la matière pour nous dire quelque chose, mais quoi ? Cette question lancinante prête à vivre, pour chercher le pourquoi du comment, même en tuant ou même en s’exterminant, l’un l’autre résolument ; les êtres obéissent à des schémas ancestraux, archaïques, détestables ou non, selon l’humeur, des déficiences pour les uns, des éléments d’une exploration insatisfaite pour d’autres, tant les dégâts sont grands ; cela représente une dépense énergétique considérable à travers ce qui reste, amène une entropie irrémédiable vers un assèchement, une inertie en perte de vitesse, voulant retourner au zéro absolu des premiers instants d’un monde irrésolu, pas fini, ne se finissant décidément pas ; la recherche d’un devenir incertain, ou la quête d’une opportunité venue d’on ne sait où. Des croisements entrent des mondes différents, s’affrontant par mégarde, par enchantement, selon votre considération à cet arrangement des choses. Une part indéfinie des choses ne cesse de tenter une lecture, celle de toute trace laissée ; elle cherche à recombiner l’expérience de chacun, qu’elle soit inerte ou animée, au repos, déprimée, démontée, à recombiner, que sais-je encore ?
Enfin, pour dire ce qui me vient, le vivant est une graine déposée à tout-va, prête à tenter l’expérience de son déposement, l’endroit favorable pour un essor, une mort, un recommencement, une variation, discipline suspecte d’une animation, des changements programmés dans le plan d’une génétique plus ou moins préservée prête à développer un essor : « il faut qu’elle en sorte de son enveloppe codante, s’agglomérant à ses dédoublements », pour décoder et coder à nouveau ; assembler et déplacer un stock d’éléments associés, une combinaison de multitude de raisons d’être ou de ne pas être, dilemme du comédien, sur une scène un spectacle, une vitrine, un promontoire d’une publicité assommante, de l’irrémédiable envie de divulguer les soubresauts de sa mémoire, son existence. « Voyez ! Comment je vis, comment je vois, ce que je suis ? Je ne le sais pas ! » Tous ces questionnements sans réponse ne demandent en fait qu’une reconnaissance, celle des dédoublements anciens, éloignés jadis, finissant par se rejoindre, à cause des aspérités du temps, du vent, des éléments sans cesse vacillants (fatalement, un rapprochement va contrarier ces éloignements). Je m’éloigne et puis je reviens à moi, quand je n’étais qu’un ; maintenant, je suis des milliers, des milliards de moi-même, démultiplié, goûtant chaque partie dédoublée, à une part de ce monde, pour en rapporter des expériences de nos différences, des endroits visités ; et les comparer à ce point de départ où nous fûmes nés ou apparus, prenant naissance d’une émergence inconnue, nous demande « de ce point de vue, qu’en reste-t-il de mon origine et pourquoi, ici, suis-je advenu ? » Donnez-moi la raison de ce commencement s’il en eut un, par quoi commença-t-il ? Dites-le-moi enfin !

Ajoutements :
C’est bien pour cela qu’il y a tant à désirer vouloir raconter une histoire de diverses manières, assurément, toujours la même en variant continûment, parce que l’on ne sait pas faire autrement, raconter toujours le même refrain…