(texte (??) version finale provisoire du 23 oct. 2017 à 16 h 22)
Oie, oie sauvage
Tu l’as fait à quel âge
Ton premier voyage ? *
peregrinari
Alors, comme la légende apparaît comme évitable, nous vous dirons que ce sont de multiples voyages nés de l’imaginaire, des sens et des sentiments, puis du reste, fait d’accomplissements, d’où peut-être, sans crier gare, il ira probablement jusqu’au bout de sa vie et de cette quête ; mais à l’heure où j’écris ceci, tout cela ne fait que commencer, que pouvons-nous prédire avant de les agencer, ces mots qui seront le fruit de son enquête ; certainement à toute envie, j’aurais mis son existence en grand danger, dans ce désordre et le monde qu’il a engrangé, laissons-le vivre ce qui va devenir l’histoire de son existence ; qu’il conserve de quoi manger !
Oui, İpanadrega s’est détaché de moi, il ne suit plus vraiment les énoncés de mes manuscrits ; je demeure à la traîne de ses ambitions et recueille toujours ce qu’il raconte malgré tout ; il semble libre de tout dire même s’il ne me parle plus ; mais qu’écrire reste un drôle de jeu, quand vous n’avez nul autre désir, cette nécessité enivrante des mots que l’on assemble.
Tu me lâches, İpanadrega, et tu t’en vas loin de moi.
Pourquoi alors cette histoire m’inonde-t-elle tant, ta présence auprès de moi devenue inutile ; pourtant, ce sont tes écueils, tes passions, que je décris encore ici, puis dans les pages suivantes après celle-ci.
*
Les débuts n’apporteront rien de plus que ce qu’ils sont, ce n’est que la fin qui restera au bout du compte, seule trace intelligible ; et puis lavons-le de toutes ces ambiguïtés tel un dieu, imitons ce créateur, donnons-lui cette emphase particulière, qu’il éprouve ce qu’on dira de lui, en fait, là où on lui fournira de la vivacité et des vitamines suffisantes à ce parcours de tous les sens ; le voyage apparaît multiple, physique avec son corps, de l’esprit avec ce qui l’anime alors, de son géniteur et des sources qui vont l’affronter au-delà peut-être de la mort, oui, on ne sait pas encore…
*
Il n’en finissait plus de partir, mais il a toujours agi ainsi quand on s’habitue à ses pas et puis voilà.
– Ils ont emporté mon enfance, et de ces plaisirs-là… ces désirs fous des yeux de ma jeunesse, je m’en suis à maintes reprises retourné, jamais plus je ne les reverrai ; malgré que je m’en sois à maintes occasions détourné, je ne retrouverai plus ni cette aube ni tous les fruits de mes errances passées maintenant ; elles ne déplaceront guère ce que je ressens, « ma naïve aventure débutante », comme vous dites.
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Quoi, on vient de m’apprendre que certains lecteurs, lassés de l’attente, ont organisé une promenade, histoire de dégourdir leurs membres avec de grandes enjambées ; puis, quand ils sont revenus furent outrés d’avoir manqué le moment du départ ?
– Ah vrai ! Vous avez loupé l’effet d’une partance adéquate, le cérémoniel en reste tout bouleversé ; même que certains se demandent si l’on ne devrait pas réécrire la prose, rendez-vous compte ?
– C’est décevant, mais quand s’en alla-t-il au fait ?
– Je crois qu’il nous a quittés en douce, pour ne pas ameuter les foules et s’agréger au parcours des idolâtres.
– Effectivement, je plussoie… les gens adorent vénérer la moindre échappée, comme l’incartade de ce freluquet, c’est navrant !
– Oui, moi qui l’ai vu en dernier, il semblait heureux et désolé à la fois, avec une immense nostalgie à porter au bout de ses bras ; je l’ai entendu parler tout haut, il disait quoi déjà…
« Il eut bien fallu cinquante ans
de mon âge de plus pour en tenir le tout
et l’admettre cet ouvrage de reclus ! »
– Personnellement, moi je m’en fous de tout ça et ce qui m’exaspère, ce sont vos haïkus poèmes douteux, ça fait rengaine du plus mauvais effet… changez de disque !
– Excusez-moi, mais c’est İpanadrega qui veut que l’on raconte ainsi ! Alors oui parfois c’est un peu niais, oui ?
– De mon temps, on n’aurait pas osé dire du mal comme ça, laissez-le vivre sa vie, allons !
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* Haïku de Issa Kobayashi (1763-1828).