(parole entre deux sommeils – 13 nov. 2021 à 1h54)

—> (à placer préalables ou 3e 4e ?)
—> durée originale : 20’31 ; durée après retouches : 12’34

(préalables tardifs, issus d’une parole approximative ; et s’ils sont si tardifs, c’est aussi parce qu’ils sont parmi les plus récents, dans cette ironie d’une inversion…)

Vous pouvez considérer aussi que ces récits sont des labyrinthes, la chronologie est un labyrinthe, chacun des récits correspond à un moment, une situation particulière à laquelle on ajoute un racontement, déjà commencé auparavant, interrompu par d’autres récits qui s’entrecroisent, s’enchaînant par la suite, n’ayant pas forcément à y voir, à ce récit que l’on interrompt dans l’histoire !
Tous ces récits sont un labyrinthe ! À vous de les déchiffrer, de les assembler, dans le bon sens, comme un puzzle où toutes les pièces ne sont accumulées que dans une chronologie, celle de leur amoncellement, qui n’est pas forcément exactement correspondant à l’ordre logique des racontements.
« Alors, comment faire, ce n’est pas notre affaire ? » diriez-vous ! « Ce n’est pas nous qui raconte (racontons), l’on raconte pour nous… »
Eh, dans une lecture, vous fait bien l’effort de lire, vous pourriez bien faire l’effort de reconstruire à votre tour, d’y apporter votre propre récit, ou d’être subjugué par celui-là, s’il a besoin d’une subjugation de vous ! Est-ce drôle ? Non, peut-être, je n’en sais rien ? Je ne fais que réciter l’idée d’un labyrinthe qu’il faut décrypter, déchiffrer, comme vous voudrez, parcourir et résoudre de l’entrée jusqu’à sa sortie, c’est plus qu’un labyrinthe, c’est tout l’enchaînement de récits qui se juxtapose, oui, d’accord, c’est certain ! mais bien plus encore…
Il y a ces quelques vivants qui vous construisent et vous disent d’amonceler ceci ou cela, en plus des mangements de votre vie, tous les jours, du matin jusqu’au soir, et de la façon dont vous dormez, vous reposez, toutes ces choses-là, qui tout au long de votre existence vous parcourez dans des récits incongrus que vous traversez ; vous en êtes les acteurs, de ces récits, vous en êtes les auteurs, aussi. Le parcours est indécis, on ne sait où aller, mais il se fait, il se suit, pas à pas, vous avancer, malgré tout ; le temps est fugitif, il ne reste jamais inerte, ce qui était d’hier n’est plus tout à fait pareil. Le lendemain, il y eut quelques changements, quelques déplacements ; votre propre planète, dans l’univers, s’est déplacée dans un vide inconstant, et portée par elle-même, elle vous déplace dans un univers dont vous ne percevez pas la farce qui se joue au creux de vous, comme tout autour de vous. C’est cela le souci, c’est cela le problème, on ne sait faire autrement ! Eh, dans le racontement l’on ne cesse de tenter d’assembler ces pièces du puzzle ; on fait comme on peut.
Le labyrinthe est étrange, il vous mord les doigts, à peine vous le touchez, qu’il vous indique par où vous devriez passer, des fois qu’à cet endroit se trouve la porte de sortie qu’il faut franchir pour le traverser, ce labyrinthe très étroit.
Alors, comment faire pour suivre le chemin ?
Vous n’avez rien d’autre à faire ! sachez-le ! j’en suis certain ! Il faut avancer dans le chemin, quoi faire d’autre ? Nous sommes poussés à nous déplacer ! on ne sait faire autrement, depuis les premières cellules vivantes qui cohabitèrent sur cette planète, leur duplication imposa un déplacement et les premiers cheminements sont ces premiers déplacements ! Eh, de cellules à cellules, chacune étend apparue par subdivision apparemment au début, ne pouvant s’accumuler exactement au même endroit, chacune des nouvelles cellules se déplaçait ou se plaçait comme vous voudrez, à côté, un peu plus loin, à chaque fois, et de cellule en cellule un peu plus loin, un peu plus loin, un peu plus loin… et les duplications furent tellement grandes au bout du compte, rendez-vous compte, des milliards d’ans ! Cela aboutit à ce que vous êtes, un vivant multiple construit d’une multitude de ces êtres d’abord unicellulaires, dit-on, puis multicellulaires, raconte-t-on encore. Et puis, construisant des machineries, des robotes, dites-vous, pour compléter vos avancements ; aller plus vite, aller plus loin, aller plus haut, aller dans le ciel, imiter l’oiseau, et s’écraser, parfois au sol quand une aile se rompt.
Non, l’histoire n’est pas complète, elle n’est pas terminée, elle veut dire encore ; la bête perçoit des choses et elle doit les raconter, elle ne sait faire autrement, elle n’est bonne qu’à ça ! Que voulez-vous de lui, que voulez-vous de moi ? Qu’ai-je à faire dans cette histoire ? Je ne le connais pas celui-là, dont vous nous parlez tant ; je l’ignore ! Vous voulez le nommer ! Mais cela ne se peut pas, il n’a pas de nom, il ne cesse de vous le rabâcher, ce nom incongru que vous désirez lui donner… Vous lui donnez ce nom, vous ne lui vendez pas, vous l’accolez dessus, il le rejette, il n’en veut pas ; de nom, il n’en a pas… En effet, d’accord, bon, prenez-le comme ça !
Mais où veut-il en venir avec toutes ces histoires ?
Mais il ne le sait pas lui-même, il n’en sait rien, il fait là où lui dit de mettre !
Mais, qui est l’auteur de ces récits ?
Eh, vous le savez très bien, c’est tout ce qui vous construit l’auteur, c’est le principe de votre être qui est l’auteur de vous-même, l’auteur du racontement de vous-même ; vous êtes qu’une structure éphémère qui accumule un certain nombre d’informations et qui les laisse comme ça, progressivement, tout en disparaissant peu à peu, s’évade ensuite, se dissocie ; plus rien n’est accompli, vous disparaissez et ne reste qu’une trace, de multiples traces mêmes, disparates, diverses, du moindre vermisseau, de plus, la plus infime bactérie, à l’être le plus grand qui soit, chacun de ces êtres, laissa dans l’histoire des choses de cette planète, un racontement, une histoire, un récit, une trace, qu’il suffit de décrypter, déchiffrer, dites comme vous voudrez ; ce que font de multiples savants s’adonnant à cette tâche, d’aller reconstruire ce qui s’est passé naguère ici ou là, ces quelques traces qu’on a laissées là, ici et ailleurs. Plus vous regardez, plus vous en trouvez, à toutes les échelles, de la plus grande à la plus basse, la plus infime. Il existe de multiples traces, dont la plupart très certainement, vous n’arrivez même pas à les détecter, à les confondre au reste du paysage, en ignorant peut-être qu’un moindre paysage est aussi un racontement d’une multitude d’informations construisant ce même paysage. La moindre variation d’une couleur, la moindre vibration, la même oscillation d’une onde quelconque, de la lumière au rayonnement cosmique de la moindre particule, tous ces corps recèlent au creux d’eux-mêmes quelques informations ignorées de vous, mais qui pourtant, vous traverse tout le temps… et que parfois, certains d’entre nous, les vivants de cette planète, tous les vivants de cette planète, perçoivent à certains moments des choses, de quoi raconter quelques proses aux autres, des récits incongrus, ce qui leur arrive, ce qu’ils perçoivent, ce qu’ils ne comprennent pas, d’où naissent parfois quelques croyances dans une peur incertaine, tentent de s’apaiser de cette certitude amenée là, pour rompre le silence d’un inconnu qui ne dit pas son nom.
Voilà tout ce que l’on te raconte, tout ce qui se passe dans ce labyrinthe, de multiples pages, il est construit ; dans ce labyrinthe de multiples pages il est construit, oui vous le voyez bien, l’ouvrage s’accumule, se disloque en différentes parties, la matière ne peut s’amonceler de trop de pages, il faut pouvoir les relier entre elles quand il s’agit de construire un livre contenant tous ces récits ; mais cette même information, ces multiples informations, il existe une multitude de (façon de) les préserver, de les raconter, de les imaginer, tout n’est que construction fugitive du moment que certains percevront, que certains ignoreront, par dépit, par envie, par ignorance certainement, ou parfois quelques-uns, attirés par un vague dessin, iront feuilleter quelques pages de ce racontement-là qui se précise devant vous.
Cette aventure-là, une fourmi l’a vécue, un oiseau aussi, le papillon du jour y est soumis et l’homme se levant fatigué dès le matin, d’un sommeil incomplet plein de tracas, se réveille oui, pour aller vers quelque travail inconsidéré, qu’il n’aime pas ! qui amoindrit son existence, il voudrait être ailleurs ; alors, comme ça, par hasard, sa propre histoire se raconte dans des récits illusoires, que nul ne saurait raccommoder dans l’ordre idéal. Ah, lui aussi, un labyrinthe le compose, et vous trouvez… et vous devez y trouver (chercher) quelques imaginations pour trouver les mots là, justement, en ce moment que l’on arrive plus à déterminer, pourquoi ? Parce que l’on doit se taire à un moment.
Le récit commence, se raconte, et se tarit à un moment.
Toute histoire… à toute histoire il y a une fin…
(il reprend)
À toute histoire, il y a une fin, voulez-vous que je vous fasse un dessin ?