(parole entre deux sommeils - 28 oct. 2017 à 3h35)

Contexte : après « suivre un guru et s’éveiller », les disciples non avoués sont frustrés par les réponses du vieil homme, ils s’interpellent entre eux… Leur volonté d’avoir un maître à penser les aveugle-t-elle ? S’entêtent-ils inutilement ? Il y a comme un égarement…

— Il n’y a rien ! Bon d’accord, la plénitude ! Mais encore ?
— Ce « rien » très oriental, bourré de vacuité, tout ce que vous voudrez, mais encore, cela ne semble pas suffisant !
— Au-delà du néant qui a-t-il alors, de nouveau ?
— Rien ! On reste d’accord, bon, ne cherchons plus, puisqu’il n’y a décidément rien !
— Vous dites : « mais encore, que dois-je chercher alors ? »
— Ce n’est pas satisfaisant ce rien alors, vous devez m’en dire plus, dès lors…
— Ne vous tracassez donc pas, s’il n’y a rien, tout cette gêne pour ça, cet égarement pour rien ; une absence, c’est à n’y rien comprendre, raconteront les incultes de la sensation… Certes ! Certes ! Quel embarras ?
— Tout cela sonne faux, cette fausse joie, cette fausse plénitude, cet ego satisfait, repu de son illumination, c’est indécent !

*

(Caractère 無 [mu, prononcé « mou »], un terme venu du bouddhisme zen, que l’on peut traduire par « le rien constant », « l’impermanence », trop souvent exprimé  par « le néant », « le vide » en occident. Il ne faut pas y voir la connotation négative occidentale d’absence, de disparition, de « nihilisme », mais au contraire le sens extrême-oriental, qui est l’idée de faire un avec l’univers, de se fondre dans ce qui nous entoure.)