(texte électronisé - 24 nov. 2017 à 14h57)
(corrigé le 14 mars 2018 à 21h20)

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De l’intérêt du voyage
(à l’attention de ceux qui ne bougent pas)

Voyage dans mon appartement : il est des déplacements parfois nécessaires pour vous apporter un petit réconfort qui ne devrait pas devenir illusoire, mais vous donnera comme un essor un bienfait. Imaginez par exemple qu’une ventilation inadéquate s’insinue dans votre endroit et que vous risquez de vous y enrhumer à cause de cela ; au-dedans du gîte, ne serait-ce qu’un léger mouvement, il vous dévoilerait « oh ! merveille des locomotions », que cette ouverture n’était pas obturée, un ajour non fermé, d’où le courant d’air nauséabond qui vous refroidit pour de bon ! L’expédition salutaire dans votre tanière vous a permis de comprendre la nécessité d’inspecter parfois un lieu afin de régler quelques éléments dans sa constitution, pour que le confort qu’il vous procure devienne optimum, comme le verrouillage de l’invention judicieuse, un châssis très fenêtré qui brise le passage des vents, ces petits fripons. Vous voyez ? Votre voyage ne s’avéra pas inutile, hein ? Votre déplacement vous a fait rencontrer un embarras facile à résorber. Imaginer maintenant cela en plus grand ; vous transformez votre humble demeure en un territoire bien plus vaste, dans une nature abondante, toutes ces anfractuosités à dénicher, ces bouleversements de votre esprit qu’elles amèneront, tant les variations semblent infinies quand on explore des terrains, sans cesse ils se modifient, sans cesse ils vous étonneront, ce serait irréaliste de les parcourir totalement, véritablement ; votre mémoire sera donc abreuvée de ce cheminement. Vous y rencontrerez autant des gens comme vous, ayant adopté des formes d’orifices dans leur logis, structuré différemment des vôtres ; cela vous apportera probablement une idée d’amélioration à votre retour, votre voyage déjà n’aura pas été vain ! Oui ! vous partiez avec en tête des soucis d’ouvertures à combler, vous reviendrez avec une multitude de choix possibles et des notions impensables si vous n’aviez pas bougé ; le monde offre des préoccupations extrêmement diversifiées, cela apparaîtrait déraisonnable d’aller toutes les dénombrer. Auparavant, vous dormiez, le déplacement vous a éveillé, octroyé des connaissances supplémentaires pour votre entendement ; vous avez ajouté des placards pour le stockage de celles-ci dans votre mémoire étriquée naguère, maintenant vous devrez agrandir l’entrepôt, vous ne savez plus où les mettre toutes ces choses qui vous arrivent, à cause de ce déplacement ; ce sont assurément des richesses qui s’imposent à vous, marquées à jamais comme vous le devenez dorénavant. Vous voyez ! d’un simple courant gazeux indélicat, d’en rechercher sa provenance pour le briser ou l’étouffer, votre curiosité vous a fait découvrir de nouvelles géographies, c’est ça le sort de notre vie. Depuis les premières entités vivantes, nous répétons cet exercice primordial des origines. Nos apeurements demeurent des ignorances plus ou moins forcenées que de vulgaires voyages pourraient atténuer. Nous imaginons beaucoup trop, par crainte de ces transports vers l’inconnu ; à ne pas désirer comprendre ces choses, en allant les explorer, elles ajoutent, à nos peurs, des dragons, des chimères, des croyances, des fantasmes tous plus nauséabonds qu’utiles, alors qu’un léger déplacement au commencement suffirait à susciter un tout petit début d’éveil, un éclairage, suivi d’une réaction, comme ce courant d’air interrompu, comme nous vous l’avions précisé plus haut. Mais il vous a titillé, celui-ci, de son vent versatile ; il vous apporta des senteurs inconnues qui réveillèrent en vous l’idée d’aller les découvrir ces substances, ces entités qui émettaient de telles fragrances. Cette curiosité, à vouloir s’expliquer le monde sans cesse, reste aussi un des miracles de la vie…