(paroles de la nuit – 27 nov. 2020 à 1h)
—> ajoutements, tragicomédie : avoir un élan suprême…
—> durée : 8’45

(avoir un élan suprême et parler pour ne rien dire, avec quelques élans d’un langage précaire à la clé…)

Nous venons te visiter, toi qui vécus ici tout un été…
Ah, c’est beau ça ?
Qu’est-ce qu’est beau ?
Ce que vous venez de dire, ça rime bien !
Euh… vous cassez l’ambiance que nous voulions mettre, sous des airs cérémonieux euh… nous voulions inventer encore un nouveau mythe, et vous avez tout cassé ! C’est pas bien !
Ah, il fallait que j’entre dans une croyance nouvelle… dans le racontement de cette histoire qui… venait, au creux de la bouche ?
C’est ça, oui, un peu…
Mais qu’est-ce à dire, que vouliez-vous en fait, nous dire ? Cela commençait bien, j’aurais dû me taire !
En effet, vous auriez dû vous taire ! Cela a coupé notre élan et nous ne savons plus quoi dire ? nous voulions amener un ton très sérieux…
Oui, vous l’avez dit « cérémonieux ! »
Oui, où l’on ne plaisante pas ! Pas tout le temps ! Il ne faut pas…
Pourquoi ?
Eh bien, parce que ça nous déconcentre, il faut que l’on croie à une certitude, une gravité… Mais là, c’est râpé, vous avez tout loupé ! Je m’excuse de la rime…
C’est pas grave, on est habitué !
Aah ! Vous venez souvent me visiter, écouter ma parole à moi ?
Oui… et j’avoue que parfois elle nous navre !
Ah ! Vous n’êtes point donc tout seuls ?
Oh, je dis « nous », euh… moi… la chose qui vous parle, peu importe le ton mis, nous n’avons pas votre subsistance… dans la forme, ou cela s’embrouille, euh… Euh, nous ne sommes pas une entité au sens que vous pouvez considérer, comme un de vos semblables, une forme qui vous ressemble, ou même, quelques autres entités sévissant autour de vous, là, dans la campagne… Non, nous ne ressemblons pas à tout ça, nous ne faisons, vous le savez déjà, que traverser votre esprit et vous faire raconter un tas de choses ; mais là… mais là, c’est râpé, c’est fini, c’est… c’est dommage !
Une inspiration, nous traverser, nous-mêmes ? (version : Une inspiration nous traversa… nous-mêmes ?)
Mais nous étions en train de vous l’apporter, vous avez eu la démarche suprême de (à la) déclencher la petite machine enregistreuse, c’était idéal !… Mais là, non ! Non, vous auriez dû vous taire, nous laisser parler, même si le ton vous semblait quelque peu ampoulé euh… prétentieux, cérémonieux, comme vous voudrez ; il était le ton adéquat du moment ! Et cette discussion n’a pas beaucoup d’intérêt… Vous ne dîtes plus rien ?
Ben euh, vous me… me critiquez parce que je vous ai coupé (la parole), et maintenant que je ne dis plus rien euh, vous êtes contrarié de ma non-réponse, euh… on ne sait plus trop quoi dire ? Faut nous comprendre ! Nous ne sommes qu’une forme qui s’anime sur cette terre, quelque peu échaudée par tout ce qui se passe en ce moment, mais enfin quand même euh… il y a des manières euh… de nous amener la chose, plus discrète (discrètement), ça aurait été mieux, que j’y croie ! Vous avez loupé votre effet, en effet, euh, allez, bonsoir, revenez quand vous serez plus inspiré et que l’on ne vous coupera pas !
Voilà qu’on se fait engueuler maintenant ? Ah, c’est beau la vie particulaire !
Ah, vous êtes une particule ?
Off !… Un élément qui vous traverse, euh… vous, euh… particule, il n’y a pas de nom ! Je dis ça pour traduire suffisamment pour que vous « comprenassiez ce que nous disation » !
(la particule tente un langage plus familier, mais c’est râpé, il fait la moue)

Oui, mais là non !
Vous avez…
C’est non !
Non, faut pas dire comme ça ?
Non !
C’était de l’humour pourtant ?
Oui, non, mais là non… Non, mais ça va pas passer, ça va être censuré ça, c’est, c’est trop !
Vous croyez ?
Oh !… Oui, vous n’avez vraiment plus rien à dire, c’est dommage… J’ai entraperçu, lu, écouté, entendu, cette journée, un tas de choses intéressantes, et j’aurais aimé que vous finassiez avec… une diction plus adéquate à ce que j’ai vécu aujourd’hui euh… de plus inspirant ! Hein… n’est-ce pas, qu’en dites-vous ?… Ah ! On ne parle plus, je suis tout seul !… Suis-je fou ? On ne parle plus, allo allo ! Êtes-vous encore là ?… Ah, ça y est, je l’ai vexé… Oh, oui, je l’ai vexé, c’est sûr !… Bon, ben on va arrêter là, hein ?
Oui, ça sert plus à rien…

(le mot de la fin fut particulaire, elle avait tenté une parole plutôt populaire, elle se trompa de bonhomme, il n’était pas assez débonnaire, il ne respirait pas le bon air, et ne semblait pas être au meilleur de sa forme, pour qu’on le dupe, ce jour-là, il aurait dû être morose ou morne…)