(parole de la nuit – 10 déc. 2020 à 0h42)

—> ajoutements, tragicomédies
—> il n’en finit pas de partir (comme s’il voulait rester encore un peu)

—> durée : 6’38

(il cherche à traduire, à transcrire l’inspiration qui le traverse, mais tout n’arrive pas intact, il manque quelques termes, le signal n’est perçu que par bribes…)

Alors comme ça… n’ait crainte… ce que tu écris, tu es de leur forme, ils comprendront, ainsi que tu nommes… c’est ainsi que tu les nommes, dorénavant ! De drôles de formes, ils ont, sans cesse font des variations !
Ooh ! Que fais-tu, tu t’affaires à des drôles d’affaires ?
Il voulait dire quoi, déjà ?
Je ne sais plus… qu’il était un temps irrésolu où je ne fis plus aucune rencontre dans la rue. Plus rien ! Plus rien ne vient, de ce côté-là !
Alors, qu’as-tu fait d’autre ?
Oh, je me suis assis, là où il y avait de quoi s’épancher de quelques propos ; vous savez, ces tables… auprès d’elles, on avait mis des chaises, et dessus, un certain nombre de papiers, de machineries pour inscrire quelques informations, déverser une mémoire !
Une mémoire ?
Une mémoire, exactement !
Et c’était tout ?
Oui, il n’y avait rien d’autre… Oh, quelques dessins…
Quelques dessins ?
Vous n’entendez pas, vous êtes sourds ?
Oui !
Donc, je parlerai plus fort !
S’il vous plaît ?
Mais je n’ai plus rien à dire. Le discours, il est sur les manuscrits, sur le tas de feuilles que vous voyez là, à peine corrigées certaines… Vous devrez… vous devrez donc euh… trier ! Prendre ce qui en vaut la peine. Euh… je ne sais pas si j’y arriverai jusqu’au bout de ce travail ? Je m’éloigne de plus en plus des premières traces, je les oublie, et elles ne représentent plus rien, la mémoire fut déposée et je ne fais que passer…
C’est tout ?
Oui !
Il n’y a plus rien d’autre à dire ?
Plus rien !
C’est fini ?
C’est fini, pour moi ! Pour vous, lisez si l’idée vous en prend, ce n’est plus mon affaire… ce n’est plus mon affaire, je m’en vais !
Eh bien, au revoir !
C’est ça, au revoir !
À bientôt ?
Non ! Je m’en vais, je ne sais pas où je vais, mais je m’en vais…
Eh bien, bon voyage, dans ce cas !
Du bon voyage, c’est bien ! C’est ce qu’il faut me dire…
Eh, si l’on veut vous écrire ?
Vous ne pourrez pas là où je vais, on écrit plus, le vent y est mauvais, cela ne suffit plus…
Ah bon ! Alors, « au revoir », « bientôt », ne se dit plus ?
C’est ça !
Adieu donc !
Si vous voulez !
Au revoir !
Au revoir, si vous voulez !
Vous dites ce que vous voulez, c’est drolatique votre histoire ?
Oh, prenez-la comme vous voudrez. Là, nous tournons autour du pot, sur la manière d’en finir avec cette entrevue… sans intérêt, à mon avis ?…
Rien à dire, alors ?
Rien à dire. Plus rien, c’est fini pour moi, je m’en vais…
Tu t’en vas…

(parole de la nuit – 11 déc. 2020 à 0h12)

—> durée : 2’57

Tenter de comprendre ce leurre étonnant où nous nous y croyons, tout à notre affaire ; ceux qui nous maintenaient… ce qui nous maintenait dans cet état… à tenter de comprendre ce qui nous maintenait dans cet état ! De voir par-delà, de notre propre humanité, ceux par qui l’on vit, ceux par qui l’on existe, et dans ce leurre étonnant, la manière dont ils font que l’on existe, dans ce leurre étonnant où l’on persiste. C’était cela, la drôle d’affaire, qui s’ingénia en moi, comme si l’on me mettait en mémoire un quelconque déchiffrement de la manière dont on vit ici, sur cette planète ; sur la manière dont on existe… dont on existe sur cette planète… Toute cette f… Toutes ces façons de dire, à maintenir ce mystère étonnant que l’on nous dévoile peu à peu, comme un fait détonnant, on tire le voile et que voit-on, si peu ?
Ici, maintenant, à cet instant, plus rien ne vient, la parole veut cesser, j’en témoigne, puisque je le dis, puisque je le sais, à cet instant, ici, ponctuellement, la machine me dit « arrête ! »

(parole de la nuit – 11 déc. 2020 à 0h19)

—> durée : 1’23

Quelle est donc cette voie qui sévit en la demeure, et qui me raconte qu’ici, nul ne meurt… et qui me dit qu’ici nul ne meurt ! Tout ne fait que traverser et transformer ce que vous fûtes, désormais, et changé (échangé)…
Tiens ? Là encore, c’est tari l’histoire ? Elle ne raconte plus, elle veut se taire, « c’est assez ! tu peux interrompre, tais-toi, cela suffit ! », me dit le son de ma voix…

(parole de la nuit – 12 déc. 2020 à 1h57)

—> durée : 0’47

« Je mourrais bien, cette nuit », disait-il… Ah, j’ai oublié… merde !…
« Je mourrais bien, cette nuit… je mourrais bien cette nuit et je renaîtrais dans une autre vie », disait-il au seuil de l’agonie… Ah ! C’est gai ! Ah ah ah (renâclement du nez, quand il s’esclaffe)…

(parole de la nuit – 12 déc. 2020 à 2h01)

—> durée : 1’13

« Je mourirais * bien cette nuit et je renaîtrai sur le seuil d’une autre vie », disait-il par ironie, à cause de son sort, juste ici, pour une peine, une mélancolie !
Oseriez-vous ajouter autre chose, « quelle drôle de mélodie me faites-vous jouer là ? », disait-il à ceux qu’il ennuyait, par ici, dans ce mélodrame ; pas facile ! pas facile !
Alors ? (en bâillant)
Alors quoi ?
Rien !

* « mourirais » à la place de « mourrais », parce que cela lui plaît. Un pied de nez aux censeurs de la langue. Tout bouge, tout change, rien n’est immuable, il suffit d’en avoir envie et de décider de dire autrement…