(parole du soir – 9 janv. 2021 à 19h24)

—> ajoutements, de l’auteur et du scribe
—> témoignage du témoin (interview vulgaire sur un ton précaire)

—> durée initiale : 26’06 ; durée après corrections : 17’25

(on interviewe sommairement un témoin de choses qui se sont passées, dont certaines sont venues le déranger en s’immisçant dans son quotidien ; ce qu’il en a retenu : il scribouilla au début, puis à force de visites répétées, il l’écrivit en scribe, tout de go la chose en une trace écrite, pour le souvenir, des fois que l’on médise de lui, et qu’il affabule encore une fois – ou, plus court : « transcription de quelques inspirations à la manière des écrivains » – ou encore plus court : « écritures »)

(version orale)
Alors, la compréhension de tout ça, euh… vous dites euh… que vous ne… n’y comprenez rien ?
Oui, exactement ! C’est pas à moi qu’il faut demander, c’est au truc qui m’a ingurgité les choses que j’ai déposées là… j’ai… j’ai compris sur le moment à peu près ce qu’il fallait mettre, mais après… s’il faut que j’y retourne pour me remettre dans le bain… non ce… il y eut une compréhension au moment où cela se fit, mais après, je n’ai qu’une vague idée de l’ensemble ? Moi je ne suis que le scribe, je ne suis pas l’inventeur de toutes ces choses qui me viennent et que je fais là, euh… je crois que nous en sommes tous un p’tit peu au même point, moi comme un autre ; je dis moi, moi, en général, probablement il s’agit de la même chose ? Les compréhensions très pointues, optimisées, d’une psychologie, d’une philosophie ou d’une science quelconque, sont aussi des égarements dans la compréhension.
Ou alors vous êtes un irresponsable ?
Ce n’est pas de cela dont je vous parle, je vous parle de ce qui vous vient, c’est pas pareil ! Vous êtes l’instrument d’un ensemble de choses qui vous construit (construisent), vous gère sans que vous y fassiez quoi que ce soit, le seul souci que vous avez c’est de trouver votre nourriture pour pouvoir subsister tous les jours, le reste du temps, vous ne pourriez rien faire d’autre, sinon roupiller ; il fallait bien que l’on s’occupe sinon on s’ennuierait énormément. Eh ! Tout le reste, il y a des entités qui s’en occupent, de vous, de moi, comme de tous ! Et ces entités, elles-mêmes, sont dans la même problématique que la nôtre, elles sont affairées à un certain nombre de tâches qui nous occupent, qui nous réparent, qui nous font digérer, exister ; sans elle nous ne sommes rien ! Tout cela nous cause, à moi comme à vous, je n’ai pas de différence dans mon fonctionnement par rapport au vôtre, euh, ni du vôtre, par rapport aux autres, c’est à peu près le (du) même acabit, cela ne change guère. Alors, qu’ai-je fait ? Je n’ai pas de gloire, à m’accaparer (accaparer) de ce qui est là, voyez, je le mets en page à l’aide de ce robote ordonnateur, mais je lis à peine ce que je dépose là. Les textes qui furent écrits naguère, je ne me… je ne m’en soucie guère, maintenant que c’est fait. Je corrige quelques détails, des coquilles tout au plus, et quant à la profondeur de ce qui fut dit, eh eh, je suis l’idiot dans l’histoire, celui à qui l’on a dit « fais donc cela écrit donc ceci » et je l’ai fait ! Et cela a donné ce que vous voyez, là ! Mais eh eh eh… du reste, quant à comprendre ce que j’ai bien voulu mettre, n’étant pas auteur, comme certains le prétendent, être ! Je n’ai aucune de cette prétention ni par revanche ni par aigreur, je ne fais que me rendre compte de ce que je suis en tant qu’entité, ce que je suis vraiment. Et où sont mes limites, mes capacités réelles, mes véritables pouvoirs, euh… plus j’approfondis la chose, plus je m’aperçois que cela est bien réduit, et révèle une insignifiance qui nous caractérise tous. Alors, vous allez dire que nous serions, si on (tente de) comprend ce que je veux dire, instrumentés par des choses qui nous dépassent, une divinité quelconque ? Ah, évidemment tout de suite il y aura cette propension à croire… à tout ou à rien, à ce qui nous arrange, à une certitude (souvent inventée) pour tranquilliser l’esprit ; car dans notre processus, s’il n’y a pas d’éléments d’apaisement, de régulation, d’homéostasie comme disent les savants, l’être devient instable, déséquilibré et caractériel, et tout ce que vous voudrez dans ce sens ; vous en ferez un sale type ou un pauvre type selon le pouvoir qu’il aura sur les autres, dans son manque de régulation, son déséquilibre homéostatique, diront les biologistes.

De se rendre compte que l’on n’est rien (ou peu), je ne vais certainement pas en réfutant (ambiguité ?) cette chose, en prétendre une quelconque gloire, la prendre, et la mettre en haut d’un édifice sur un monticule, et dire « voyez mon insignifiance » et m’en glorifier, non ; la gloire, ça sert à certains pour subsister, pour d’autres, ce n’est pas forcément utile… d’être connu, reconnu dans la rue, comme un des vôtres me suffit amplement. Je n’ai pas besoin d’une identification supérieure, une idolâtrie quelconque. À quoi cela me servirait-il, sinon de m’apporter des désagréments absolument insupportables ? Je tiens à ma tranquillité et je revendique le droit que l’on me permet de rester anonyme, dans cette contrée ; cela semble possible ?
Alors vous allez dire, « mais si vous ne vous faites pas connaître, votre écriture euh… ne le sera pas ? » Eh, je ferai ce que l’on me dira de faire ! Mais, vous vous êtes trompés, ce n’est pas « mon » écriture, c’est l’écriture qu’un vivant déposa sur quelques écritu… sur quelques supports, des choses webeuses, des choses manuscrites, des choses de papier, des livres, c’est tout ! Je n’ai fait que déposer, vous disais-je, je ne suis pas le protagoniste dans l’histoire, c’est le principe qui m’anime qui en est le protagoniste ; je ne connais pas son principe profond qui me sous-tend, qui me permet d’exister (quel homme peut prétendre connaître cela, il se vanterait donc d’être un dieu, le créateur de lui-même ? Une pure vanité !), je ne surnage que dans une surface, je n’ai pas d’autres prétentions de (essayer de) comprendre ce qui m’anime ? Je tente d’en apprendre un peu plus sur euh… cette chose-là, mais je m’en trouve parfaitement ignorant, même si les plus grands spécialistes vous diront (autrement) sur des détails à droite à gauche, ici ou là, on affine ; mais quand les hommes veulent reproduire des fonctions de nous-mêmes (eux-mêmes) et (construire) des robotes à notre image, ils n’arrivent pas à reproduire parfaitement le principe même du vivant. Elle n’est pas folle, la guêpe ! Si la guêpe était le principe vivant, elle ne va pas nous donner son secret, ce serait trop dangereux ; l’entité qu’elle a faite (produit), quand il s’agit de nous, prédateurs imprévisibles, serait très vite débordée par ce pouvoir qui nous serait donné de recréer la vie à l’identique d’elle-même et d’inventer des êtres nouveaux adaptés à nos besoins propres. Non ! Le principe est parfaitement non pas conscient, c’est au-delà de la conscience, mais parfaitement à même de saisir la nuance sur ce point ; et que, oh, grand jamais, tant que nous serons ce que nous sommes, nous n’aurons les clés du secret, le principe, la petite étincelle du vivant (qui fait) que l’on s’anime. On arrive à en détailler tous les principes, mais le principe essentiel est vieux de milliards d’années et ce n’est pas en quelques décennies, voir quelques siècles tout au plus que nous arriverons à comprendre ce principe. Il n’est pas donné, il nous « fait » fonctionner ! Nous ignorons le principe qui nous anime, mais nous nous animons de par ce principe, sans être les inventeurs de nous-mêmes nous ne nous inventons pas par ce que nous faisons, nous ne nous sommes pas inventés pour reproduire tout ce que nous faisons, nous sommes instrumentés par un principe qui dépasse le même… le cadre même de tous les entendements humains, tous réunis, c’est bien peu de chances (choses), bien peu de choses, par rapport à toutes les entités vivantes qui subsistent sur cette planète. Le brouillard, l’énorme travail d’échange d’informations qui se produisent à nos insu… à notre insu, est considérable ! dépasse l’entendement humain des milliers et des milliers de fois, sans que jamais nous arriverons (n’arrivions) à en voir le bout !
Quand on dit, « nous irons sur la lune, nous retournerons sur la lune », ou « nous irons sur mars », nous voyagerons entre les planètes du système solaire, et même ailleurs, certainement, nous le ferons ? Mais nous le ferons d’une manière bien plus modeste que celle que nous avons adoptée en nous croyant les maîtres de nos vaisseaux, bien des impondérables ne sont pas encore réglés. Nous sommes des vivants terrestres, notre subsistance n’est possible que sur terre, en dehors, il faudra une adaptation, et elle ne se fera pas en quelques décennies voir quelques siècles. Il faudra des millénaires pour que cela se produise peu à peu, et pour cela il faudrait que notre humanitude puisse perdurer ? Non ! Ce qui voyagera entre les étoiles, entre les planètes, ira se déposer sur mars ou sur la lune de nouveau, c’est le vivant dans son entier ; l’homme, dans l’histoire, n’est qu’un outilleur, un travailleur, un esclave voué à certaines tâches d’outillements, les outils qui sont euh… tout ce qui nous permet de faire fonctionner nos sociétés actuelles, toutes ces machines, ces robotes, qui ne sont que des robotes ! (ajouté une phrase de liaison)
C’est cela qui se produira, certainement ! Et si l’homme disparaît, de par son inadaptation à progresser et s’adapter aux conditions terrestres, il sera remplacé par autre chose ; la vie n’en est pas à quelques milliers, voire dizaines de milliers d’années près pour produire des êtres dont elle recherche infiniment un principe idéal pour perdurer et progresser, dans son principe (moteur) même, dont nous ignorons le fondement et le déterminisme profond, s’il y en a un, nous est complètement inconnu. Nous existons sans savoir pourquoi, et j’écris tout cela, je fais tout cela sans savoir pourquoi ; mais au fond de moi, quelque chose me dit « fais ça », alors, comme servile esclave de la chose qui m’anime, je le fais…
Et vous voudriez que je signe, dans le principe que je viens de vous énoncer, vous voudriez que je signe de mon nom, disant que tout ce qui est énoncé ici est de moi, exclusivement ? Vous plaisantez ! Certes, à travers les inscriptions que j’ai annotées il y a un certain nombre de maladresses ou d’aspects intéressant, mais il n’y a pas un génie profond qui fera que je suis un être exceptionnel ; l’exceptionnalité (l’exceptionnelle qualité) d’un individu doué, s’il en est un, n’est qu’un don que la nature, le vivant lui a donné et lui a permis de progresser, de découvrir un certain nombre de choses, parce qu’il en avait la capacité, et parce que le vivant en lui le lui demandait. Le vivant n’a pas de solution à toute chose, il explore en même temps que nous explorons, il nous fait explorer, nous en sommes ses têtes chercheuses, ses outils ! Mais, outils, et entité chercheuse comme l’est tout être vivant sur cette planète, chacun étend destiné à certains usages du moment, dans une recherche, une expérimentation, un « voir comment ça fait » un être fait (construit) de cette manière ; le temps de son expérience que la vie en fera de lui peut durer des milliers d’années, des millions d’années, et s’éteindre quand il s’avère que cet être (cette espèce) ne peut s’adapter et que son principe ne lui permet pas une autonomie suffisante…
Dans l’outillement que le vivant semble vouloir (faire) de nous, et des machines que nous construisons, il y a cette volonté d’organiser les choses de la nature, de la matière, d’une certaine manière, afin d’en déterminer, d’en trouver des mécanismes qui s’ajoutent aux capacités du vivant dans son ensemble, qui le complète ; et l’histoire (la description) du robote qui dévie dans cette histoire, qui progresse et qui acquiert des algorithmes analogues à un code génétique, à un plan de fabrique, rentre dans ce processus-là ; il ne devient pas une espèce nouvelle, il devient une entité régulatrice (une interface) parce que c’est sa fonction essentielle qui opère au nom du vivant ; et ce principe qui lui fut ingurgité, par hasard (décrit dans l’histoire du « quatrièmement »), par inadvertance, va apporter les jalons d’entités nouvelles qui ne seront plus tout à fait vivantes, mais en partie vivantes tout de même, complétées par de la matière organisée différemment, des machines qu’il gérera en fonction du plan de fabrique, des algorithmes qui le sous-tendent, en liaison directe avec les éléments du vivant.
Un robote, quel qu’il soit, dans son programme, a des fonctions qui lui sont données pour qu’il adopte une attitude particulière. C’est exactement pareil pour vous, le ver de terre, la fleur, l’arbre, ils sont conditionnés par le plan de fabrique qui les construise et les organise ; tous les êtres que je viens de citer fonctionnent sur un principe similaire au mien, au nôtre, ce sont tous des holobiontes, des êtres multicellulaires organisés par des êtres unicellulaires, qui (ils) sont partout, essentiels ! Voilà où nous en sommes ! même si je diverge quelque peu sur des considérations incertaines, ou osées, peu importe, le souci se situe à cet endroit, je le pense profondément ; dans ce que je dépose sur ces pages, il y a ce tracas-là qui (il) me sous-tend, qui me demande de poser les éléments de ce discernement-là.
Je n’en comprends pas toutes les causes, vous disais-je tout à l’heure, je suis un grand ignorant… (dans) tout ce qui est écrit (ici, il y a) et… des absurdités, des compréhensions, un peu de tout, mélangées ! On essaye, on expérimente, c’est ce que le vivant me demande de faire, il me demande une certaine autonomie qui dépasse l’autonomie que j’avais avant que cette demande soit (fut) faite ! Et à chaque demande, le vivant (en moi) me demande (réclame) de devenir de plus en plus autonome en apprenant, en tentant de comprendre (version : À chaque fois, le vivant m’oblige à devenir de plus en plus autonome, en apprenant, ou tentant de comprendre !) Et mon souci à moi, c’est que plus j’en apprends, plus je me trouve ignorant, plus je comprends mes limites, et plus je me sens ridicule dans cette tâche, qui (elle) me dépasse complètement (c’est bien pour cela que l’on se considère un simple scribe, un recopiant l’esprit du génie qui l’anime, n’étant en rien l’inventeur, encore moins le créateur – aucun humain n’a jamais rien inventé, seul, le vivant, l’univers, la chose, le truc, le machin vous a créés). Alors pour m’apaiser, quelque chose en moi me dit « certes, tu vas divaguer, tu te trompes par moments, ce n’est pas grave ; laisse cette fantaisie qui devient, même si elle est erronée parfois, ce sera ce qu’on appelle un moment poétique de la perception, cet aléatoire, cette anarchie momentanée qui fait que tout est possible, on peut tout explorer en même temps, sans œillères, allons-y, fonce ! »