(parole en marchant – 25 mai 2020 à 10h01)
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 8’06
Même si, à chacun de mes pas j’écrase et tue des milliers et des milliers de ces êtres unicellulaires, bactériens, et autres, (pour l’essentiel des) des procaryotes, ce n’est pas qu’ils aient une individualité dont on ignore tout, mais leur nombre, leur profusion est qu’ils transmettent, échangent, de chacune à chacune l’information de leurs cohabitations, l’information de leurs expériences transmises tour à tour, démultiplication après démultiplication, l’information est transmise. Le souci, c’est l’information du lieu, de leur présence, de ce qu’ils constatent indirectement ; dans leurs plans de fabrique, il y a cette volonté d’incorporer au milieu où ils habitent… où elles habitent, les informations de sa texture, de son influence, des minéraux sur lesquels elles vivent et des formes biologiques qu’elles domestiquent. Tous les eucaryotes construits patiemment de millions d’années en millions d’années, de crise en crise, d’extinction en renouveau d’espèces, c’est cela qui les agite, ces petits êtres infimes dont on ignore la plupart du temps, tout ! Eh, de l’information qu’elles absorbent et régurgitent, tout comme les êtres plus gros qu’eux (qu’elles), qu’elles domestiquent ; disons-le assidûment, même si le terme est impropre, leur profusion nous indique que leur impact n’est pas neutre ; enlevez-les du corps qu’elles habitent, le corps multicellulaire en question, très vite s’éteint, ne peut subsister, curieux ! curieux ! ne trouvez-vous pas ? Tout se trouve dans l’équilibre qu’elles doivent maintenir pour pérenniser ces êtres grégaires qu’elles animent, tels que nous, les holobiontes du coin, comme l’on dit, dénommés (ainsi par) quelques savants de notre junte animale ; à travers ce terme certes charmant, qui (il) exprime un curieux mélange qui nous montre ce que nous sommes, que l’on ne peut exister sans les autres, en somme. Nous participons à un agglomérat d’individus entremêlés où la conscience de soi s’avère toute relative ; une argutie du vivant pour réguler quelques êtres un peu trop sophistiqués, dont l’autonomie trop abondante les perturberait ; alors on invente des choses qui apaisent, les croyances, ce qui apaise… et une certaine forme d’ego qui, utilisé à moindre mesure, régule ; mais dont l’excès apporte quelques méfaits. Quand on voit certains qui gesticulent, voulant être le chef en tout, des pantins, des pitres, des êtres qui n’ont rien compris (dominés comme les autres par ce qui les construit) ; laissez-les vivre et crever un jour, ce qu’il leur arrivera fatalement… Passons à autre chose, passons à autre chose, ce qui apaise, certes !
7’34 (le mot de la fin du racontement est apporté par l’oiseau, c’est très gentil de sa part, « trilihidi tilihidu »…)
…
(à 10h14) sonagrammes
…
(à 10h21) sonagrammes
…
(à 10h22) sonagrammes
…
(à 10h26) sonagrammes
…
(parole en marchant – 25 mai 2020 à 10h29)
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 17’52
Description hominidé… hominidéen des oiseaux, sous-titre ajouté dans la fiche signalétique de chaque oiseau, décrire comme une pièce d’identité farfelue que l’on met dessus, avec idéalement un dessin de leur forme, leur nom et le sonagramme de leurs chants ; ajouté à côté des dictionnaires hétéroclites, ou « dans » le dictionnaire hétéroclite, ce qui serait plus simple. Eh, à montrer que (de) cette fiche, son côté illusoire, pragmatique, certes, mais quelque peu péremptoire sur une entité qui est bien plus qu’une fiche, qu’un dessin, qu’un son ou sonagramme, le dessin, l’image de sa voix, de son chant ; le côté illusoire de cette description, mais qui peut servir de mémoire aux êtres que nous sommes.
1’40 (écoutez le chant de l’oiseau, joli…)
2’33 (début du dialogue)
À propos de varier, vous dites que nous varions tout le temps, qu’on ne peut faire autrement, comme le passage du temps nous pousse à cela, c’est illusoire de se poser cette question que… puisque malgré soi, nous ne faisons que varier tout le temps ?
Oui, effectivement ! Eh, s’ajoute à cela la conscience de varier tout le temps, en plus de remanier sans cesse cette perception, de vouloir maintenir un état stable dans cette variation, toujours à un rythme constant, répéter des rituels, des traditions qui de toute façon au fil du temps varieront ou s’éteindront ; il s’agit d’accompagner cette variation, de varier avec elle encore plus, comme un synchronisme que nous ajouterions aux adaptations permanentes que nous impose le monde où nous sommes, ce serait l’idéal ! Nous faisons (en fait) l’inverse ! Écoutez ce que nous disent les oiseaux, ils ont compris cela, eux, ils varient aussi, autant que nous, même plus peut-être ? Questionnement illusoire, certes, mais… je ne sais plus ce que je voulais dire ? Le fait de varier, d’ajouter une variation supplémentaire à celle qui nous est imposée, par l’évolution de la matière, la dégénérescence de notre corps, le cycle des formes biologiques qui opèrent au creux de nous, notre vieillissement ; (dans) tout cela y trouver… dans tout cela, y trouver une symbiose, je ne retrouve pas l’expression que je tentais de saisir, il faudra que je me réécoute ? Eh, il y a quelque chose par là, à non pas étudier, mais maintenir, (à) expérimenter, pour voir aussi, bien entendu, comment ça fait, mais plus que cela, même, pérenniser le geste… De varier dans le sens de l’évolution, implique une adaptation permanente ; de (à) vouloir perdurer dans une tradition, c’est une opposition, donc vous freinez l’adaptation, vous vous y opposez (par tranquillité d’âme) et euh… les civilisations qui ont voulu maintenir un état des lieux, un rituel, une façon de procéder toujours identique, sans tenir compte du milieu et de son évolution fatale et inexorable, toutes ces civilisations sans exception sont (ont) disparues pour laisser la place à d’autres plus adaptées, plus jeunes. Mais si celle-ci (ces dernières), les plus jeunes reproduisent la même attitude, elles mourront aussi ; d’où la nécessité de transformations, comme d’un métier que vous voulez préserver, faites qu’il s’adapte en permanence aux conditions du milieu, et vous aurez toujours une activité adaptée aux conditions (à la situation) du moment. Ne pas hésiter à s’adapter en permanence, ne pas s’y opposer ! Cela ne sert à rien, ça ne fait que hâter votre dégénérescence, l’extinction de votre système, de votre métier.
7’15 (dans la montée du vent, un chant d’oiseau l’inspire, le chant ressemble au son que fait un couteau que l’on aiguise… « tui tui, tui tui »)
C’est comme le rémouleur qui aiguisait les couteaux, il est remplacé par des machines. Il devrait (devait) s’adapter, lui aussi et il a disparu complètement dans nos contrées, parce qu’il ne s’est pas adapté. Ils étaient trop peu nombreux, leur activité non prépondérante, un petit boulot auxiliaire de… vagabond qui se promenait à travers les rues, tintinnabulait avec son chariot pour dire « rémouleur ! rémouleur ! » sur les places au matin, pour que le boucher du coin lui amène ses coutelas pour les aiguiser. Maintenant, le moindre boucher a une machine qui s’en occupe à sa place, même si le travail paraît moins efficace, moins artisanal, le temps qu’il gagne, le souci qu’il a en moins, lui fit gagner un temps, certes précaire, mais suffisant pour l’emporter sur le rémouleur, sans se soucier toutefois… Que je vois, une… branche d’Alisier ? M’en vais vérifier, ouais : Alisier torminal, c’est bien ici (il marmonne)… T’est à la limite… bien mal placé, bien mal en point, les z’hommes vont te faire souffrir, quelques branches cassées au bord de l’allée, à la limite des coupes sommaires, petit Alisier, je te souhaite bien du courage…
et au même endroit tu cherchais une Ronce… une Aubépine !
Ah oui ! Il faut que j’y retourne, à l’endroit où une Aubépine particulière m’avait interpellée… elle n’est plus en fleurs, dommage, je ne m’en souviens plus, ou était-ce donc ? Ah, si ! elle est là (il marmonne)… c’est l’Aubépine, le Crataegus vulgare ? (proche de Crataegus laevigata, Aubépine à deux styles)… non, c’est pas cet endroit-là… Ah, j’aurais dû m’y arrêter plus longuement… sa floraison m’avait interpellé, son enfeuillement était si particulier (ici)… Un Nerprun ici, Cornouiller, blanc, alba (Cornus alba)… euh non, l’Aubépine mêlée aux Gratterons (Galium aparine) que l’on dit étouffer les autres plantes (il marmonne)… dans une certaine limite…
11’42 (il se mouche)
(il marmonne) ah ça… ah et ça, un Tremble, la feuille se reconnaît quand elle vibre dans l’air, d’où le terme « tremble », sa vibration particulière, cette feuille presque ronde qui vibre particulièrement dans… dans l’air quand il souffle un peu, fait des scintillements au loin, très particuliers, ils sont reconnaissables par cette gymnastique de leur enfeuillement, encore un ici… voyez comme il tremble (elles tremblent, ses feuilles), cela n’a rien à voir avec le Noisettier qui est à côté, ou le Hêtre, où la vibration est beaucoup moins rapide. C’est une vibration très particulière, celle du Tremble… Je ne retrouve plus, euh, non pas un Crataegus, mais…
13’09 (le vent, le Grillon, et gazouillements d’oiseaux…).
13’18
Ah ! (il marmonne) c’est là… ah oui, tient, c’est là… ah oui elle est particulière, oui ça, c’est… oui oui, c’est là… c’est vrai que la feuille est particulière, la forme, presque de fleurs de Lys… à surveiller !… Ah, elle est à côté d’un Cornouiller… je repère l’endroit, on y reviendra. Ah, j’ai oublié le nom (il regarde un autre arbuste), je confonds toujours avec l’Aubépine, c’est… aaah, une Rosacée évidemment… pas une Ronce (Rubus) évidemment… l’Églantier (genre Rosa) ! Aaah ! un Églantier peut-être, on va essayer de retrouver… une variété peu commune.
Le vent se lève, et les Crataegus (il se trompe effectivement, il veut dire Églantier) sont tous en fleurs, l’ancêtre de la Rose, savez-vous ? C’est de la même famille ! Belle la fleure… ah, il est joli celui-là ? Bien rose… Et là, ah oui, c’est pas du tout le même type d’Églantier (il se trompe encore, il veut dire Aubépine), il y a deux variétés d’Églantiers (Aubépine), c’est pas du tout la même feuille, l’autre elle est plus découpée ici, donc l’autre… il y a deux variétés d’Églantiers (Aubépine), tient tient tient ?… (il marmonne) c’est spécifique, j’aurais dû prendre une image de sa fleur ?
(en fait, la feuille de l’arbuste ressemble bien à une variété d’Aubépine, mais la floraison en corymbe aurait due lui mettre la puce à l’oreille, il s’agit plutôt d’une variété de Viorne obier [Viburnum opulus] très certainement, et les fructifications de petits fruits rouges le lui confirmeront plus tard)
16’25
Est-ce utile, tout ce que vous nous dîtes ?
Oh, j’en ai rien à foutre de ce que vous pouvez penser ! Mon seul souci, c’est de reproduire ce discours (dans l’ouvrage en cours d’écriture), en aurais-je le courage, en aurais-je le temps, en aurais-je la nécessité ? Toute la question se pose à cet endroit, et pas ailleurs. Quant à l’utilité d’un pareil discours, je ne m’en soucie guère. C’est une occupation qui me vient et j’emmerde le monde quant à la critique qui m’en viendra, qui en viendra, passez votre chemin, je vous en prie ! n’est-ce pas ? (une bourrasque s’en vient)…
…
(à 10h49) sonagrammes
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(à 10h51) sonagrammes
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(à 10h52) sonagrammes
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(parole en marchant – 25 mai 2020 à 10h59)
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 0’38
Signaler par moments, dans la description des plantes du parcours d’histoire naturelle, la tentation quasi systématique (de certains botanistes) d’ajouter son propre nom aux noms des plantes qui étaient découvertes ; cette vanité absurde !
(version)
Signaler par moments, dans la description des plantes dans le parcours d’histoire naturelle, la tentation quasi systématique (de certains botanistes) de baptiser de son propre nom (ou de celui d’un confrère), les plantes découvertes (comme si les hommes étaient les inventeurs de ces dernières) ; cette vanité m’apparaît absurde !
Exemple de la Violette des bois ou… (on ne cite pas le nom en claire), Viola reichenbachiana, « reichenbachiana » étant dédié à un nom humain.
…
(à 11h00) sonagrammes
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(parole en marchant – 25 mai 2020 à 11h04)
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 5’17
C’est comme le chant du Pinson des arbres tonitruants devant ma fenêtre, cette année, tout le jour il chante « tititite trui ! tititite trui ! » en permanence tout le jour, c’en est même agaçant ! Mais, à travers ce chant qui (il) est une porteuse qui certes varie comme toute chose varie avec des nuances, au-delà de ce processus, à répéter plus ou moins le même schéma du « ti tititi truiii trui » agaçant, il y a sur ce chant, ce chant porteur, qui est la reconnaissance (faite par les autres), ah ! c’est la famille du Pinson. Tout de suite, il est reconnu par ce sens, mais dans ce chant, s’y ajoute quelques harmoniques subtils qui notent de son émoi, de sa petite particularité, de son petit affect à lui, qui ajoute une information supplémentaire que seul un oiseau de sa famille peut détecter, ou un oiseau voisin, sûrement ! un langage spécifique ; ne prenez pas les oiseaux, tous les animaux, pour plus cons qu’ils ne sont (pour des idiots), ils existèrent bien avant nous et c’est bien en quelques milliards d’ans, la vie a eu le temps d’édifier une multitude de langages spécifiques pour chaque espèce. Pourquoi uniquement (à) nous (serait dédié cet apanage) ? Cette vanité d’esprit m’incommode beaucoup. Non ! La richesse (du langage) du Pinson, euh, vaut tout autant que celle de la richesse du romancier hominidés que nous sommes, dans nos poètes ou grands écrivains, je parle en généralités, je ne parle pas de moi, évidemment ! La subtilité de son langage est liée à sa vitalité, à son espérance de vie qui ne dépasse guère dix années tout au plus. Eh, de génération en génération, entre autres à travers le chant et certains rituels, quelques informations immatérielles vont être transvasées, qu’eux seuls connaissent. Nous ne vivons pas à leur côté en permanence, nous n’en savons même pas le quart de ce qui se trame dans la tête de cet être-là, tout autant pour eux envers nous, et c’est valable d’une espèce à l’autre. Cette barrière apparente apparaît pour les hommes qui veulent intellectualiser le monde et s’en écarte, je suis certain qu’à travers les peuples… les peuples hominidés (dits) plus primitifs, (ceux) qui vivent au creux des forêts par exemple, pas trop dénaturés par la modernité de nos sociétés occidentales, par exemple, ceux-là ont cette prescience naturelle de la perception d’un langage tout aussi riche chez les animaux que chez nous (certaines peuplades considèrent les animaux comme des parents, parents éloignés, certes, mais parents tout de même). Euh… nous ne cessons de découvrir que les animaux ne sont pas si « cons » que ça, et que leurs langages au fur et à mesure que nous nous en approchons (en les déchiffrant), sont bien plus riches que nous le croyions au préalable. Il y a quelque chose que nous aurions perdu, cette différenciation qui nous met au-dessus des autres, vanité, ego incommensurable ; il convient de le rabaisser fortement, de le remettre à sa juste mesure (cet ego détestable), ce qui est acceptable et d’enlever tout ce qui est inacceptable ; tuer quelque part le mal par le mal ! Oh, je m’enferre là dans des circonvolutions qui ne sont plus de ma compétence, et je m’arrête…
…
(à 16h50) sonagrammes
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Sonagrammes audiométriques :