(parole en marchant – 1er avril 2020 à 13h58) [S] ??
—> 2. « petit chemin » : encore médire et habitats
—> durée : 20’54
(un engin à moteur le croise)
Avec vos moteurs, vous pourriez faire des bruits plus agréables, inventer des rumeurs plus enjouées, faisant une magi… une musique plus agréable à l’oreille, au lieu de ces bourdonnements pénibles, ce ronronnement continu d’un moteur à explosion ; imiter le silence du bzzz (discret) du moteur électrique, qui, au contraire (du précédent), lui, dans son absence de bruit, créer un inattendu, on ne le sent pas venir le véhicule muni de cet avancement inaccoutumé…
Mais vous êtes toujours à médire de nous, vous êtes toujours dans le déni de nous, cesser donc enfin ! Tenter de voir les choses plus positivement, contrebalancez votre parole avec des propos plus équilibrés, d’une juste mesure autant que possible, tentez cela, vous le pouvez !
Non ! J’ai du mal !
Mais les hommes, vous ont-ils tant fait de mal ?
Oui !… Pas à moi directement…
(il arrête sa marche)
Écoutez l’oiseau…
2’25 (l’oiseau répond « ui ui ui ! »)
… il vous dira, lui !
2’30 (l’oiseau répète « ui ui ui !… ui ui ui ! » et s’en va progressivement en disant toujours « ui ui ui ! »)
2’48 (il reprend sa marche pressée…)
3’25
Ce fut bien court ?
Oui, mais il a peur de nous, il s’en va, il fuit, c’est sa misère, il est tout petit. S’il était aussi gros que nous, il nous enverrait quelques raclées et je ne contesterai pas celles-ci ; il se vengerait peut-être bien ?
Mais, que lui avons-nous fait ?
Ah ! Son ignorance de lui, ce que vous lui avez fait ! Quand vous détruisez les forêts où il habite, quelques nichées (ont été détruites) de lui, vous avez emporté les nids, des pontes furent détruites, ils s’en souviennent, croyez-moi, qu’il faut se méfier de nous. Eh, si ce n’était que les oiseaux, mais tous les habitants de la forêt le savent ; la forêt, elle a de multiples ennemis, mais le plus considérable, c’est bien nous. Notre aveuglement est autant leur ennemi que le nôtre à nous ; la distance que nous mettons dans cet endroit où nos ancêtres vivaient continuellement, ils étaient près de la forêt, et probablement firent bien moins de bêtises, quoique… il s’est dit qu’ils coupèrent beaucoup de bois à ces époques, où de l’énergie on n’en trouvait guère plus qu’à travers ces êtres-là, les arbres de la forêt… ici, dans cette même forêt…
5’57 (il s’arrête quelques secondes, et un oiseau en profite pour ajouter « tidi dididi ! », on vous met la preuve, sous le nez !)
… vous trouverez des gisements ferreux…
6’00 (« ui ui », l’oiseau confirme)
… où l’on trouve ce qu’on appelle du « laitier », des résidus des fours ferreux, où l’on fabriquait un fer peut-être, de qualité médiocre, cela dépendait des gisements, mais suffisant pour construire quelques outillements utiles aux labours, aux cultures, aux armements sommaires de l’époque…
6’43 (une machine roulante le croise à nouveau)
6’46
Et là, ce bruit-là, de l’automobile qui passe… (la machine roulante)
Ce n’est pas un des pires (savez-vous) ?
Oui, mais son murmure dans le vent, continuel, est sans agrément, croyez-moi ! Quand vous avez ça à votre fenêtre, qui passe tout le temps, vous vous lassez vite ; ce n’est pas le carrefour (la cohue des grandes villes) chez moi, dans mon gîte ; et vous n’habitez pas forcément où vous voudriez… De choix ? vous avez tous les moyens que vous donne l’existence, on ne choisit pas toujours ; et souvent en ouvrant la fenêtre vous avez une circulation tonitruante d’une route, où le bruissement de ces véhicules mobiles ne cesse de vous fatiguer l’âme en plus de vous polluer l’air, ils vous fatiguent dans leurs sonorités sans agrément. La forêt est un plus, assurément ; sauf si une route, une autoroute la traverse, c’est différent, elle crée une rupture entre le côté droit et le côté gauche de la route, si vous ne construisez pas de tunnel en dessous pour que tout être puisse circuler d’un endroit à l’autre, vous créez une frontière et vous ne supportez pas qu’on la traverse, vous n’y admettez que vos véhicules ; cette distanciation crée aussi un des propos que j’aurais contre notre humanitude débridée à ce sujet. Mon emportement, à construire inconsidérément des outillements, des structures, des édifices, sans tenir compte de la réalité des sols. Eh, des sols si vous en teniez comptent, l’allure de vos bâtiments serait tout autre, plus en accord avec la réalité. Tenez ! Prenez les fourmilières, elles construisent, elles, les fourmis, celles-ci, à partir des éléments trouvés sur place, elles n’importent pas (de matériaux) d’endroits trop lointains, c’est une dépense d’énergie incommensurable à leur échelle ; elles prennent sur place ce qu’il faut, elles n’habitent que là où elles peuvent construire leurs habitations ; c’est pareil pour le termite, ou tous les êtres qui construisent quelques abris pour leurs progénitures, ils font avec les moyens du bord. Nous, notre exubérance est d’oublier le lieu où nous habitons ; une construction, quel qu’en soit l’endroit, peut être identique partout sur terre, c’est une irrévérence vis-à-vis de ce qui se passe autour de nous, un oubli de ce milieu (celui) qui vous permet d’exister. De dire cela n’est pas illogique, abusif, c’est une réalité ! J’y peux rien moi, si ça me saute aux yeux, ben, tant pis pour vous ! Votre aveuglement vous aveugle (obscurcis la vue), essuyez vos oculaires, vos lunettes, si vous en avez ; regardez mieux, appréciez le monde tel qu’il est ! Cette réalité-là, il y a déjà bien longtemps que je m’en suis aperçu. Oh, ce n’est pas partout pareil, certains font des efforts, heureusement ! Eh, l’entre-soi d’une espèce est toujours nauséabond, il est préférable qu’il y ait une collaboration entre chacun, ce que parfois atteint la forêt, dans une symbiose, si on la laisse tranquille… Voyez cette forêt-là que nous traversons régulièrement, c’est une forêt blessée…
13’01 (un oiseau réagit à cette affirmation, « tieu tieu tieu ! », saurons-nous l’écouter ?)
… à chaque fois que je passe, je vois un monde blessé…
(il s’arrête pour écouter)
16’05 (il reprend sa marche, le vent s’en mêle)
16’33
Vous l’entendez l’oiseau ? Il s’est tu dans son alerte quand je n’avançais plus ; « tieu tieu tieu ! » disait-il, « attention, attention, il arrive, il arrive ! » Maintenant, que je me redéplace, il recommence son chant d’alerte, « attention, il arrive ! » Oh, ils ne craignent rien avec moi, assurément, je n’ai pas la grande tige ferrailleuse (celle) qui fait « pan pan ! », et sur quoi je viserais d’ailleurs je les entends certes, en amplifiant leurs sonorités à l’aide de quelques machines dans mon oreille, mais de les distinguer, à travers le feuillage naissant du printemps, des arbres, j’aurais du mal à les viser ; pourquoi tirais-je dessus ? Quelle envie imbécile me prendrait à faire cela, sinon une folie véritable ? De ça aussi, j’ai à médire, je ne peux m’empêcher, excusez-moi…
Vous ne passerez donc (le temps de) votre écriture, qu’à maudire de nous ?
Oh, pas tout le temps. Je ne parle pas que de vous, je dis cela quand je vous parle d’eux, ou de vous. Vous, les hommes, vous désirez toujours parler que de vous. Moi, je parle de vous, mais aussi du reste, ce qui m’attire encore plus. De vous, j’en ai fait le tour pour l’instant, et peu de choses m’y attirent, c’est pour ça que je maudis tout le temps ; vous m’auriez montré quelques atours… quelques atours plus réjouissants, je pourrais m’en réjouir, mais non, je n’ai pas eu cette chance ! Alors je vais voir ailleurs, dans la forêt, j’y trouve quelques réjouissances, ce que me dit le Pouillot véloce en ce moment, « réjouis-toi » me dit-il, « réjouis-toi, tant que tu le pourras ! » (vous auriez un humain me disant cela, en pareille situation ?), en insistant, n’est-ce pas ?
(Et il se tait, lui, le marcheur du moment, pendant ce temps l’oiseau poursuit son chant…)
…
(chants d’oiseaux – 1er avril 2020 à 14h25) [S]
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 1’14
…
Sonagrammes audiométriques :