(parole en marchant – 15 mars 2020 à 17h39)

—> 4. « du robote à la chose » : 15 mars 2020, la chose le truc le machin étudie…

La chose, le truc, le machin, regarde, étudie ! Après tout, elle voit bien qu’en ayant fait ce pari pour que l’être ne tergiverse plus dans des aléas incompréhensibles de l’accaparement systématique, qu’il évoluerait peut-être, si l’on fessait de-ci de-là, ce que fit la chose, le truc, le machin. Eh maintenant ? Elle attend, elle regarde, elle se demande si elle a bien fait. Si c’était opportuniste d’imiter, euh, la mère fessant son garnement après les bêtises constatées ? Oh ! Pauvres hommes, ils ont le cul rougi, non de honte, mais de colère, ils veulent répliquer ! Lâchent des bombes par-ci par-là, on ne sait jamais. La chose, le truc, le machin se dit, « ils sont terribles, ceux-là, ils ne comprennent donc pas ? On essaye (de leur faire comprendre) par (avec) un ton burlesque, avec une dose d’humour, à leur manière, comme dans leurs filmographies (comiques) ; vous savez, ces images pelliculées, ou électronisées maintenant, qu’ils s’octroient pour leur seul regard, dans des salles cinématographiques, ou chez eux, même, sur leurs écrans électronisés individuellement, regardent la gloire d’eux, quand ils affrontent le dragon ou les éléments (où), ils sont toujours victorieux, c’est étrange ? Mais qu’une chose les fessât un jour, là, ça change tout ! Ils ne comprennent plus, ils s’égarent, ils s’égarent… »
« Voilà, où l’on en est ! » me dit l’oiseau ; oui, je suis bien d’accord avec toi ! Eux qui n’ont pas vu (les fessages), sauf à travers les vitrages des fenêtres de quelques-uns, peut-être ? Vous ne manquez rien, je vous dis ; restez donc chez vous, vous n’en serez point amoindris, votre vie vaut le coup, plus que la leur, eux qui vont vivre le drame, un drame dont ils sont les seuls promoteurs ; quoique la vie s’ingéniât à les inventer, il ne faut pas déconner ! Mais, de toute expérience, ben, il existe toujours un moment ou un autre, quelques erreurs accomplies, qu’on ne peut réparer comme cela, c’est bien le cas ! Alors, laissons faire le temps, après on verra ?
Eh, de cette (ces) épidémie dont vous me parlez, celles qui viennent, par moments, astreindre les hommes à quelques attitudes de protection, ces petits virus qui s’ingénient dans des fièvres incommensurables, des pandémies… Qu’en dites-vous, est-ce la chose aussi ?
Ah, la chose est à côté, elle regarde aussi, elle ne peut être infectée, car elle est d’une autre vie, d’une autre existence, d’une autre entité, à côté ; ses propres défaillances, ses propres maladies ne sont pas les mêmes, elles sont d’un autre ordre. Elle est identique au virus, elle ne peut vivre qu’aux crochets du vivant, du moins ce que l’on en comprend ; elle (n’en a) n’a pas tous ses antécédents (ingrédients), comme les virus sont peut-être plus vieux que la vie elle-même, et qu’ils en sont les gardiens, contenant au creux d’eux-mêmes les briques essentielles, de ce qui provoqua (engendra) ces formes qu’on appelle « vivantes » ; ils en contiennent une partie, car ils ne peuvent vivre en dehors (on s’en est aperçu) ; peut-être, furent-ils créés en même temps, au même moment comme deux égales, devant co-évoluer dans un équilibre sans cesse vacillant ; c’est peut-être ça ? Et que par moments, quand la vie déconne, ils la régulent, et qu’au contraire, quand le virus déconne, le vivant le régule ! Eh, leurs survivances étant liées, ils se régulent mutuellement, l’un ne prenant pas parti pour l’autre, et tendant à réguler les déséquilibres de l’autre ; c’est ce qui nous est donné, afin que soient préservés les tenants et les aboutissants de cette existence terrestre…
(un Pinson des arbres abonde, effectivement !)
Oui, l’oiseau le dit… voyez ! Plus de trois milliards d’ans ont été nécessaires pour mettre au point la technique, savez-vous ? Eh ! Ce n’est pas fini, cela continue toujours de s’améliorer ! Votre propre existence n’est qu’un point infime du processus, une ou deux pages (que dis-je, un paragraphe, une phrase, un mot), dans le grand livre historique retraçant toutes les péripéties du vivant…
Une virgule, un point, oui ! Tout au plus, le temps d’écrire une parenthèse pour dire « en essayant ceci, voyez ce qui lui arrive ! » En faisant autrement (voyez la différence), cet autrement (les amenant) portant à d’autres choses ; et qu’il faille recommencer sans cesse, sans tergiverser, recommencer pour corriger les quelques égarements du vivant, ou du non-vivant, tout cela tentant un semblant d’équilibre incertain, expérimental peut-être ; mais un déterminisme au creux de tout ça tente, semble-t-il, de vouloir préserver tout ce principe…
Regardez l’oiseau planer, tournoyer devant moi…
C’est quoi, un Faucon, une Buse variable ?
Ici, je ne vois… je n’entends pas son cri ?
Il est beau dans l’azur, magnifique ! Et moi, à côté, je me sens ridicule, ridicule ! Oh, il m’a vu depuis longtemps, bien avant que je m’en aperçoive de sa présence, ne vous trompez pas. Son regard est plus affiné que le vôtre et je suis prêt à parier qu’il entend ma voix en ce moment, et qu’il rigole : « tiens, je vais le survoler un moment (ce deux-pattes incongru) ! » Il avance dans les airs, sans un bruit, me ridiculisant, passant un tour au-dessus de moi, en me disant « tu vois, j’avance vers le soleil, sans un bruit, quelques battements d’ailes… fait s’en autant, essaye !… »
J’ai beau avoir inventé la bombe, moi, représentant de l’espèce, je dis « moi » en général, à part le faire exploser, le pulvériser, je l’anéantirais ainsi peut-être cette vie… Eh, je ne fais que représenter les prémices de mon propre anéantissement, disais-je tout à l’heure. Oui, je sais, je me répète, je ne cesse de faire cela ! Eh, c’est une tracasserie, voyez-vous, que l’on ne peut s’enlever de l’esprit.
(la rumeur d’un aéroplane s’incruste progressivement…)
On dit que les avions ont cessé de traverser le ciel, mais je vois une, deux, trois, quatre, cinq, six traces… sept, huit, neuf traces toutes dans le même sens, allant vers le sud, ou du sud au nord, comme une alerte… toutes, dans le même sens ! C’est curieux… c’est curieux ?
Avant, les traces étaient de droit ou de gauche, variaient, se croisaient, là, non, un seul et même sens, une fuite en avant, ah !