(parole du matin - 9 nov. 2017 à 7h39)

—> 3. « singes savants », des descriptions très détaillées :

(version)

Du point de vue de la mousse, le ciel apparaît assez clair !

Du point de vue de la feuille tombée, le sol semble humide !

Du point de vue de la cime d’un arbre, l’oiseau est perché au-dessus ; et lui l’oiseau, que raconte-t-il ? Il croasse ! Si c’est de son espèce de causer ainsi…
Et là au loin, tsii ! tsii ! Vous entendez le grillon, il critique le monde, il médit, « qu’est-ce donc cela ? » se renfrogne-t-il ; cet humain qui décrit nos natures à sa manière, quelle audace !

Du point de vue de la mousse, le temps s’écoule et je marche dessus, elle se courbe, elle attend que je passe, se relève ensuite ; en l’écrasant, quelques spores se sont envolées, c’était le moment ! Et ma désinvolture les fit s’évader…

Du point de vue de la racine, cette extrémité cachée au bout sombre de l’arbre, elle enfouit dans ce noir éclatant, échange de sucs avec un mycélium champignoneux, dans des pourparlers méthodiques « tu me donnes si je te donne ça » ; ils demeurent sans équivoques dans cette terre sous et dedans l’humus, il y a des gens qui papotent ; des drôles d’affaires, de manières assez chimiques, jouent avec des raisonnements ce qui se rapporte à leurs habitudes de pousser, de s’élever et de s’étendre…

Du point de vue du moustique « existent mille façons de me piquer », pense-t-il en me voyant ; quelle est la meilleure technique pour que je l’attrape ou que je le frappe ? Un écrasement de plus ; quel sera mon mérite ?

Du point de vue de la biche, je la découvre au loin, aucune équivoque ; elle file avec la peur de moi…

Du point de vue du chien débile que je croise encore et qui jappe autour de moi, on ne sait s’il veut jouer ou me mordre, je me méfie de lui, il se défie de moi, une communication ne se produit pas, à mon erreur au bâton levé, le menaçant, il accentue son tournoiement et puis s’en va…

Du point de vue de son maître qui ne dit rien, ou dû moins qui raconte, marmonne, « ça ne sert à rien ! », existe des méthodes de vaurien dans cette affaire…

Du point de vue de la guêpe, qui nous piquerait bien, il reste qu’on l’agace dans ces tournoiements qui ont l’audace de l’imiter incessamment…

Du point de vue de l’herbe, celle-ci pousse dans le pré, si bien, la chimie des zommes l’emmerde assez, à perturber ses terminaisons, sa manière de grandir bientôt contrariée, et ses fleurs demain seront fanées à cause de l’herbicide abandonné sadiquement sur elle, sans aucune concertation, sans aucune argumentation autre que celle des zommes !

Du point de vue de l’humain, je ne dirai rien de peur de m’envoler pour de bon…

Du point de vue de la libellule, si jolie, affublée du patronyme d’Odonate ou d’Agrion mignon, elle se fout pas mal de la façon dont on la nomme, elle virevolte encore et c’est déjà le moindre mâle…

Du point de vue, etc.
Du point de vue, etc.
Du point de vue, etc.

…

(parole du matin - 9 nov. 2017 à 7h45)

(version)

Du point de vue du bacille, du microbe, de la bactérie, nous n’avons pas la bonne méthode : que représentent-elles, nos sensations, à nos perceptions exacerbées ; elles médisent sur nos manières austères, et se demandent quelle amusante excuse nous feignons, à vouloir les ignorer tant, sous prétexte d’apparaître trop petites à nos yeux, fatale décision de n’avoir aucune pudeur dans nos existences, sous prétexte d’aucune envie de les connaître, sous prétexte encore qu’elles ne font pas partie de nos habitudes, grossière erreur Monsieur ! Elles vadrouillent sur nous partout, elles nous contaminent et nous habitent, nous croyons dominer, mais ce sont elles qui nous dominent, elles fomentent des guerres entre opportunités opposées de peste en peste… jusqu’à réguler notre chienne de vie…
Vous ne possédez pas le bon bacille, Monsieur, je vous croise et vous avez mauvaise mine, une bactérie sournoise dans vous y déploie son gîte, je le vois bien ; quant à vous, Madame, votre sourire a produit beaucoup d’émoi, je le sais bien, vous me regardez d’un œil narquois, une petite cellule a émis une senteur favorable que mon microbe à moi ressent, et lui grimace, alors que moi, à elle je lui mens ; mais quelle attitude forge donc cette vie qui nous argumente sans cesse du jour jusqu’à la nuit des façons, qu’on instrumente, ce qui nous nuit ?

…

(parole du matin - 9 nov. 2017 à 7h49)

Du point de vue d’une vague pluie, je ne sens pas bon, alors elle me lave ; et puis à quoi bon (rêve-t-on ?)…

Du point de vue d’une aube qui luit, des hommes s’enfoncent dans le ventre de la nuit pour ne jamais revenir sur leurs pas, il reste de ces errances, il en va des choses que l’on oublie…

Du point de vue du flamboiement du soleil, qui reflète une ombre sur mon passage, et puis, un atome de moi-même, s’écrie-t-il, « est-il intriqué, celui-là qui rayonne sur moi ? » ; la lumière provoque des obscurités dans ce sous-bois…